Origine et histoire de la Cathédrale de Saint-Lizier
Située à Saint-Lizier, en Ariège, l’ancienne cathédrale Saint-Lizier forme avec Notre-Dame de la Sède un ensemble exceptionnel de l’architecture romano-gothique de la ville ; les deux édifices ont partagé le titre de cathédrale jusqu’au XVIIe siècle. L’église doit son nom à Lizier de Couserans, évêque présent au concile d’Agde au VIe siècle, et relève d’un ensemble dont la construction s’étend du XIe au XVe siècle ; la cathédrale et son cloître sont inscrits au titre des monuments historiques et figurent depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La partie la plus ancienne est le mur nord de la nef, dont les fenêtres romanes sont visibles depuis la galerie sud du cloître ; au XIe siècle l’église est agrandie vers l’est par un transept et un chevet à trois absides, travaux achevés lors de la consécration en 1117 par Raimond de Durban sous l’épiscopat de Jourdain I er. Dans le dernier quart du XIIIe siècle et au tout début du XIVe siècle, l’évêque Auger de Montfaucon fait voûter le chœur et l’abside, élargir le transept et élever le clocher octogonal de style toulousain ; aux XIVe et XVe siècles la nef reçoit des voûtes sur croisées d’ogives. Jusqu’en 1655 la collégiale conserve le statut de cathédrale ; en 1655 l’évêque Bernard de Marmiesse réunit les deux chapitres et l’église Saint-Lizier cesse d’être la cathédrale principale, Notre-Dame-de-la-Sède conservant alors le titre ; Saint-Lizier reste toutefois le siège de l’évêché du Couserans jusqu’au Concordat de 1801.
L’édifice présente un plan en croix latine à nef unique de trois travées, un large transept et un chœur dont l’abside est semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale à l’extérieur ; la nef est sensiblement désaxée en lien avec l’origine des absidioles. Les deux petites absides latérales, profondes et munies de murs très épais, montrent une origine antérieure au XIe siècle et comportent des réemplois de pierres de grand appareil et de marbres antiques issus des murs gallo-romains de la cité. L’abside centrale est voûtée en cul-de-four et couverte de fresques romanes, dont un Christ en majesté daté du XIIIe siècle ; l’ensemble des peintures a été remis en lumière au XXe siècle et des décors du XIe-XIIe siècle sont attribués à l’atelier du Maître de Pedret, présence que certains échanges entre les deux versants pyrénéens ont pu favoriser.
La nef, commencée au XIIe siècle, est construite en moellons jusqu’aux deux tiers puis surélevée en plusieurs phases aux XIIIe et XVe siècles ; la partie haute est percée de baies gothiques et la voûte d’ogives, les contreforts et les percements supérieurs datant en grande partie de la fin du XVe siècle, tandis que le transept a conservé des voûtes en berceau romanes. La croisée du transept porte la tour-clocher octogonale, à deux étages de brique percés de fenêtres géminées terminées par des arcs en mitre ; sa silhouette, dépourvue de flèche, est simplement couronnée d’une crénelure. Un porche nord s’ouvre sur la place par une baie gothique sans tympan, bordée de voussures en brique et reposant sur colonnes de marbre des Pyrénées aux chapiteaux du XIVe siècle, et le portail gothique du XVe siècle présente des voussures en brique sur colonnes de marbre blanc ; les vantaux du portail sont classés au titre des objets des monuments historiques.
Le cloître roman, remarquable et lui aussi classé, conserve des irrégularités liées à l’élargissement du transept et a vu l’aménagement de galeries au XVIe siècle. À l’intérieur, l’ancienne cathédrale conserve une chapelle Saint-Lizier dont l’autel et le retable en marbre abritent une statue en bois doré du saint, le chœur présente notamment une dalle funéraire et les peintures murales déjà évoquées. L’orgue, construit au XVIIe siècle pour Notre-Dame de la Sède et transféré après la Révolution, est classé comme objet ; il a été relevé en 1928, restauré dans sa disposition d’origine dans les années 1980 avec un concert d’inauguration en 1983, et ses soufflets ont été restaurés en 2003 ; l’instrument compte dix jeux sur deux claviers manuels et un pédalier à la française, à traction mécanique. De nombreux éléments de mobilier et œuvres décoratives de la cathédrale et du cloître sont référencés dans la base Palissy.
