Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre‑Dame de Coutances, siège du diocèse de Coutances et Avranches, s'élève dans la Manche, en Normandie ; classée monument historique, elle est un exemple caractéristique du gothique normand aux lignes pures. Édifiée en grande partie au XIIIe siècle, elle présente la particularité d'un rhabillage gothique dissimulant une structure romane antérieure : sous le parement de calcaire fin de la nef et des tours subsistent des murs et des éléments du XIe siècle visibles dans les parties hautes. Surnommée « la cathédrale de fierté » par les habitants, elle est également évoquée par le poète local Louis Beuve. Implantée à 90 mètres d'altitude, elle domine la ville et se signale de loin, jusqu'à la mer selon la tradition locale. Selon la tradition, une première basilique aurait été fondée par saint Éreptiole et plus tard détruite lors des invasions normandes, puis une cathédrale romane fut reconstruite sous l'épiscopat de Robert et consacrée en 1056 en présence du duc Guillaume. Cette cathédrale romane, à nef tripartite avec tribunes, possédait deux tours octogonales et une tour‑lanterne ; plusieurs de ses éléments ont été conservés puis recouverts lors des campagnes gothiques. À partir de la fin du XIIe siècle et surtout au cours du XIIIe siècle, la cathédrale a été largement remaniée : la reconstruction s'est faite d'ouest en est sous l'épiscopat d'Hugues de Morville, la nef a été rhabillée et le transept et le chœur remplacés par des voûtes et élévations gothiques ; la datation précise du chœur fait l'objet d'interprétations divergentes parmi les spécialistes. De nombreuses chapelles latérales furent ajoutées entre les contreforts aux XIIIe et XIVe siècles, et la chapelle axiale fut agrandie au XIVe siècle par l'évêque Sylvestre de La Cervelle. L'édifice a subi des dégâts à plusieurs reprises, notamment lors du siège de 1356, après le débarquement d'Henri V, lors des guerres de Religion en 1562, puis au cours des siècles suivants, et la toiture de la tour‑lanterne a été incendiée lors des bombardements de juin 1944. La façade occidentale est dominée par deux tours flanquées de grandes flèches, un portail central profond surmonté d'une grande fenêtre et d'une rosace, et la « galerie des roses » réalisée au XIVe siècle ; les tours passent de plans carrés à octogonaux et sont pourvues de tourelles et de clochetons. La tour‑lanterne, dite « le Dôme » ou « le Plomb », est un édifice à huit faces percées de baies géminées et flanqué de tourelles d'escalier ; elle reposait sur pendentifs et pouvait originellement être surmontée d'une flèche. Le chevet présente des arcs‑boutants vigoureux et une Circata axiale ouverte par plusieurs baies gothiques. À l'intérieur, la nef comporte six travées qui masquent la structure romane d'origine par un triforium et des fenêtres hautes en grisaille ; les bas‑côtés desservent les chapelles latérales où subsistent fresques, sculptures et éléments funéraires, dont la chapelle Sainte‑Agathe et plusieurs bas‑reliefs mutilés lors des guerres religieuses. La croisée du transept, couverte d'une voûte à seize nervures, supporte la tour‑lanterne et abrite la chapelle du Puits, qui conserve un puits attesté dès le XIe siècle ainsi que des reliques. La grande verrière du Jugement dernier, offerte par Geoffroy‑Herbert et restaurée au XXe siècle, fait partie des vitraux anciens qui entourent le chœur ; la cathédrale conserve plusieurs verrières des XIIIe et XIVe siècles. Le chœur, légèrement plus large que la nef, s'ouvre sur un déambulatoire ceinturé de chapelles et est flanqué de colonnes juxtaposées ; le maître‑autel en marbre rose de style Louis XV date du XVIIIe siècle et a été réalisé par les sculpteurs Antoine Duparc et Raphaël Duparc. La sacristie et la salle capitulaire conservent des voûtes, des peintures et un pavage ancien ; des éléments mobiliers comprennent des reliquaires et une statuaire variée. Un orgue est attesté dès 1468 ; l'instrument actuel provient d'un facteur de 1728 et a été transféré à la cathédrale en 1812, comptant environ 3 500 tuyaux. Les cloches ont connu un mouvement similaire : de plusieurs cloches anciennes il n'en resta que deux après la Révolution, puis quatre nouvelles furent fondues et installées en 1924 par la fonderie Cornille‑Havard. La cathédrale est protégée au titre des monuments historiques depuis la liste de 1862. On célèbre la dédicace de l'édifice le 12 juillet.