Origine et histoire de la Buvette de la Renaissance
La Maison dite Buvette de la Renaissance, située 21 rue Beauvoir dans le Bourg-Neuf de Blois, est une maison urbaine à ossature bois et hourdis. Édifiée à la fin du XVe siècle, elle associe un vocabulaire encore gothique (engoulants, pinacles parfois à crochets, mouluration prismatique) à des motifs de première Renaissance. La façade se distingue par un maillage serré de losanges en pans de bois et par une travée à croix de Saint-André lisible jusque dans le surcroît. Au premier étage, une croisée et une seconde ouverture sont encadrées de colonnettes en bois sculpté ornées de fleurons. Deux bandeaux moulurés, comportant des têtes d'animaux aux extrémités, encadrent l'étage, tandis que des sablières portent des larmiers engoulés, motif fréquent à Blois. Des pinacles à fûts torsadés ou en écailles rythment poteaux et piédroits. Le gros œuvre associe une charpente de chêne à des maçonneries en calcaire, pierre de taille et moellon, et la couverture est en ardoise sur un toit à longs pans avec pignon. Avant la restauration de la fin du XXe siècle, le hourdis de la façade était en brique, disposition courante à Blois au XVIe siècle. Le plan comprend un sous-sol voûté en berceau, un étage carré et un étage de comble, desservis par un escalier en vis sans jour en charpente implanté dans l'œuvre. La façade et la toiture ont été inscrites au titre des monuments historiques le 23 novembre 1946. Typologiquement, l’édifice relève du type blésois rive-sur-rue : façade prise entre deux murs pignons mitoyens, sans encorbellement, sur une parcelle mitoyenne et étroite caractéristique du quartier. La densité du décor et la qualité de la résille losangée traduisent l’aisance du commanditaire et l’influence des chantiers princiers, en particulier par des correspondances avec le décor damassé de l’aile Louis XII du château de Blois. Lors de l’enquête d’inventaire de 1986, l’état de la maison avait été qualifié de mauvais. Des exemples comparables existent dans le voisinage immédiat : 5 rue Beauvoir présente des losanges centrés et des croix latérales en miroir, 18 rue Beauvoir montre un vocabulaire italianisant au premier étage avec pilastres corinthisants, et 32 rue de la Chaîne offre une façade à losanges assortie d’une corniche de motifs Renaissance. La Buvette de la Renaissance constitue ainsi l’un des témoins les plus lisibles de la transition du gothique tardif à la première Renaissance dans l’habitat blésois.
