Période
XIIe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, 4e quart XIXe siècle, 1er quart XXe siècle, 2e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Capitole : Tour du donjon ; façades intérieures de la cour Henri IV ; façade principale donnant sur la place du Capitole : classement par liste de 1840 et par arrêté du 11 février 1911 - Salles suivantes avec leur décor : salle des Illustres, salle des Pas Perdus dénommée Henri-Martin, salle du Conseil Municipal, salle des Mariages et grand escalier d'honneur (cad. 819AB 1) : classement par arrêté du 17 février 1995 ; Les façades et toitures de l'ensemble du Capitole (hôtel de ville et théâtre) - à l'exception de la surélévation réalisée en 2006 au-dessus de la scène du théâtre et de la centrale de climatisation, l'enfilade des pièces situées au rez-de-chaussée de l'aile ouest (antichambre, salon rouge, trois bureaux du cabinet du maire, couloir), tel que délimité en rouge sur les plans annexés à l'arrêté, situées au n°1 de la place du Capitole, parcelle 1, section 819 AB 01 : inscription par arrêté du 11 octobre 2021
Origine et histoire du Capitole de Toulouse
Le Capitole, qui abrite aujourd’hui l’hôtel de ville et le théâtre, est l’emblème de Toulouse et le siège du pouvoir municipal depuis plus de huit siècles. L’ancienne maison de ville remonte au XIIe siècle ; la « maison commune » est mentionnée dès 1216 et des documents antérieurs (cartulaire de 1205) attestent d’assemblées et d’achats immobiliers dès 1152 et 1190, avec d’autres acquisitions en 1194 et 1202. Implantée près de la tour Charlemagne, à la limite de la ville ancienne et du faubourg de Saint‑Sernin, elle s’est progressivement étendue de part et d’autre de l’ancien rempart romain, formant un enclos quasi définitif au tournant des XIIIe–XIVe siècles. À partir du début du XVIe siècle la maison commune fait l’objet de nombreux chantiers et élévations disparates, menés par des artistes et maîtres artisans toulousains. Au cours du XVIe siècle furent élevés plusieurs tours et constructions (tour des archives, tour de la vis, tour de la poudre, poids de l’huile, prisons, logis de l’Agasse devenu logis de l’Écu, chambre de l’Artillerie, chapelle) avec l’intervention de maîtres tels que Pierre de Naves, Gabriel Bourgoing, Jean Barbier, Sébastien Bouguereau, Jean Alary, et des sculpteurs comme Nicolas Bachelier et Jean Rancy. En 1542 les Capitouls renforcent et fortifient la maison commune avec une nouvelle façade et des tourelles d’angle, ouvrage attribué à Jean Alary. Au début du XVIIe siècle une campagne d’embellissement conduit à la création de la cour Henri‑IV et de ses galeries par Pierre Souffron, à l’ouverture de portails monumentaux et à l’agrandissement de l’arsenal sous les architectures de Pierre Levesville puis Pierre Monge. Dès le XVIIIe siècle les Capitouls confient à Guillaume Cammas le projet d’une façade unificatrice ouvrant sur une nouvelle place : les travaux, commencés en 1750, durent une dizaine d’années et mobilisent des artistes comme Bernard Ortet pour les ferronneries et Marc Arcis pour la sculpture. Des éléments de ces périodes subsistent aujourd’hui : la façade de Cammas sur la place, les galeries de la cour Henri‑IV et la tour des Archives ; d’autres éléments ont été déplacés hors site, comme la porte de l’Arsenal de Pierre Monge et la porte du Grand Consistoire de Guiraud Mellot, remontée au musée du Louvre. Le donjon ou tour des Archives, construit au XVIe siècle par Pierre de Naves et Laurent Clary pour abriter archives et poudre, a été restauré à la fin du XIXe siècle ; il conserve des traces de son usage et de sa transformation au fil des siècles. Les aménagements intérieurs majeurs relèvent essentiellement de la fin du XIXe et du début du XXe siècle : la façade orientale est due à Henri Lefuel, la salle des Illustres est réalisée entre 1892 et 1898 sous la direction de Paul Pujol avec une pléiade d’artistes peintres et sculpteurs, la salle des Pas‑Perdus est décorée par Henri Martin au début du XXe siècle, le grand escalier est reconstruit en 1912 et décoré par Jean‑Paul Laurens avec ses fils Jean‑Pierre et Paul‑Albert, la salle des mariages est ornée par Paul Gervais vers 1914 et la salle du conseil municipal, achevée en 1935, reçoit des décors de A. P. Lupiac, Henri Bonis, Édouard Debat‑Ponsan, Constantin Font, Edmond Yarz, André Roucolle, J. Courapied et William Didier‑Pouget. Au XIXe siècle l’édifice est presque totalement recomposé, le théâtre est reconstruit et la façade sur jardin modifiée ; la tour des Archives, la façade principale sur la place et les façades intérieures de la cour Henri‑IV bénéficient d’une protection au titre des Monuments historiques dès 1840. Les décors intérieurs majeurs (salle des Illustres, salle des Pas‑Perdus dite Henri‑Martin, salle du Conseil municipal, salle des Mariages et grand escalier d’honneur) ont fait l’objet d’une protection complémentaire en 1995, et les façades et toitures de l’ensemble Capitole ainsi que l’enfilade de pièces du rez‑de‑chaussée de l’aile ouest sont inscrites par arrêté en 2021. Le Capitole reste aujourd’hui un ensemble architectural composite, résultat de successives transformations, qui témoigne de l’histoire politique et artistique de Toulouse.