Calvaire du Mont Arès à Nestier dans les Hautes-Pyrénées

Patrimoine classé Patrimoine religieux Calvaire

Calvaire du Mont Arès à Nestier

  • Mont Ares
  • 65150 Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Calvaire du Mont Arès à Nestier
Crédit photo : Manu4u2 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

3e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Calvaire comprenant : douze oratoires échelonnés sur la hauteur du mont ; une maison communautaire à mi-pente ; une chapelle au-dessus des oratoires ; une croix sur piédestal, au sommet du mont (cad. A 244) : inscription par arrêté du 17 mars 1989

Origine et histoire du Calvaire du Mont Arès

Le Calvaire du Mont-Arès, à Nestier dans les Hautes-Pyrénées, est un ensemble dévotionnel édifié dans la seconde moitié du XIXe siècle, comprenant une série de douze oratoires, une chapelle sommitale, une maison communautaire dite « Monastère » et une grande croix. La réalisation de cet ensemble a été lancée à partir de 1854 par l’abbé L. A. Haurou-Bejottes, qui obtint l’autorisation du conseil municipal et mobilisa la population pour la construction. Le chemin d’oratoires s’aligne sur le versant sud-est du Mont-Arès, à proximité de treize chênes aujourd’hui remarquables ; chaque oratoire, bâti en pierre sèche, forme une large niche aux murs épais, coiffée d’un toit d’ardoises posé sur une charpente en bois et surmontée d’une croix de pierre, avec une marche devant la niche pour la prière. Quatre des premiers édicules abritaient des scènes de la Passion en personnages grandeur nature — Agonie, Tribunal de Pilate, Flagellation, Couronnement d’épines — moulés par des spécialistes italiens, modelés en argile, cuits dans la tuilerie de Saint-Laurent-de-Neste, puis plâtrés et peints. Sept autres chapelles contenaient des tableaux du chemin de croix, aujourd’hui conservés dans l’église du village, à raison de deux tableaux par chapelle, et une grotte au bas de la montée abrite une Nativité. Les personnages et tableaux furent protégés par des grilles en fer forgé composées de barreaux verticaux et par un grillage fixé sur un cadre en bois.

La chapelle haute, construite après une nouvelle autorisation de 1863 sur l’emplacement d’une ancienne montjoie consacrée à Sainte Barbe, présente un fronton figurant la Crucifixion et un campanile abritant une cloche fondue à Nestier. Des offices s’y tenaient encore jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale lors des grandes fêtes chrétiennes et des célébrations de la Saint-Jean, au cours desquelles le feu traditionnel était allumé devant l’édifice jusque dans les années de l’entre-deux-guerres. En 1880, des Bénédictins Olivétains venus de Saint-Bertrand-de-Comminges entreprirent la construction du Monastère et le mirent hors d’eau, mais les travaux restèrent inachevés après leur expulsion en 1883 à la suite des lois sur les congrégations. L’essentiel de l’ensemble, à l’exception du Monastère, fut élevé grâce au travail bénévole des habitants : les hommes transportaient les matériaux à la main et les femmes montaient chaque matin l’eau de la Neste dans des « dournos » posés sur la tête pour préparer le mortier.

Après la Première Guerre mondiale, le site connut des dégradations et un envahissement végétal. Le 18 juillet 1943 une croix de douze mètres fut installée derrière la chapelle haute en ruines lors d’une cérémonie religieuse, puis le clergé décida de restaurer le calvaire pour en faire le lieu de dévotion de la basse vallée de la Neste ; la croix fut ensuite éclairée par un projecteur alimenté depuis le Cap de la Bielle, dispositif abandonné en 1966 pour des raisons techniques et financières. La seconde moitié du XXe siècle marque la période de reconstruction des oratoires, de la chapelle haute et d’un certain nombre d’aménagements, dont la création d’un théâtre de verdure de 400 places à proximité du Monastère, conférant au site une double fonction cultuelle et culturelle. En 1966, une procession solennelle du mercredi saint remonta depuis l’église jusqu’au Calvaire, éclairée à la lueur des cierges, et des petites croix bénites furent placées dans les chapelles ; la cérémonie se terminait au pied de la grande croix.

À partir de 1984, des villageois et des bénévoles entreprirent le nettoyage et la restauration du site ; les chapelles et le Monastère furent dégagés des ronces et des arbres envahissants. Le 17 mars 1989, le Calvaire fut inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, puis l’ensemble fut inauguré en juillet 1989 par les autorités locales. En janvier 1990, la commune reçut à Paris un prix « Chefs-d’œuvre en péril » en reconnaissance des efforts de sauvegarde ; la restauration du site s’acheva véritablement en 2000 avec l’inauguration de la chapelle haute. En juillet 2002, douze peintures intitulées « Les Mystères Lumineux du Calvaire du Mont-Arès », réalisées en deux ans par Marie-Claude Giles, furent installées pour des expositions temporaires illustrant les principales fêtes chrétiennes ; ces œuvres faisaient référence à l’initiative apostolique de Jean-Paul II de la même année et rendaient hommage à un projet esquissé par son père dans les années 1930. Chaque chapelle accueille par ailleurs depuis 2007 un panneau explicatif présentant l’histoire villageoise et celle du Calvaire, ainsi que les opérations de restauration menées à la fin du XXe siècle.

La chapelle haute a été restituée à l’identique avec son fronton à personnages en terre cuite, ses encadrements ogivaux en pierre, son porche dallé et son campanile ; la porte et la cloche d’origine, mises en sécurité dans l’église pendant la période d’abandon, ont été réinstallées, et le tympan est orné d’une céramique représentant la Crucifixion selon saint Jean réalisée en 1996 par C. Soucaret et son épouse. Le Monastère, entièrement rénové, a ouvert le 1er juillet 1992 comme gîte rural et centre d’accueil et d’animation destiné à soutenir le tourisme et les activités culturelles ; il a également servi de structure logistique aux spectacles programmés par la scène nationale « Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées » et fonctionne administrativement comme une concession du domaine public, source de recettes pour la commune. Le théâtre de verdure, créé en 1989 et aménagé grâce au concours bénévole du 1er régiment de hussards parachutistes de Tarbes, a accueilli un festival estival lancé par l’association Renaissance du Mont-Arès et des programmations de qualité jusqu’aux années 2000 ; à partir de 2002, des spectacles son et lumière locaux et des représentations théâtrales portées par les villageois ont animé le site jusqu’en 2011, et l’association Renaissance du Mont-Arès continue d’organiser soirées, spectacles et concerts.

Liens externes