Camp du Moulin du Lot à Sainte-Livrade-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne

Camp du Moulin du Lot

  • 47110 Sainte-Livrade-sur-Lot
Propriété de la commune

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

Le quartier nord-ouest du camp, composé de quatre barres, de la pagode et son monument cultuel, ainsi que la madone dans son cadre végétal, en totalité (cad. AS 141) : inscription par arrêté du 29 juin 2012

Origine et histoire

Le camp du Moulin du Lot, aménagé pour loger les ouvriers destinés à la construction d'une poudrerie entre Casseneuil et Sainte-Livrade, faisait partie des six camps prévus pour ce chantier. Construit par des réfugiés espagnols, il comprenait initialement 36 bâtiments organisés autour d'une place centrale ; les travaux du chantier ont débuté en octobre 1939 mais ont été interrompus par l'effondrement de l'armée française et l'invasion de 1940. Après l'arrêt des travaux, les ouvriers espagnols ont quitté le site et les baraquements ont successivement servi à d'autres usages : en septembre 1941 le camp a accueilli les chantiers de jeunesse (environ 1 500 jeunes), puis une compagnie d'instruction de fusiliers de l'Air, des régiments coloniaux, des soldats ukrainiens faits prisonniers et enfin, après la guerre d'Indochine, des rapatriés. Le camp a été désaffecté en 1947 et le projet de poudrerie abandonné en 1948.

À la suite de la défaite de Dien Bien Phu et des accords de Genève, le rapatriement des Français d'Indochine a conduit, à partir de 1956, à la création de centres d'accueil provisoires ; Sainte-Livrade a été l'un des principaux sites. Au printemps 1956, 1 160 rapatriés, parmi lesquels de nombreuses veuves et 740 enfants, ont embarqué à Marseille pour Agen puis ont été transportés en autocar au Centre d'accueil des Français d'Indochine (C.A.F.I.) du Moulin du Lot. Après la fermeture du centre de Noyant-d'Allier en 1966, le CAFI de Sainte-Livrade est devenu le dernier site accueillant des rapatriés d'Indochine. La Cimade a été présente dans le camp avant d'être expulsée à la fin des années 1970.

En 1978, quatre baraquements d'origine espagnole ont été détruits ; l'État a transféré la propriété du CAFI à la commune de Sainte-Livrade-sur-Lot en 1982. La commune s'est engagée en 2008 à rénover le site et a choisi de préserver la pagode ainsi que quatre bâtiments formant un « quartier » militaire pour en faire un lieu de mémoire. Le quartier nord-ouest, comprenant quatre barres de bâtiments, la pagode avec son monument cultuel et une madone entourée d'espace végétal, a été inscrit aux monuments historiques le 29 juin 2012.

Le camp, clos, comportait des baraquements d'habitation, une église, un dispensaire, deux écoles distinctes pour filles et garçons et une grande salle destinée aux festivités administratives comme Noël ou le Nouvel An vietnamien. L'administration du camp centralisait les formalités et les démarches (demandes de bourses, etc.). La vie quotidienne comprenait la scolarisation et le catéchisme pour de nombreux enfants, tandis que certains familles continuaient de pratiquer des cultes traditionnels. Les habitants trouvaient le plus souvent du travail dans les champs de haricots, parfois sans être déclarés.

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