Origine et histoire
Les plans du casino sont dus à l'ingénieur Paul Régnault (orthographié parfois Régnauld dans les sources) ; la construction fut assurée par le Bordelais Salesses, et son fils se chargea de la décoration intérieure. Inauguré en août 1863, l'édifice fut emblématique du projet immobilier des frères Pereire, lancé en 1862, et devint un haut lieu de la bourgeoisie au début du XXe siècle. Situé au sommet des dunes de la Ville d'Hiver, au sud d'Arcachon et à l'écart du centre-ville, il offrait une vue sur la Ville d'Été et le bassin d'Arcachon. Son architecture, manifestement influencée par l'art arabe, a été comparée à l'Alhambra de Grenade et à la mosquée de Cordoue. Le rez-de-chaussée abritait des salles de café et des cercles de jeux accessibles par un péristyle ; on y accédait par un escalier central, ultérieurement remplacé par des escaliers latéraux. Le premier étage accueillait une somptueuse salle de spectacle, un salon de musique, des salles de lecture et une bibliothèque. L'éclairage reposait sur quatre-vingts lustres de cristal alimentés au gaz de ville, et le toit était couronné de deux larges coupoles en forme de bulbe portées par une structure métallique. Les jardins et le parc, réalisés par les paysagistes Frusique et Claverie, comprenaient un kiosque à musique et le théâtre de verdure San Carlino, où se donnaient des spectacles pour enfants et diverses animations, notamment des représentations de la troupe d'échassiers landais de Sylvain Dornon. Un funiculaire, construit en 1913 à l'extrémité du parc pour relier la Ville d'Hiver à la Ville d'Été, fut remplacé en 1948 par un ascenseur qui subsiste et abrite aujourd'hui une maquette du casino sous plexiglas. Autour de cet ascenseur sont installées les sculptures Faune poursuivant des nymphes et Femme jouant avec un dauphin de Claude Bouscau ; le parc conserve aussi d'autres œuvres de cet artiste, telles que Héraclès, Baigneuse et Maria. N'ayant pas rencontré la rentabilité escomptée, le casino fut vendu par la Compagnie des chemins de fer du Midi à la municipalité d'Arcachon en 1879. La concurrence du Casino de la plage, ouvert en 1903, entraîna plusieurs faillites. L'édifice fut réquisitionné comme hôpital militaire temporaire pendant la Première Guerre mondiale et fut également réquisitionné durant la Seconde Guerre mondiale. En 1976 la municipalité ne trouva pas de repreneur pour la Société du Mauresque, qui avait échoué à relancer l'établissement. Le casino disparut dans un incendie le 18 janvier 1977 ; une enquête conclut qu'un court-circuit en aurait été l'origine, bien que les archives à ce sujet soient introuvables. L'historien Michel Boyé note que la municipalité de l'époque envisageait de construire un palais des congrès et un hôtel à cet emplacement, avait refusé de classer le bâtiment au titre des monuments historiques avant le sinistre, et que son successeur accepta l'indemnité de deux millions de francs puis fit rapidement raser les ruines. Le terrain fut remplacé par une pelouse ; le parc fut transformé en arboretum en 1992 et une pinasse marque désormais l'emplacement de l'ancien bâtiment. Une maquette du casino a également été installée pour permettre aux habitants et aux touristes de se représenter l'édifice disparu. Le modèle du casino servit d'inspiration pour la villa Mazagan à Labouheyre, dessinée par l'anthropologue Claude Cornut.