Briga : site archéologique gallo-romain du Bois l'Abbé à Eu en Seine-Maritime

Patrimoine classé Vestiges Gallo-romain Théâtre gallo-romain

Briga : site archéologique gallo-romain du Bois l'Abbé

  • Route de Beaumont
  • 76260 Eu
Briga : site archéologique gallo-romain du Bois lAbbé
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Briga : site archéologique gallo-romain du Bois lAbbé
Crédit photo : Kou07kou - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Frise chronologique

Âge du Fer
Antiquité
Haut Moyen Âge
Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
100 av. J.-C.
0
100
200
300
400
1900
2000
Ier siècle av. J.-C.
Début des vestiges
Ier siècle
Développement urbain
IIIe siècle
Apogée et déclin
1987
Classement historique
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Les vestiges archéologiques situés sur la totalité des parcelles C 14 (à l'exception des bâtiments de ferme) , 15, 16, 20 et 21 ; sur la partie enclose de la parcelle C 23 ; sur les parties limitées à l'ouest par la voie communale n° 9 d'Eu au lieudit Siège-Madame et à l'est par le caniveau de drainage creusé par l'office national des forêts en 1985 des parcelles C 13 et C 17 : classement par arrêté du 24 juin 1987

Personnages clés

Lucius Cerialius Rectus Personnage mentionné sur une plaque dédicatoire du théâtre.
Publius Magnus Belliger Constructeur d'une basilique dédiée à Jupiter et à Mercure de Briga.
Louis Estancelin Archéologue ayant mené des fouilles sur le site.
Abbé Cochet Archéologue ayant mené des fouilles sur le site.
Michel Mangard Archéologue ayant mené des fouilles sur le site.
Étienne Mantel Archéologue ayant mené des fouilles sur le site.

Origine et histoire du site archéologique gallo-romain

Le site archéologique du Bois-l'Abbé, en forêt d'Eu sur le plateau de Beaumont (alt. 130 m), rassemble des vestiges gallo-romains — temples et portiques, une basilique, un théâtre, des thermes et un habitat — édifiés entre le Ier siècle av. J.-C. et le IVe siècle ap. J.-C. Classé au titre des monuments historiques depuis 1987, il est fouillé de façon intermittente depuis plus de deux siècles et couvre aujourd'hui environ 60 à 65 hectares, des campagnes de fouilles estivales rassemblant chaque année des bénévoles. Le toponyme Briga, issu d'un mot celtique signifiant « colline » ou « forteresse », convient à la situation du site sur un promontoire dominant la vallée de la Bresle. Implanté sur un plateau long de plus de deux kilomètres et large d'au plus 300 mètres, le site présente une escarpe de 3 à 8 mètres, des sources en talweg et des terrasses naturelles qui ont conditionné l'organisation urbaine. Des levés topographiques récents (2011-2015) ont couvert soixante et un hectares et permis de reconstituer la trame viaire, les micro-reliefs et des anomalies correspondant à des voies, des points d'eau et des zones bâties. Les fouilles et les inscriptions retrouvées ont permis d'identifier l'agglomération à la ville de Briga et d'attester l'existence d'un pagus dit des Catuslugi ; la plaque dédicatoire du théâtre évoque Lucius Cerialius Rectus et la circonscription locale, tandis qu'une autre plaque attribue à Publius Magnus Belliger la construction d'une basilique dédiée à Jupiter et à Mercure de Briga. Le site montre une fréquentation très ancienne : du mobilier attribuable à l'âge du Bronze et à La Tène témoigne d'occupations antérieures à la période romaine. La ville se développe à l'époque romaine et se dote d'une parure monumentale abondante : sanctuaire monumental, théâtre, basilique, thermes et un espace public clos constituant un forum. Le sanctuaire, qui dérive d'un lieu de culte gaulois, a connu plusieurs phases, depuis des occupations en bois et des dépôts votifs dans des « terres noires » jusqu'à des temples maçonnés bordés de portiques et, au IIIe siècle, à l'édification d'un grand temple sur podium intégré à un quadriportique. Le culte principal honorait Mercure — le « Mercure de Briga » — mais d'autres divinités comme Mars, Minerve, Épona, Vénus ou Victoria apparaissent dans l'iconographie et le mobilier. Le fanum dit « en eau » présente un sol en mortier de tuileau parfaitement étanche et pouvait contenir de l'eau en permanence ou ponctuellement. La découverte en 2007 d'une statuette de Mercure en tôle d'argent, avec son socle portant le nom de Briga, constitue l'une des trouvailles majeures du sanctuaire ; les attributs avaient été détachés avant l'ensevelissement, sans doute pour neutraliser la statue. Le forum du IIIe siècle associe un complexe cultuel à une basilique à trois nefs d'environ 69 m par 17 m, à une grande place publique et à un bâtiment annexé qui pourrait avoir servi de salle de réunion municipale. Le théâtre, implanté en contrebas du centre monumental, atteint 90 mètres de diamètre au niveau du mur de scène et pouvait accueillir près de 4 000 spectateurs ; une longue inscription dédicatoire, aujourd'hui retrouvée en fragments, ornait le front de scène. Deux ensembles thermaux ont été reconnus : des « grands thermes » sondés en vallée et des « petits thermes » mieux explorés, qui présentent un itinéraire rétrograde et semblent avoir été détruits par un incendie au IIIe siècle. La fouille extensive d'un quartier d'habitat au nord du centre public a confirmé l'organisation en îlots délimités par des rues dès la fin du Ier siècle, avec des maisons modestes en torchis et silex, sans hypocaustes ni mosaïques, et une différenciation de tailles qui reflète une hiérarchie sociale relative. Le mobilier est abondant : un important corpus lapidaire permet de documenter colonnes et entablements (quelques centaines de blocs), les peintures murales offrent des décors polychromes datés du début du IIIe siècle, la céramique et le verre témoignent des réseaux d'approvisionnement régionaux et impériaux. Les études archéozoologiques montrent des dépôts sacrificiels de moutons et parfois de bovins, tandis que l'alimentation quotidienne privilégiait le porc, la volaille et dans une moindre mesure la chèvre, ainsi que des ressources marines comme l'huître. Les vestiges indiquent une désertification générale à la fin du IIIe siècle, constatée par l'archéologie, suivie d'une fréquentation limitée au Haut Moyen Âge liée à la récupération de matériaux et à la formation de la forêt ; la ville d'Auvae (future Eu) est fondée en fond de vallée au VIe siècle. Les campagnes de fouilles et de prospections menées du XIXe siècle à aujourd'hui — notamment les travaux de Louis Estancelin, de l'abbé Cochet, de Michel Mangard, puis d'Étienne Mantel et des équipes récentes — ont progressivement révélé l'étendue et la complexité de l'agglomération. Les découvertes récentes, dont la mise au jour en 2015 d'un panneau peint figuré et de grandes fosses contenant des centaines de récipients et des ossements de chevaux, mettent en évidence des pratiques cultuelles particulières étalées du Ier au IIIe siècle. Les recherches actuelles visent à restituer les élévations architecturales des monuments, à préciser les origines préromaines et le rôle administratif précoce de l'agglomération, et à localiser voies d'accès, nécropoles et zones d'extraction en périphérie.

Liens externes