Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame de Grâce
La cathédrale Notre-Dame-de-Grâce de Cambrai, située dans le Nord de la France, est à la fois basilique et ancienne église métropolitaine, ancien siège de l'archevêché de Cambrai qui regroupait les diocèses d'Arras et de Lille. L'ancienne cathédrale ayant été détruite pendant la Révolution, le siège épiscopal fut transféré en 1804 dans l'église de l'abbaye du Saint-Sépulcre, édifiée à la fin du XVIIe siècle. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 9 août 1906. D'importants travaux de restauration des toitures ont été menés entre 2000 et 2007 ; depuis 2022, la restauration porte sur les parements intérieurs et les vitraux et doit se poursuivre pendant sept ans.
L'abbaye du Saint-Sépulcre trouve son origine au XIe siècle : en 1054, l'évêque Liébert entreprit de recréer à Cambrai, dans la mesure du possible, les lieux du pèlerinage de Jérusalem. Il existait déjà une chapelle du Saint-Sépulcre, construite en 1047 par l'évêque Gérard sur l'emplacement d'un ancien charnier, et Liébert fit édifier à proximité un monastère de bénédictins avec une église inspirée du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le monastère fut consacré le 28 octobre 1064 et, alors hors les murs, il fut protégé par l'agrandissement de l'enceinte de la ville. Le seul vestige de cette église primitive est un pilier en grès de l'église actuelle, auquel est accrochée la chaire et qui devait soutenir le clocher ; la basilique de Neuvy-Saint-Sépulchre donne une idée de l'aspect que pouvait avoir l'édifice originel.
L'église fut remaniée à plusieurs reprises : réparée après un incendie en 1145, transformée au XIIIe siècle en plan cruciforme, puis rebâtie et agrandie en 1498 par l'abbé Guillaume Courtois. Incendiée en 1553 par les troupes du roi de France Henri II, elle ne fut complètement reconstruite qu'en 1602 et consacrée par l'archevêque Guillaume de Berghes. À la fin du XVIIe siècle l'église fut de nouveau reconstruite : en 1695 l'abbé Louis de Marbaix fit rebâtir le chœur, le projet s'étendit à la nef et l'on conserva seulement le clocher de 1542 ; les travaux, dirigés par l'architecte Anselme Estienne, s'achevèrent en 1703. La nouvelle église, représentative d'un style propre au règne de Louis XIV, mêle des traits baroques et classiques.
Le successeur de Marbaix, l'abbé Joseph Dambrinne, poursuivit la reconstruction en rénovant le quartier des hôtes, le quartier abbatial, le réfectoire et la bibliothèque ; le bâtiment des hôtes est le seul élément abbatial subsistant et abrite aujourd'hui l'hôtel de La Poste. La richesse foncière de l'abbaye, qui possédait une part importante des terres du Cambrésis, expliquait la capacité d'entreprendre de tels travaux.
Pendant la Révolution, l'église du Saint-Sépulcre traversa d'abord la période des troubles sans être détruite : des députés s'y assemblèrent en 1789, elle fut fermée en 1790 puis rouverte en 1791 comme église paroissiale. Le clocher lézardé dut être démoli en 1792, l'abbaye fut transformée en hôpital en 1794 et l'église, après avoir servi de grange et de temple de la Raison sous l'action de Joseph Le Bon, fut vendue comme bien national ; l'administration municipale interdit toutefois sa destruction en 1800, ce qui la sauva. L'ancienne cathédrale de Cambrai, vendue au même acquéreur, fut quant à elle démolie et il n'en subsista que la tour, qui s'effondra lors d'une tempête.
Après le Concordat, l'évêque Louis Belmas rouvrit l'église, rebaptisée Saint-Géry, acheta l'ancienne demeure de l'abbé pour y installer l'évêché et érigea l'église en cathédrale. Un important incendie en septembre 1859 détruisit la toiture et le mobilier et endommagea les voûtes ; sur les conseils de l'architecte Viollet-le-Duc, la cathédrale fut restaurée sous la direction de Henri de Baralle, agrandie de chapelles autour du déambulatoire et dotée d'un nouveau clocher achevé en 1876. La cathédrale fut consacrée en 1894 et élevée au rang de basilique mineure en 1896. Elle subit encore des dommages pendant les derniers mois de la Première Guerre mondiale : le clocher reçut un obus qui perça sa structure sans provoquer son effondrement.
Aujourd'hui la cathédrale abrite notamment le monument funéraire à Fénelon, œuvre de David d'Angers, neuf grandes grisailles en trompe-l'œil du peintre Martin-Joseph Geeraerts, les ossements d'évêques et archevêques conservés dans la crypte, ainsi que l'icône de Notre-Dame de Grâce, donnée le 14 août 1451 par le chanoine Fursy de Bruille et traditionnellement attribuée à saint Luc. Les grandes orgues de tribune, construites par la maison Pierre Schyven en 1897 avec 2 408 tuyaux répartis en 38 jeux, furent restaurées et agrandies par Auguste Convers après la guerre de 1914–1918 pour atteindre 49 jeux et environ 3 670 tuyaux ; l'instrument actuel fut inauguré en 1936 par Joseph Bonnet. Le buffet, datant de la seconde moitié du XVIIIe siècle, est attribué à Aimé-Joseph Carlier et a été assemblé par l'ébéniste Buisine sur des dessins de l'architecte diocésain Guidasci. L'orgue comporte trois claviers de 61 notes, un pédalier de 32 notes et une quarantaine de registres ; sa traction est électro-pneumatique, il est doté d'un combinateur électronique, de nombreux accouplements et tirasses et d'un tremblant au récit. On trouve également un orgue de chœur, construit à neuf par Auguste Convers en 1936.
La cathédrale conserve ainsi un riche patrimoine liturgique, musical et artistique qui témoigne de son histoire complexe du XIe siècle à nos jours.