Origine et histoire du Barrage-écluse
Le canal du Midi, réalisé sous Louis XIV d'après les plans de l'ingénieur Pierre-Paul Riquet communiqués à Colbert en 1662, a été entrepris en 1667 pour la section entre Toulouse et Naurouse ; une première partie fut achevée en 1672, le canal ouvert en 1681 et définitivement achevé à la fin de 1682. Le Libron, rivière côtière près d'Agde, se situe au niveau de la mer tandis que le canal est légèrement surélevé, rendant l'emploi d'un aqueduc traditionnel impossible. Le Libron est sujet à des crues soudaines, évaluées à une vingtaine par an, qui charrièrent jadis limon et débris dans le canal. Pour y remédier, on utilisa d'abord le Radeau du Libron, une barge spéciale munie de cloisons en bois placée dans le canal lors des crues ; ce dispositif formait une sorte de barrage et obligeait à interrompre la navigation jusqu'à la décrue. Les ouvrages actuels, mis en place au milieu du XIXe siècle et dessinés par l'ingénieur Urbain Maguès, remplacèrent ce système et permirent la coexistence des deux cours d'eau. Un barrage-écluse réalisé par Urbain Maguès est également signalé, notamment au barrage-écluse de Vias (Hérault). Le site est protégé et figure sur la liste du patrimoine mondial ; il est par ailleurs inscrit au titre des monuments historiques en 1996. En dehors des crues, le Libron circule dans un caniveau sous l'intersection et les niveaux des deux cours d'eau sont généralement proches, la faible différence rendant inefficace l'usage d'ouvrages standards. À l'approche du canal, le lit du Libron a été modifié pour se scinder en deux bras qui traversent le canal au moyen des ouvrages du Libron : de chaque côté se trouvent six portes donnant sur une zone protégée longue de 30,5 m. En cas de crue, chaque bras traverse le canal par ces portes et six corps d'écluse, chaque écluse étant composée de trois portions de mur ; la rivière y est canalisée successivement par des murs en pierre de l'ouvrage, par les murs du canal, puis par les murs de sortie. La conception permet d'arrêter temporairement un bateau dans la zone protégée afin qu'un autre puisse traverser la première voie, puis de laisser repartir le courant derrière le bateau arrêté pour que celui-ci franchisse ensuite la seconde voie sans être exposé aux débris. Des illustrations présentent l'approche est, l'entrée de la première série de portes, les mécanismes de manœuvre des batardeaux et des chenaux de déversement, ainsi que des vues depuis le barrage-écluse et côté sortie ouest après le passage de l'ouvrage.