Origine et histoire de la Cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges
La cathédrale Notre‑Dame de Saint‑Bertrand‑de‑Comminges, située en Haute‑Garonne, a été élevée vers 1100 par Bertrand de l'Isle et s'inscrivait alors dans un ensemble comprenant un cloître et un enclos fortifié. La cité antique de Lugdunum Convenarum, devenue Convenae au Moyen Âge, est connue pour être évêché depuis le Ve siècle. La Vita de Bertrand, rédigée par le moine Vital au XIIe siècle, est le seul texte contemporain mentionnant le chantier ; elle décrit la reconstruction de la cathédrale et l'établissement d'une clôture canoniale lors de la réforme du chapitre. Des vestiges de l'édifice roman de Bertrand sont intégrés à l'édifice actuel : la tour‑clocher et le portail à sa base, l'avant‑nef voûtée et la partie inférieure des murs gouttereaux des trois à quatre premières travées de la nef. L'église romane était à trois nefs, le vaisseau central étant plus large et plus haut, les collatéraux étant voûtés en demi‑berceau ; le choeur primitif, mal connu, pouvait comporter trois absides alignées et il n'y avait pas de transept. Un cloître est édifié au cours de la seconde moitié du XIIe siècle le long du mur gouttereau sud, agrandi au XIIIe siècle ; il subsiste notamment la galerie ouest. La canonisation de Bertrand, validée entre 1218 et 1222, donne à la cité son nom de Saint‑Bertrand‑de‑Comminges et augmente l'afflux de pèlerins. Au début du XIVe siècle, sous l'impulsion de Bertrand de Got — devenu pape sous le nom de Clément V — la cathédrale est partiellement reconstruite et agrandie dans le style gothique pour mieux accueillir les fidèles. Le chanoine Adhémar de Saint‑Pastou dirige et finance le chantier de 1304 à 1325, comme l'atteste sa pierre tumulaire enchâssée dans le mur nord de la chapelle axiale. La reconstruction se poursuit jusqu'aux environs de 1352 grâce à l'action successive des évêques Boson de Salignac, Scott de Linières et Hugues de Castillon. Les travaux commencent par les parties basses du choeur et ses chapelles rayonnantes autour des anciennes absides, puis entraînent la destruction de la salle capitulaire, de la sacristie et de l'ancien choeur roman. La nef romane à trois vaisseaux est remplacée par une seule nef gothique beaucoup plus haute, voûtée d'ogives et appuyée à l'ouest contre le clocher ; la reconstruction progresse régulièrement d'est en ouest et le décor des clés de voûte documente ce rythme de chantier. Les clefs de voûte de l'abside et de la travée de choeur portent les armes de Scott de Linières (accompagnées de celles de Bertrand de Got) et d'Adhémar de Saint‑Pastou ; celles de la nef portent notamment les armes d'Hugues de Castillon, d'attributions ligées à saint Bertrand et, plus tard, les armes de Jean de Mauléon. Hugues de Castillon fait bâtir une chapelle funéraire dans le mur nord de la quatrième travée, qui renferme son tombeau et une pierre tumulaire, et son successeur Bernard de Cosnac achève probablement l'ensemble en ajoutant une chapelle haute sur la galerie nord du cloître. À partir du XVIe siècle l'aménagement intérieur est entièrement refait par Jean de Mauléon : les boiseries de la Renaissance, dont le jubé, les stalles et le buffet de l'orgue, datent de cette période, avec inauguration du jubé et des stalles vers 1535 et achèvement de l'orgue vers 1550. Depuis la fin du Moyen Âge l'architecture n'a subi aucune transformation majeure, mais la cathédrale a fait l'objet de nombreuses restaurations aux XIXe et XXe siècles, portant sur toitures, contreforts et parements ; le clocher fut entièrement reparementé entre 1883 et 1887 après un effondrement de parement en 1878. Des campagnes de restauration dirigées par Sylvain Stym‑Popper (1953‑1957) puis Bernard Voinchet (1973‑1991) ont consolidé maçonneries et toitures, dégagé des ouvertures romanes et nettoyé et rejointoyé les parements intérieurs et extérieurs ; ces interventions ont toutefois entraîné la disparition de la seule empreinte conservée de la voûte du vaisseau central roman, visible jusque‑là sur le mur est du clocher. Classée parmi les monuments historiques dès 1840 et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle, la cathédrale fut le siège du diocèse de Comminges jusqu'à la bulle Qui Christi Domini de 1801 et est depuis lors l'église paroissiale Sainte‑Marie.
