Origine et histoire
Le canal de Lalinde est un canal latéral à la Dordogne, long de 15 km et situé en amont de Bergerac. Sa création a été décidée en 1837 ; les plans ont été confiés à l'ingénieur Pierre Vauthier, les travaux adjugés à des entrepreneurs de Bordeaux, exécutés de 1838 à 1843 et l'ouverture a eu lieu en 1844. Il visait à contourner les rapides et les passages rocheux qui rendaient la navigation difficile entre le cingle de Trémolat et Bergerac, notamment aux endroits connus sous les noms du Grand Thoret, de la Gratusse et du Gratussou. Le canal part de Mauzac pour se terminer à Tuilières (commune de Mouleydier) et traverse les villages de Mauzac, Sauveboeuf, Lalinde, Port-de-Couze, Saint-Capraise-de-Lalinde et Tuilières. Il comporte neuf écluses, dont trois écluses simples à Mauzac, Lalinde et la Borie-Basse, et s’achève par un spectaculaire groupe de deux écluses triples à Tuilières. L’alimentation en eau s’effectue par le barrage de Mauzac via un aqueduc d’alimentation. L’ouvrage est doté de cinq maisons d’éclusiers, de sept ponts, de pigeonniers et de divers bassins (stationnement, radoub, croisement). Plusieurs ouvrages remarquables jalonnent le tracé et certains sont inscrits au titre des monuments historiques : le site de Mauzac avec son écluse, l’aqueduc d’alimentation et la maison éclusière ; l’aqueduc et le pont-déversoir de la Tuilerie de Villeneuve ; les bassins et l’écluse de Lalinde ; le bassin de Port-de-Couze ; l’écluse de la Borie-Basse ; le petit pont-canal et les bassins de Saint-Capraise-de-Lalinde ; enfin le site de Tuilières avec son escalier d’écluses, ses ponts et ses maisons éclusières. Le gabarit admis est de 29 mètres sur 6. Malgré la concurrence du chemin de fer à partir de 1879, le canal a été utilisé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Un décret du 28 décembre 1926 a retiré la Dordogne de la liste des voies navigables en amont de Saint-Pierre-d’Eyraud, provoquant le désengagement de l’État pour l’entretien des ouvrages. Des industriels riverains ont créé la Société anonyme du canal de Lalinde pour assurer l’approvisionnement en eau et l’exploitation. Le 11 juillet 1964, un accident lors du passage du Tour de France à Port-de-Couze a causé la mort de huit spectateurs et blessé treize personnes ; des années plus tard le canal a été busé à cet endroit, empêchant le passage des gabares. Un décret de 1992 a concédé l’ensemble de l’ouvrage, qui dépend du ministère des Transports, au Syndicat intercommunal du canal de Lalinde. En août 2014, après des travaux financés par les cinq communes riveraines — construction de trois passerelles et de deux pontons — la portion de quatre kilomètres entre Port-de-Couze et Saint-Capraise-de-Lalinde a été de nouveau reconnue navigable par décret ministériel. L’exploitation touristique de ce tronçon, susceptible d’être déléguée à un opérateur privé, était envisagée pour l’été 2015. Début 2016, des travaux ont été entrepris pour refaire l’étanchéité du pont-canal de Saint-Capraise-de-Lalinde et remplacer la double porte n°5 de l’escalier d’écluses de Tuilières. La tradition locale rapporte la légende du coulobre de Lalinde, un monstre qui, selon le récit, vivait dans une caverne et attaquait les habitants et les bateliers avant d’être tué par saint Front. Le canal présente aujourd’hui un intérêt touristique important dans la région. Le roi Louis-Philippe se serait plaint du coût de l’ouvrage en s’exclamant : « Mais le canal de Lalinde, on le pave donc avec des pièces de cent sous ! »