Origine et histoire
Pierre de Masso de la Ferrière, commandant pour Sa Majesté dans les provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais, et Pierre Poulletier, intendant de la ville et de la généralité de Lyon, commanditent la caserne de Vaux après la décision du Conseil d’État du 27 septembre 1729 ordonnant la construction de deux casernes, l’une à Roanne et l’autre à Montbrison ; à cette date le duc de Villeroy est lieutenant-général de la province. Le devis et les plans de l’ancienne caserne de cavalerie de Montbrison sont dressés le 12 novembre 1729 par André-Nicolas Deville, ingénieur du Roi et directeur des ponts et chaussées de la généralité de Lyon, et l’adjudication est attribuée le 25 novembre 1729 à l’entrepreneur Jean‑François Grangé. La caserne, située hors des fortifications près de la porte de Moingt, est édifiée sur l’emplacement de cinq maisons en pisé bordant le Grand Chemin, de jardins, prés et terres ensemencées en froment, d’une partie du Parc du Roy et de l’auberge du Chapeau rouge avec ses dépendances. Après expropriations et versement d’indemnités selon l’estimation effectuée, les travaux commencent en 1731 sur un sol préalablement nivelé. Le 15 décembre 1733 Deville dresse le devis du portail ; l’adjudication pour sa réalisation est attribuée le 13 février 1734 à l’entrepreneur et tailleur de pierres Joseph‑Ferdinand Chazaux, la sculpture et les ornements étant traités séparément. À la suite du décès de Jean‑François Grangé le 10 juillet 1738, l’adjudication est subrogée à Pierre Grangé et Jean‑Ferdinand Chazaux. La caserne et ses dépendances sont achevées en août 1742. Nicolas‑François Deville, chargé de terminer l’œuvre de son père décédé en 1741, établit le devis du mobilier et des ustensiles nécessaires ; le négociant Pierre Imbert obtient le marché pour meubler l’édifice, qui doit contenir 260 lits de soldats ainsi que tables, bancs, chaises, chandeliers, marmites, gamelles et autres équipements. En 1744, les archives signalent que la Ville est imposée pour des fournitures destinées au second bataillon du régiment du Poitou. En 1791, des bâtiments inoccupés depuis de longues années sont mis à la disposition de Joseph Merley, fabricant de rubans à Saint‑Étienne, pour y installer des métiers à rubans, entreprise rapidement transférée dans l’enclos des capucins. En 1802, le conseil municipal demande au ministère de la Guerre que la caserne soit de nouveau utilisée, tout en précisant, en raison du mauvais entretien, qu’il ne souhaite alors qu’une garnison de 500 à 600 hommes. À sa création, l’édifice est entouré d’un fossé d’écoulement des eaux autrefois employé pour la mise en eau des fossés sud de la ville. En août 1809, pour éviter la propagation d’épidémies, la municipalité ordonne la construction d’un canal de salubrité de la caserne ; sous la direction du sieur Desbrun, 1 600 prisonniers espagnols logeant dans l’édifice réalisent ce béal. L’édifice paraît encore insalubre en 1831 : une délibération du conseil précise que les habitants doivent loger les militaires ou leur payer l’auberge et qu’ils peuvent prêter des lits garnis à la caserne lorsque les soldats y dorment, à l’exception des officiers. En 1843, le conseil vote l’autorisation de contracter un emprunt pour construire une aile supplémentaire destinée à accueillir un second bataillon, projet qui n’aboutit pas ; l’idée ressurgit périodiquement mais est définitivement rejetée par le ministère de la Guerre en 1904. À partir de 1887, le dépôt et le 3e bataillon du 16e régiment d’infanterie sont en garnison dans la caserne ; au cours de la Première Guerre mondiale, ce régiment est profondément mutilé à Verdun puis dissous en 1923. L’édifice sert ensuite au corps de gendarmerie. L’État cède la caserne à la commune le 26 septembre 1979 en échange de terrains situés plus loin du centre‑ville, où est implantée une nouvelle caserne de gendarmerie. La caserne de Vaux est détruite en août 1980 ; seuls sont conservés et restaurés en 1984 les deux corps de garde, le portail — inscrit au titre des Monuments historiques — et une échauguette. Aujourd’hui, un parking occupe l’emplacement de la caserne et des écuries ; il est bordé au nord par un ensemble d’immeubles.