Origine et histoire du Canal
Le canal de Givors reliait Givors à Rive-de-Gier puis à la Grand-Croix et a été ouvert le 6 décembre 1780 après sa construction au XVIIIe siècle. Conçu pour offrir une alternative au transport terrestre, il fut parfois surnommé « canal des deux mers » en raison de son ambition de relier la Loire au Rhône. Il recevait des bateaux d’un gabarit de 22,5 m de long sur 4,65 m de large, avec un tirant d’eau de 1,80 m et une hauteur libre de 2,80 m. Sur la section de Givors à Rive-de-Gier, longue de 15,5 km, le canal franchissait un dénivelé de 85 mètres au moyen de 29 écluses simples ou doubles ; le parcours comprenait en outre cinq ponts-aqueducs, dix-neuf chemins et un tunnel fluvial, le « Rocher percé », long de 171 mètres. La prolongation jusqu’à la Grand-Croix ajoutait 5 km et treize écluses.
Un premier projet porté par Alléon de Varcourt resta sans suite, puis le Lyonnais François Zacharie prit l’initiative des travaux et engagea des études dès 1745, dépensant 150 000 livres. Il bénéficia de l’appui de Guillaume Coustou, de Jacques-Germain Soufflot et du beau-père de Gabriel de Sartine. Les travaux débutèrent à Givors en 1763 après l’acquisition des terrains, mais la fortune personnelle de Zacharie fut entièrement absorbée et il décéda en 1768, laissant à son fils Guillaume l’achèvement du chantier sous la charge des créanciers. En 1771, l’architecte et hydraulicien Guillaume Marie Delorme fut engagé pour rectifier et poursuivre le creusement. Une compagnie, la « Compagnie des Intéressés du canal de Givors », se constitua en 1774 avec un capital réparti en 72 actions de 15 000 livres, et en 1776 une berge se rompit lors d’une inauguration officielle. En août 1779, la société se trouva en difficulté ; Jacques Necker intervint alors en doublant les tarifs et en accordant une concession de 99 ans.
Sous la direction de l’inspecteur des Ponts et Chaussées Demarie, le canal atteignit Rive-de-Gier en 1780. Il servit notamment aux verreries, comme celle de Michel Robichon, pour l’acheminement du charbon. En 1788, la Compagnie fit édifier le barrage en terre de Couzon pour compenser l’insuffisance d’eau du Gier en période sèche. Le trafic fut longtemps important : la société distribua plus de onze millions de francs de dividendes, les actions atteignirent une valeur unitaire élevée, on dénombrait environ 3 000 bateaux par an et plus de 140 000 tonnes de marchandises transitèrent. La construction du siège de la Compagnie débuta en 1792 et, achevé en 1796, ce bâtiment devint l’hôtel de ville de Rive-de-Gier avec trente-six fenêtres sur sa façade principale.
La concurrence des autres modes de transport et le coût du transport fluvial, jugé élevé pour la houille, entraînèrent un recul progressif du canal, accentué par l’essor du chemin de fer à partir des années 1830. Le canal fut prolongé jusqu’à La Grand-Croix, centre minier depuis 1828 en raison de l’épaisseur d’une couche de charbon, et les travaux d’extension, comprenant un bassin embarcadère de 100 m sur 40 m, furent achevés en 1839. En faillite, la Compagnie vendit le canal à l’État en 1886, qui ne parvint pas à relancer l’activité. Le canal fut comblé dans les années 1960 et en grande partie détruit ; le bassin de Givors fut comblé en 1965 pour la construction de l’autoroute A47, ouverte en 1970, qui recouvre aujourd’hui une grande partie de l’ancien tracé. Quelques vestiges subsistent, souvent concentrés dans des méandres prononcés, et des vues anciennes montrent le bassin de Givors, les écluses, l’entrée du tunnel de la Roche percée et l’emprise du canal traversant Givors et Rive-de-Gier.
