Période
4e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
En totalité, les bâtiments de la briqueterie, soit : le pont métallique, les halles de stockage, le plan incliné, les ateliers de fabrication, les séchoirs, les fours, les voies d'expédition (cad. AP 17, cf plan annexé à l'arrêté) : inscription par arrêté du 12 septembre 2008
Origine et histoire de la Briqueterie
La Briqueterie des Touillards‑Vairet‑Baudot, ancienne usine de céramique située à Ciry‑le‑Noble (Saône‑et‑Loire), a été créée en 1863 et a cessé son activité en 1967. Fondée à l'origine par Jean‑Baptiste Baudot et Pierre Giroux, l'entreprise produisait d'abord des pots en terre cuite avant de se spécialiser dans les briques, les carreaux de pavage et des produits résistants aux acides. En 1874 Jean‑Baptiste Baudot dépose le brevet d'une brique vitrifiée pour pavage, dite « brique noire de fer », réputée pour sa résistance aux acides et à l'usure. Les premiers bâtiments, situés le long de la route du Canal au bord de la Bourbince, comprenaient quatre fours rectangulaires surmontés de séchoirs. L'usine actuelle, édifiée à partir de 1892 environ 400 mètres en amont, correspond à la création de la société Vairet‑Baudot par Baudot et son gendre Ernest Vairet. Ernest Vairet prend la direction en 1896 tandis que Jean‑Baptiste Baudot se consacre à d'autres usines, notamment à Cusset et à Paray‑le‑Monial (usine Fauchon‑Baudot). Les anciens bâtiments abritèrent par la suite les services administratifs et les logements patronaux avant d'être détachés de la production et transformés en habitations en 1919. D'autres constructions furent élevées jusqu'en 1920 et un raccordement ferroviaire vers la gare de Ciry‑le‑Noble sur la ligne Roanne‑Montchanin fut réalisé. Entre 1924 et 1925, la société fit édifier cinq logements ouvriers comportant chacun deux logements, dessinés par les architectes Marcel et Philippe Fournier de Montceau‑les‑Mines, puis s'en sépara dans les années 1940. Après le décès d'Ernest Vairet en 1927, sa veuve Antoinette assura la direction pendant dix ans, mais l'activité déclina et la production devint intermittente dans les années 1950 avant la fermeture définitive en 1967. L'usine, construite en 1892, a été essentiellement dédiée à la fabrication de briques réfractaires et de produits de dallage, hormis une brève production de tuiles après 1935. Elle disposait initialement d'un four circulaire à étage à flamme renversée ; entre 1900 et 1916 furent ajoutés douze fours en batterie, puis deux fours circulaires en 1923. Sur le plan énergétique, l'établissement était pourvu d'une turbine hydraulique et d'une petite machine à vapeur ; en 1914 une machine à vapeur Piguet de 250 CV fut installée (aujourd'hui disparue) et une nouvelle turbine hydraulique, posée en 1921, est toujours en place. Les bâtiments sont majoritairement édifiés en moellons de calcaire sans chaînages apparents et en pierre de taille, à l'exception de quelques magasins et hangars en briques ; les encadrements de baies et les chaînages d'angle sont en briques provenant de la briqueterie de Ciry‑le‑Noble. Les planchers sont constitués d'entrevous en berceau segmentaire associés à des poutrelles métalliques et reposent parfois sur des colonnes de fonte. Après la fermeture, le site fut racheté en 1995 par l'Écomusée du Creusot‑Montceau, qui a engagé des chantiers d'insertion en collaboration avec l'AFPA et l'ANPE pour sauvegarder les bâtiments et les archives. Une partie des archives a été donnée en 2002 aux Archives nationales du monde du travail par Pierre Coftier, tandis que l'essentiel du fonds, couvrant les années 1870 à 1978, a été remis à l'écomusée par la famille Piot et traité à partir de 2012 en partenariat avec la Maison des Sciences de l'Homme de Dijon ; une partie est numérisée en vue d'une mise en ligne. Le site a été inscrit au titre des monuments historiques le 12 septembre 2008. Confronté à des problèmes d'instabilité du sol en 2021 et 2022, il a été partiellement fermé puis rouvert au public après sécurisation et renfort des équipes pour l'été 2022. La briqueterie conserve plusieurs fours, dont un grand four rond à étage, deux cheminées en briques sur les trois originelles et diverses dépendances telles que garages et locaux ouvriers. Elle abrite aussi un ensemble de machines et d'équipements de production inventoriés — wagonnets à benne, machines de broyage ou de moulage, une turbine hydraulique, une ligne de fabrication et un tracteur rail‑route — ainsi que des tuiles et du matériel témoignant des activités passées. Le site accueille une programmation culturelle comprenant concerts et expositions, et propose des visites commentées permettant de découvrir les cinq phases de la fabrication de la brique et les conditions de vie des travailleurs. Le lieu est partiellement ouvert au public en période estivale et lors des Journées européennes du patrimoine, avec des animations ponctuelles.