Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre‑Dame d’Évreux, siège du diocèse de l’Eure, est un édifice majeur de la ville, classé monument historique depuis 1862. Des vestiges et découvertes archéologiques attestent d’une occupation religieuse ancienne sur le site, notamment des éléments gallo‑romains et une pierre sculptée du VIIe siècle pouvant être une fenestella confessionnis. Une première cathédrale romane, achevée et consacrée à la Vierge vers la fin du XIe siècle, fut détruite lors d’un incendie en 1119 puis reconstruite au siècle suivant ; des fouilles ont révélé des restes d’abside et d’autres aménagements de cette phase. L’édifice a de nouveau souffert d’incendies aux XIIe et XIVe siècles, puis a été reconstruit progressivement à partir du début du XIIIe siècle, donnant à la cathédrale sa physionomie gothique actuelle, mêlant gothique rayonnant, gothique flamboyant et éléments de la Seconde Renaissance française. Les grandes arcades romanes de la nef ont été conservées et intégrées au nouvel ensemble ; le triforium et les fenêtres hautes ont été remaniés dans le style rayonnant, tandis que le chevet a été conçu avec déambulatoire et chapelles rayonnantes. La façade du transept nord, réalisée au XVIe siècle, illustre le gothique flamboyant, et la façade occidentale sous la grande rosace comporte un portail de la Renaissance française. Au début du XVIIe siècle, des travaux d’achèvement ont harmonisé l’ensemble en mêlant habillage classique et principes d’architecture de la Renaissance. Pendant la Révolution, le décor du tympan disparut et les statues du portail nord furent brisées ; l’édifice faillit être vendu pour démolition. Restaurée au XIXe siècle sous la direction de Viollet‑le‑Duc et l’architecte diocésain Denis Darcy, la cathédrale fut fortement touchée par les bombardements du 9 juin 1940 et a bénéficié de travaux de réfection achevés en 1973. L’édifice est construit entièrement en craie, issue de deux gisements locaux et du val de Seine, la « pierre de Vernon », aux qualités différentes. La cathédrale conserve un ensemble important de vitraux couvrant les XIIIe au XVIIe siècles ; ils furent démontés pendant la Seconde Guerre mondiale, restaurés à partir de 1953 par Jean‑Jacques Gruber et partiellement détruits par une grêle en 1983. La tour nord abrite les cinq cloches fondues en 1967 par la fonderie Cornille‑Havard, dont le bourdon inauguré le 25 mars 1968, tandis que la tour sud, anciennement coiffée d’un clocher octogonal, ne fut pas reconstruite après 1940. La tour‑lanterne à la croisée du transept, surmontée d’une flèche, domine l’édifice. La nef, rehaussée sur ses grandes arcades, contraste avec le chœur gothique rayonnant commencé vers 1260 et achevé avant 1310 ; le chœur conserve des stalles réalisées en 1377 grâce à une donation. Les chapelles latérales se développent le long des collatéraux nord et sud et les treize chapelles rayonnantes sont fermées par des clôtures de bois sculpté datées du XVe au XVIIe siècle ; plusieurs chapelles possèdent des clôtures de la Renaissance ou du gothique flamboyant et abritent œuvres et mobiliers anciens. La chapelle absidiale dite de la Mère de Dieu, élevée au XVe siècle par l’évêque Jean de La Balue, conserve une Vierge à l’Enfant en pierre polychrome et un tableau de Gian Antonio Guardi provenant d’une collégiale voisine. L’orgue a une histoire ancienne — don initial en 1549, restauration au XVIIIe siècle par Jean‑Baptiste Nicolas Lefebvre, destruction partielle puis totale au XXe siècle — et l’instrument actuel, construit en 2006 par la maison Quoirin, compte 53 jeux, quatre claviers de 56 notes, un pédalier de 32 notes et environ 4 000 tuyaux ; il a été inauguré lors d’une série de concerts donnés par des organistes reconnus. La mise en lumière et l’organisation de l’éclairage intérieur prolongent la volonté médiévale d’en faire « une cathédrale de lumière », en ménageant sobriété et sérénité. L’ancien évêché, devenu musée d’Évreux, ainsi que la cathédrale bénéficient de protections au titre des monuments historiques.