Camp de Lizo à Carnac dans le Morbihan

Camp de Lizo

  • 56340 Carnac
Camp de Lizo
Camp de Lizo
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Propriété privée

Période

Antiquité

Patrimoine classé

Camp de Lizo (cad. G 224 à 229, 231, 234, 242, 244 à 249) : classement par arrêté du 25 juin 1929

Origine et histoire

Le camp du Lizo est un site préhistorique situé à Carnac (Morbihan) qui associe talus de défense, vestiges d'habitats, fours, fonds de cabanes, tertres funéraires et une tombe à couloir. Il n'a jamais été complètement fouillé, si bien que son organisation générale reste encore mal connue. Le site est connu depuis le milieu du XIXe siècle et a fait l'objet de multiples explorations. En 1866 A. et G. Thomas de Closmadeuc explorèrent le dolmen central, Paul Banéat en réalisa un croquis en 1908, et Zacharie Le Rouzic fouilla la tombe à couloir et les talus entre 1922 et 1926, puis poursuivit des campagnes de fouille et de restauration après le classement au titre des monuments historiques par arrêté du 25 juin 1929. Une opération de sauvetage eut lieu en 1982 après un défrichement, et des relevés ont été réalisés par l'université de Nantes en 2019-2020, 2022 et 2024.

Le site occupe un promontoire granitique naturel à 30 mètres d'altitude, qui domine du côté oriental la vallée de la rivière de Crac'h. Il s'étend sur environ 3 hectares (200 m sur 150 m) et, sans retranchements artificiels continus, le promontoire reste accessible sur trois côtés. Les fortifications, masquées par une végétation dense, ont été représentées différemment selon les auteurs : Le Rouzic a dessiné une enceinte quadrangulaire aux angles arrondis, tandis que les relevés récents (GPS, tachéomètre, Lidar) indiquent une enceinte curviligne en forme de « C », ouverte à l'est. Les éléments visibles consistent en un talus principal bâti sur les côtés nord, ouest et sud, doublé à l'extérieur par un second talus moins élevé sur les façades nord et ouest, les deux talus étant séparés par un fossé creusé dans l'arène granitique. L'enceinte interne mesure environ 180 m sur 100 m, mais les limites sud-est du camp restent imprécises et l'emplacement éventuel d'une entrée n'est pas connu.

Le dolmen à couloir s'ouvre au sud-est par un couloir fortement coudé et est inclus dans un tumulus ovalaire de 20 m sur 16 m et 1,40 m de hauteur, formé d'un cairn recouvert de terre. La chambre du dolmen, délimitée par huit orthostates et divers fragments de dalles, mesure 4,50 m sur 2,10 m et précède un couloir long de 3,50 m et large en moyenne de 1,60 m. Le sol interne présentait deux couches de dallage séparées par une couche de terre brûlée mêlée de charbons, la première couche reposant sur une terre jaune affectée par un feu violent. À proximité, Le Rouzic signala un fragment de dalle gravée (petits écussons, crosse) et plusieurs cupules. À la base du tumulus, à environ 7 m de l'entrée, il découvrit une ciste funéraire formée d'huit pierres dressées, délimitant une chambre d'environ 1 m sur 0,50 m et 0,40 m de profondeur, dont une dalle nord porte trois cupules.

Le Rouzic mit également au jour plusieurs tertres et fonds de cabanes : trois petits tertres au nord-nord-est du dolmen, dont l'un recouvrait un coffre carré et portait une pierre à cupules, d'autres tertres recouvrant des foyers et des fonds de cabane délimités par des blocs, ainsi qu'une série de fonds de cabanes, des foyers et des fours semi-circulaires dans la partie nord. Au centre du camp, il identifia les vestiges de trois structures irrégulières interprétées comme des habitations.

Les fouilles ont livré un mobilier très abondant : une grande quantité de céramiques, souvent grossières mais parfois fines et ornementées, ainsi qu'un outillage lithique diversifié comprenant pointes de flèches à pédoncule et ailerons, lames (dont une de type Grand-Pressigny), grattoirs, nucléi, éclats, percuteurs et outils en quartz et quartzite, meules, broyeurs et polissoirs, fragments de haches polies en diorite et fibrolithe, perles et prismes en cristal, charbons, os incinérés et restes alimentaires tels que dents de poisson. Quelques objets métalliques (un fragment de poignard en cuivre, une pièce de bronze) et des éléments antiques (fragment de statue, briques et poteries romaines) ont aussi été recueillis. Hormis quelques pièces provenant du Grand-Pressigny, les outils en silex proviennent de rognons locaux de la côte.

La céramique, majoritairement faite à la main avec comme dégraissants du quartz, du feldspath ou du mica, présente une cuisson inégale, des fonds plats, des bords droits et des décors rudimentaires ; de nombreuses anses ont été cuites séparément puis incorporées au vase. Les vestiges matériels recueillis par A. et G. Thomas de Closmadeuc sont conservés au musée de Vannes, tandis que les collections issues des fouilles de Le Rouzic sont déposées au musée de Préhistoire de Carnac.

Le site a livré la plus grande quantité connue de céramiques de type Kerugou et un nombre important de vases à bord perforé, probablement des jarres de stockage. La répartition homogène de la céramique et de l'outillage, leur présence dans la couche archéologique et sur le sol naturel, ainsi que l'abondance de meules et la découverte de fours plaident en faveur d'une activité soutenue de fabrication de poteries et d'usages domestiques prolongés. L'ensemble du mobilier et des structures indique une occupation attribuée au Néolithique récent.

Liens externes