Origine et histoire du Casino de Granville
Le casino de Granville, seul établissement de ce type dans le département de la Manche, se situe sur la commune éponyme en Normandie. Créé en 1909 par Frank Jay Gould et le promoteur Georges Bonheur au sein de la Société hôtelière de Normandie pour remplacer le salon des bains de mer et la « cabane » qui l'avait précédé, il a été édifié en 1910 par l'architecte parisien Auguste Bluysen et ouvert le 15 juillet 1911. Conçu dans un compromis entre l'académisme des Beaux-Arts et le pittoresque des petites villes normandes, l'édifice présente une façade stuquée et s'appuie sur un promontoire rocheux, ce qui lui permet de s'avancer vers la mer et d'offrir une vaste terrasse. Sa silhouette, formée de deux pavillons surmontés de tourelles à belvédère reliées par une pergola, évoque un palais indien. L'intérieur mêle un décor régionaliste et des réminiscences Art Nouveau ; ce décor a été modernisé entre 1925 et 1930 par l'introduction d'éléments Art déco. En 1925 Auguste Bluysen réaménagea l'établissement : la pergola de bois fut remplacée par une pergola en béton, les façades furent resserrées et les moulures retravaillées, tandis que le restaurant et la salle de réception reçurent un aménagement Art déco ; l'hôtel connexe fit l'objet d'une rénovation en 1928. Le programme initial comprenait différentes salles de café et de danse, des espaces de baccara et de jeu de boule, des galeries donnant sur la mer, ainsi qu'un restaurant et un théâtre. La construction du casino a favorisé le développement du quartier balnéaire de Granville, où de nombreuses villas ont été édifiées sur les falaises. En 1957 la scène de la salle de spectacle fut agrandie pour accueillir concerts et projections cinématographiques ; elle fut fermée en 1975. La municipalité racheta ensuite l'équipement en 1991, le fit rénover et la salle rouvrit la même année pour abriter le Théâtre de l'Archipel. L'édifice abrite aujourd'hui, outre la salle de jeux, un restaurant nommé Terra Nova, un bar appelé Purple Lounge et une salle de réception. Les façades et les toitures, y compris les deux campaniles et la pergola, ainsi que l'ancien hall d'entrée — aujourd'hui salle de jeux — avec l'ensemble de son décor, sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 18 mai 1992.