Origine et histoire
Le canal de Lalinde est un canal latéral à la Dordogne, long de 15 km et situé en amont de Bergerac. La navigation sur la Dordogne entre le cingle de Trémolat et Bergerac était rendue difficile par de redoutables rapides, des passages rocheux et l'installation de pêcheries, moulins et autres ouvrages riverains qui entravaient le cours d'eau. Une légende locale évoque le coulobre de Lalinde, un monstre supposé vivre dans une caverne de la rive gauche et rendre la rivière dangereuse jusqu'à sa mort par saint Front. En 1837, le creusement d'un canal de dérivation est décidé ; les plans sont confiés à l'ingénieur Pierre Vauthier (1784-1847) et les travaux adjugés à des entrepreneurs de Bordeaux. Le chantier se déroule de 1838 à 1843 et le canal est ouvert en 1844, année du passage des premières gabares et de l'organisation d'une vie batelière. Le roi Louis‑Philippe Iᵉʳ se plaindra toutefois du coût de l'ouvrage en lançant la célèbre remarque : « Mais le canal de Lalinde, on le pave donc avec des pièces de cent sous ! ».
Le tracé va du village de Mauzac, en aval du cingle de Trémolat, jusqu'à Tuilières sur la commune de Mouleydier. Il comprend neuf écluses, dont trois écluses simples à Mauzac, Lalinde et la Borie-Basse, et se termine par un groupe de deux écluses triples à Tuilières ; le groupe d'écluses de Tuilières constitue un ouvrage particulièrement remarquable. Le canal est équipé de cinq maisons d'éclusiers, de sept ponts, de pigeonniers et de plusieurs bassins, dont ceux de Lalinde, de Port‑de‑Couze, de stationnement et de radoub à Saint‑Capraise‑de‑Lalinde. Il traverse les villages de Mauzac, Sauveboeuf, Lalinde, Port‑de‑Couze, Saint‑Capraise‑de‑Lalinde et Tuilières et comporte des ouvrages notables tels que l'aqueduc d'alimentation lié au barrage de Mauzac, le pont‑déversoir de la Tuilerie de Villeneuve, le petit pont‑canal de Saint‑Capraise et l'ensemble des installations du site de Tuilières (barrage, bassin de croisement, ponts et maisons éclusières). L'alimentation en eau s'effectue par le barrage de Mauzac via un aqueduc d'alimentation et le gabarit admis est de 29 m sur 6.
Malgré la concurrence du chemin de fer à partir de 1879, le canal a été utilisé jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Un décret du 28 décembre 1926 supprime la Dordogne de la liste des voies navigables en amont de Saint‑Pierre‑d'Eyraud, entraînant le désengagement des Ponts et Chaussées et de l'État pour l'entretien des ouvrages. La « Société anonyme du canal de Lalinde » est ensuite constituée par des entreprises riveraines, notamment des industriels du papier et des minotiers, pour garantir leur approvisionnement en eau. Le 11 juillet 1964, un accident à Port‑de‑Couze, lorsqu'un camion‑citerne percuta la foule, fit huit morts et treize blessés ; plusieurs années plus tard, le canal a été busé à cet endroit, empêchant désormais le passage des gabares. Un décret de 1992 a concédé l'ensemble de l'ouvrage au Syndicat intercommunal du canal de Lalinde, dépendant du ministère des Transports. Après des travaux financés par les communes riveraines pour construire trois passerelles et deux pontons, la portion de quatre kilomètres entre Port‑de‑Couze et Saint‑Capraise‑de‑Lalinde a été reconnue de nouveau navigable par décret ministériel en août 2014. Ce tronçon présente un intérêt touristique et l'exploitation de promenades déléguée à un opérateur privé était envisagée pour l'été 2015. Début 2016, des travaux ont été entrepris pour refaire l'étanchéité du pont‑canal de Saint‑Capraise‑de‑Lalinde et remplacer la porte double n°5 de l'escalier d'écluses de Tuilières.