Origine et histoire du Camp préhistorique
Le camp préhistorique de Chassey, situé sur la commune de Chassey-le-Camp (Saône‑et‑Loire), occupe l'emplacement d'un village fortifié du IVe millénaire av. J.-C. et a donné son nom à la civilisation néolithique dite du Chasséen ; il fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 14 juin 1932. Implanté sur un plateau incliné vers l'est d'environ 9 hectares, long de quelque 750 mètres et large au maximum de 230 mètres, le site a la forme d'un éperon barré où des remparts de terre et de pierres sèches complètent les barres rocheuses naturelles. Le GR7 traverse le camp, qui est aussi parcouru par un sentier équipé de panneaux d'interprétation.
La découverte du site est attribuée à Édouard Flouet en 1865 ; entre 1866 et 1880 E. Loydreau y collecte plusieurs milliers d'objets en silex. Des campagnes de fouilles ont eu lieu de 1925 à 1927 puis en 1953, et à partir de 1969 des études utilisant des techniques de stratigraphie modernes ont été menées, notamment par Jean‑Paul Thévenot. Les vestiges les plus anciens relevés correspondent au Chasséen, mais l'occupation se poursuit de façon ponctuelle durant le Néolithique moyen bourguignon, le Néolithique final, l'âge du Bronze final et le premier âge du Fer, période où le site aurait joué un rôle politique important. À l'époque du premier âge du Fer, l'extrémité nord du plateau est renforcée par une construction dite « le château » et l'extrémité sud par une construction dite « la redoute ».
Au Néolithique moyen, un habitat dense sur la frange orientale du plateau a livré de nombreux foyers, des rognons de chaille, des déchets de taille et une riche production céramique ornée de décors géométriques gravés, parmi lesquels figurent les vases‑supports caractéristiques du Chasséen ; des analyses récentes des poteries ont livré des indices de pratiques apicoles. Le site enregistre encore des occupations au cours de la période mérovingienne et du Moyen Âge avant d'être progressivement abandonné, tandis qu'il est cultivé au XIXe siècle par les habitants de la commune.
La collection d'objets en silex réunie lors des fouilles de Loydreau est conservée au musée Rolin d'Autun ; d'autres séries d'objets sont exposées au musée Denon de Chalon‑sur‑Saône et au musée Régnier de Mont‑Saint‑Vincent. Le Centre d'interprétation archéologique de Chassey‑le‑Camp (CIACC), inauguré le 16 juin 2018, présente de nombreux objets et artefacts authentiques provenant des musées Denon et Rolin ; trois vitrines mettent en valeur le Néolithique moyen et final — l'une consacrée au Chasséen et les deux autres aux âges du Bronze et du Fer, à l'époque gallo‑romaine et à la période mérovingienne — et plusieurs panneaux expliquent le site, ses origines, les fouilles et les différentes phases d'occupation. Au projet ont notamment participé Yves Pautrat, du Service régional d'archéologie de la DRAC de Dijon, et Jean‑Paul Thévenot.