Origine et histoire du Café le Sébastopol
L'ancien café Le Sébastopol, situé place Papon-Lagrave à Granges-sur-Lot (Lot-et-Garonne), est une maison construite en 1856 pour Étienne Pasquier. L'édifice, élevé en bordure de la place principale, présente une façade à trois travées sur trois niveaux ; le rez-de-chaussée est percé de trois portes en arc en plein cintre à clé en agrafe, les fenêtres du premier étage sont rectangulaires et surmontées d'un larmier avec des balustres logées dans des niches carrées, et le dernier niveau est éclairé par des baies au simple encadrement en pierre. Sous la corniche, au-dessus de la fenêtre centrale du dernier étage, une pierre porte l'inscription maçonnnique encadrée d'un compas et d'une équerre : « A L(a) G(loire) D(u) G(rand) A(rchitecte) D(e) L('univers) RESERBAT ». Le rez-de-chaussée accueillait encore récemment une salle de bal ; la salle du café se situe au premier étage. Les murs de cette salle sont entièrement ornés de peintures murales réalisées à la détrempe au-dessus d'un lambris d'appui, décor essentiellement inspiré par la guerre de Crimée et des thèmes orientalistes, qui avaient été recouverts de papiers peints avant d'être mis au jour récemment par la propriétaire. Le décor du mur sud comprend sept tableaux juxtaposés, interrompus par un coffrage abritant l'accès à l'escalier : on y reconnaît un officier coiffé d'une chéchia devant des arbres, un bateau à deux mâts dans une baie, un personnage des XVIIe siècle en large feutre et cape rouge, des guirlandes mêlées à un oiseau et une tête ailée, le buste d'un général de division, un paysage évoquant le Bosphore avec des Orientaux au rivage, et une scène de combat où un zouave s'empare d'un drapeau russe surmonté d'un aigle bicéphale. Sur le mur ouest, le décor occupe les pans muraux et les trumeaux : à l'extrémité sud une scène de chasse, puis un panneau montrant deux tentures vertes ouvrant sur un cadre mouluré dont le décor central a disparu et dont le tiers inférieur abrite une glace ; plus haut une peinture représente deux Européens devant une ville orientale aux minarets, un autre panneau illustre un combat naval entre bâtiments russes et français, et le dernier panneau offre à nouveau une scène de chasse. Le mur nord est composé de cinq tableaux séparés par des bandes ornementales : un personnage féminin en robe et surcot tenant une cravache, un officier écossais en veste longue et pantalon rayé, un groupe d'officiers supérieurs sur un rivage avec un bateau à aubes anglais, deux cavaliers en justaucorps et, enfin, un cuirassier en veste bleue à retroussis rouge partiellement masqué par un cumulus ; un bandeau continu décoré de rinceaux et de petites silhouettes court sous ces tableaux et des médaillons figurent des bâtiments et des paysages fluviaux. Côté est, une cloison qui ménageait une arrière-salle éclairée par une fenêtre donnant sur un puits de jour a été détruite avec les peintures qu'elle portait ; il subsiste deux pans de mur : l'un représente une scène de chasse, l'autre un jardin oriental, et la paroi du puits de jour conserve des traces d'un combat entre infanterie russe et soldats français. L'origine exacte du peintre reste incertaine ; ces œuvres pourraient être de la main d'un même artiste intervenu au Café-restaurant de la Paix à Bruch, nommé Messine, qui, selon la tradition, aurait été logé et nourri gratuitement. La maison abritant la salle peinte a été inscrite au titre des monuments historiques le 22 juillet 1998.