Origine et histoire du Canal
Le canal des moines d'Obazine, long de 1 700 mètres, se situe sur la commune d'Aubazines en Corrèze. Il a été créé au XIIe siècle par les moines cisterciens de l'abbaye d'Obazine, sous l'abbatiat d'Étienne d'Obazine, pour alimenter le monastère en eau destinée à l'hygiène, aux moulins, aux ateliers et à l'irrigation des potagers et prairies. Il capte les eaux du Coiroux en amont d'Aubazines ; le lit rocheux a été taillé sur plus d'un kilomètre et demi avant le village. À flanc de montagne, le canal suit les courbes du relief selon une pente très faible, parfois évaluée à 0,5 %. Le tracé est tantôt directement taillé dans le rocher, tantôt construit à l'aide de blocs de granit appareillés, et comporte des parties en encorbellement pour contourner des obstacles. Des murs de soutènement épais et étanches assurent la tenue de l'ouvrage là où la configuration du terrain l'exige. À plusieurs endroits, les moines ont pratiqué des entailles dans le granit — brèche Saint-Étienne, baignoires, bretèches — et l'une de ces brèches a donné naissance à la légende du miracle de saint Étienne, qui aurait bénit et tranché le rocher. Un sentier longe la rive gauche et permet d'accéder au canal sur l'ensemble de son parcours. Sur le trajet se trouve un bassin rectangulaire appelé « bassin des moines », recouvert de cinq blocs de granit. Aux abords du bourg, la pente s'accentue : l'eau prend de la vitesse pour tomber sous l'ancien bâtiment du moulin abbatial, bâti sur une voûte surbaissée, puis, environ trente mètres plus loin, se déverse dans le vaste bassin rectangulaire de l'ancien vivier, aménagé sous les fenêtres du réfectoire. Malgré la vente du monastère à la Révolution, le canal a continué d'alimenter de nombreuses parcelles de la commune. Il est protégé au titre des monuments historiques depuis 1965 et fait l'objet d'un classement inscrit en 1965 puis en 1966. La tempête de 1999, la canicule de 2003, le passage des visiteurs et un manque d'entretien ont fragilisé l'ouvrage, ce qui a conduit à une opération de restauration menée de 2006 à 2010. Le canal est remarquable par la précision de son ingénierie : la constance de la faible pente et l'ampleur des travaux de creusement et de soutènement témoignent du savoir-faire des moines dans la vallée du Coiroux.