Origine et histoire
Le Carmel de Saint-Denis se compose de bâtiments conventuels des XVIIe et XVIIIe siècles et d'une chapelle dont la construction, répartie entre la première moitié du XVIIe siècle et le quatrième quart du XVIIIe siècle, est attribuée à l'architecte Richard Mique. Le musée d'Art et d'Histoire Paul-Éluard, musée municipal fondé en 1901, s'est installé en 1981 dans cet ancien carmel, classé monument historique en 1978, et a reçu le prix européen des musées du Conseil de l'Europe le 7 avril 1983. Fondé par le cardinal Pierre de Bérulle, le carmel est la trente-septième fondation de l'ordre en France ; en septembre 1625, sept religieuses venues du couvent d'Amiens y établirent la communauté, dans le cadre de la congrégation instaurée en 1603 par le pape Clément VIII à la demande de Mademoiselle de Longueville. Louise de France, fille de Louis XV, prit l'habit en 1770, prononça ses vœux le 12 septembre 1771 et fut prieure à deux reprises, de 1773 à 1779 puis de 1785 jusqu'à sa mort en 1787 ; elle engagea la restauration des bâtiments et la construction de la chapelle néo-classique réalisée par Richard Mique. La chapelle, classée au titre des monuments historiques, a servi de tribunal public entre circa 1895 et 1983, ce qui explique l'inscription "Justice de paix" sur son fronton. Les Sœurs de la Sainte-Famille du Sacré-Cœur occupèrent les lieux jusqu'en 1959, puis la municipalité acheta le site à l'évêché en 1972 pour le préserver de la démolition et y installer le musée ; la rue des Carmélites, qui longe le côté sud du bâtiment, rappelle cette origine. Parmi les pièces remarquables du musée figurent un chapiteau daté vers 1125, une salle consacrée aux poteries médiévales, l'apothicairerie de l'ancien Hôtel-Dieu et la maison liée à une rencontre entre Louis XV et Louise de France, photographiée par Eugène Atget en 1901. Les collections archéologiques proviennent en partie des fouilles menées depuis 1973 à proximité de la basilique, notamment des vestiges de la nécropole mérovingienne ; la collection de céramiques médiévales y est reconnue au plan européen, et le fonds comprend aussi un jeu de table, un bonnet en byssus et des fibules en orfèvrerie cloisonnée. Le musée conserve des pièces liées à l'Hôtel-Dieu, dont la splendide apothicairerie, ainsi qu'un piano Pleyel ; dans les anciennes cellules des nonnes, de nombreux objets et tableaux évoquent la vie du carmel, avec des œuvres de Laurent Guillot. Les collections graphiques comptent plus de 3 000 lithographies d'Honoré Daumier et quelque 800 bois gravés. Les fonds contemporains abritent une des principales collections documentaires sur la Commune de Paris — photographies, estampes et objets tels que la bourse brodée de Louise Michel — ainsi que le fonds Paul-Éluard, comprenant le manuscrit du poème Liberté, un vase de Pablo Picasso et un poème illustré par Joan Miró, et le fonds Francis Jourdain, riche en dessins d'architecture intérieure, céramiques et mobilier. Quatre salles d'exposition sont consacrées à la guerre franco-allemande de 1870 et à la Commune de Paris. Le musée organise régulièrement des expositions temporaires ; parmi les dernières figurent « La Mécanique de l'exploit » (juin‑novembre 2024), liée aux Jeux olympiques, et « Pablo Picasso, Paul Éluard, une amitié sublime » (avril‑juillet 2023). Jean Rollin fut conservateur en chef du musée de sa création en 1981 à 1988 ; Sylvie Gonzalez en assura la direction de 1988 à 2019, suivie d'Anne Yanover de 2019 à 2023, puis de Valérie Perlès depuis septembre 2023. L'accès se fait notamment par la ligne 13 du métro (station Saint-Denis - Porte de Paris) et par la ligne 8 du tramway (stations Pierre de Geyter ou Saint-Denis - Porte de Paris). Une monographie intitulée La Chapelle du couvent des Carmélites, publiée par les éditions du musée en 2006, documente plus spécifiquement la chapelle.