Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre‑Dame d'Amiens occupe le site où se sont succédé plusieurs sanctuaires depuis l'Antiquité ; la présence d'une communauté chrétienne y est attestée dès la première moitié du IVe siècle et une mention documentée évoque, en 850, une cathédrale double dédiée à la Vierge et à saint Firmin. Après des reconstructions successives au fil des incendies et des périodes de transformations (notamment après 1019, au début du XIIe siècle et après les destructions de 1137), une cathédrale romane fut élevée et consacrée en 1152. L'arrivée en 1206 de la relique du chef de saint Jean‑Baptiste fit de l'église un lieu de pèlerinage majeur et contribua à l'accroissement des ressources du chapitre. Pour accueillir cet afflux et répondre à l'essor urbain, le projet d'une nouvelle cathédrale gothique fut engagé au début du XIIIe siècle : les travaux, entrepris sous l'épiscopat d'Évrard de Fouilloy, débutent en 1220 sous la direction de Robert de Luzarches, puis de Thomas de Cormont et de son fils Renaud. Mené avec une rare rapidité pour une œuvre de cette ampleur, le chantier permit d'achever la nef en 1236 et d'aboutir, après des phases successives et quelques interruptions liées aux incendies et aux besoins de financement, à l'achèvement du gros œuvre vers 1269. Le voûtement de la nef et du chœur fut réalisé à la fin du XIIIe siècle et le labyrinthe installé en 1288 ; les chapelles latérales de la nef se développèrent entre la fin du XIIIe et la fin du XIVe siècle, tandis que le couronnement des tours et les parties flamboyantes furent finalisés autour du XVe et du début du XVIe siècle. La flèche de la croisée, élevée au XVIe siècle en charpente recouverte de plomb, remplace une flèche antérieure détruite par la foudre en 1528.
Au fil des siècles, l'édifice a subi des consolidations et des aménagements : consolidations structurelles aux XVe–XVIe siècles, renouvellement et enrichissement du mobilier aux XVIe–XVIIIe siècles, et réaménagements baroques du chœur au XVIIIe siècle. La Révolution provoqua des dégradations et la dispersion du trésor ; la pratique religieuse y fut interrompue puis rétablie, tandis que des restaurations sont menées dès le XIXe siècle par plusieurs architectes des Monuments historiques, parmi lesquels François‑Auguste Cheussey, Eugène Viollet‑le‑Duc et Georges Lisch, qui redonnèrent à la cathédrale une cohérence et des restitutions parfois discutées.
Durant le premier conflit mondial, des protections furent mises en place pour préserver les sculptures et les vitraux, mais l'édifice subit néanmoins des dommages, notamment sur les parties hautes et l'orgue ; il fut, en revanche, relativement épargné pendant la Seconde Guerre mondiale. Des campagnes de restauration importantes se sont poursuivies à la fin du XXe siècle et au XXIe siècle : une restauration majeure a été conduite dans les années 1970, la remise en plomb de la flèche et d'autres travaux d'envergure ont été réalisés, et les campagnes de conservation et de nettoyage se succèdent, avec un entretien régulier des façades et du décor. La cathédrale a été classée monument historique et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, et elle figure également parmi les monuments associés aux chemins de Compostelle.
Chef‑d'œuvre d'un gothique ambitieux, l'édifice a conservé une remarquable unité architecturale et un ensemble exceptionnel de sculptures, mobiliers et reliques, parmi lesquelles le chef de saint Jean‑Baptiste qui a largement contribué à sa renommée et à son rayonnement au Moyen Âge. Aujourd'hui, la cathédrale reste à la fois un lieu de culte, un centre patrimonial et un monument vivant dont la conservation fait l'objet d'opérations régulières.