Origine et histoire de la Brasserie Bofinger, Rue Jean-Beausire
La brasserie Bofinger, centenaire, se situe rue de la Bastille à Paris. Elle a été fondée en 1864 par Frédéric Bofinger, aubergiste originaire de Colmar, et fut la première brasserie parisienne à servir la bière à la pression en 1870. Bofinger débuta comme petit bistrot et acheta progressivement les boutiques voisines pour agrandir l'établissement. D'autres Alsaciens, comme Floderer, Lipp, Zeyer, Jenny et Muller, firent connaître la cuisine alsacienne à Paris après le transfert de la région sous contrôle allemand en 1870. En 1900, Frédéric Bofinger réunit les différents pas-de-porte pour constituer une brasserie et prit sa retraite en 1906. Le décor a fait l'objet de rénovations au début du XXe siècle, notamment vers 1910, et une partie du décor d'origine daterait de 1880. Après un important agrandissement en 1919 qui engloba trois boutiques voisines, l'architecte Legay et le décorateur Mitgen redécorèrent les lieux entre 1919 et 1921 dans un style Art nouveau, avec une coupole ovale ornée de motifs floraux. Le vitrail du premier étage représentant Gambrinus est signé par les maîtres-verriers G. Neret et E. Royer, et les statues de hérons en céramique sont l'œuvre du sculpteur Jérôme Massier. La brasserie fut à nouveau agrandie en 1930 et, pour l'Exposition coloniale de 1931, une salle décorée de paysages alsaciens par le peintre Jean-Jacques Waltz, dit Hansi, fut réalisée ; Hansi a également signé l'enseigne de l'établissement. On remarque aussi des urinoirs dont les montants sont ornés de têtes de dauphins. Au milieu du XXe siècle, la décoration resta pour l'essentiel inchangée pendant plusieurs décennies. Dans les années 1960, la maison était réputée pour quelques plats, en particulier sa choucroute familiale. En février 1967, les responsables de Bofinger s'associèrent à d'autres grandes brasseries — Lipp, La Coupole, la Lorraine et Le Procope — pour créer un comité des « brasseries du bon vieux temps » et préparer un documentaire sur leur rôle historique. En 1968, Éric de Rothschild et le restaurateur Isidore Urtizverea entrèrent au capital ; la brasserie fit l'objet de rafraîchissements et resta connue pour sa « choucroute Bofinger », son confit d'oie et ses harengs de la Baltique. Le succès attira une clientèle de personnalités parisiennes, observation rapportée par Le Monde en janvier 1969. Dans les années 1970 et 1980 la brasserie connut des changements de gérance et, le 23 décembre 1981, une explosion attribuée au groupe Action directe détruisit l'établissement sans faire de victimes, causant seulement des dégâts matériels ; le même jour, trois autres établissements furent visés. Mis en vente en 1982, Bofinger faillit être transformé en entrepôts par un commerçant, mais fut finalement racheté et rénové par trois restaurateurs — Georges Alexandre, Jean-Claude Vigier et Michel Vidalenc — qui sauvèrent le lieu. La devanture a été refaite en chêne en 1982, reproduisant celle de 1919. Le classement de la brasserie a ensuite été annoncé en 1984 par Jean-Claude Menou, directeur des affaires culturelles d'Île-de-France.