Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation
La cathédrale Notre‑Dame‑de‑l'Annonciation de Moulins, dans l'Allier, est le siège épiscopal du diocèse de Moulins. Elle succède à une chapelle du Xe siècle, d'abord dédiée à saint Pierre, qui évolua en collégiale à la fin du Moyen Âge. La partie la plus ancienne de l'édifice actuel est le chœur, édifié en gothique flamboyant ; sa première pierre fut posée en 1468 par Agnès de Bourgogne. Le chapitre de chanoines, fondé par Louis II de Bourbon, fut installé dans la chapelle dédiée à l'Annonciation dès 1386, antérieur à la construction de la collégiale. Lors de la création du diocèse, la collégiale fut érigée en cathédrale en 1823 et, jugée trop exiguë, fit l'objet d'un vaste agrandissement voulu par les évêques Antoine de Pons de La Grange puis Pierre Simon de Dreux‑Brézé. Au XIXe siècle, les travaux menés dans un esprit néogothique, sous l'influence de Viollet‑le‑Duc et lancés par Jean‑Baptiste‑Antoine Lassus puis poursuivis par Eugène Millet et Paul Selmersheim, doublèrent la surface de la nef, ajoutèrent deux collatéraux et un massif occidental coiffé de deux flèches en pierre calcaire culminant à plus de quatre‑vingts mètres ; les voûtes de la nef atteignent environ vingt‑cinq mètres de hauteur. Le chœur gothique flamboyant se distingue par ses proportions élancées, ses larges baies à remplages et un déambulatoire transformé en galerie rectangulaire, et il conserve une tourelle d'escalier du XIVe siècle. Plusieurs éléments anciens furent dispersés ou détruits à la fin du XVIIIe siècle, mais trois bas‑reliefs du jubé ont été réutilisés à l'autel du Saint‑Sacrement. Les vitraux, pour la plupart datés des XVe et XVIe siècles, forment une parure prestigieuse : ils figurent donateurs, scènes hagiographiques (sainte Catherine, sainte Barbe, Marie‑Madeleine), épisodes bibliques et l'arbre de Jessé, et témoignent de la maîtrise des verriers de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Le trésor conserve des œuvres remarquables, dont le célèbre triptyque du Maître de Moulins, aujourd'hui attribué à Jean Hey, une Vierge noire du XIe siècle, le groupe gothique flamboyant de la « déploration du Christ », une statue de Jeanne d'Arc en prière, un christ reliquaire en ivoire du XVIIe siècle et des triptyques attribués à Aubery et à Joos van Cleve. Le triptyque du Maître de Moulins représente la Vierge en gloire entourée d'anges, les volets latéraux montrant les donateurs duc et duchesse présentés par leurs saints protecteurs. La Vierge noire, statue romane remaniée au XVe siècle, a longtemps fait l'objet d'une dévotion locale et fut couronnée en 1910. La cathédrale abrite également des peintures et un mobilier d'époques variées, ainsi que des chapelles ornées de vitraux aux cycles narratifs riches. Les orgues comptent parmi les éléments notables : l'orgue de tribune, construit par Joseph Merklin dans un buffet dessiné par Eugène Millet, est un témoin précieux de la facture symphonique d'église et a été restauré et classé au titre des monuments historiques, tandis que l'orgue de chœur, issu de la manufacture Abbey et acquis à la Schola Cantorum de Paris, fut installé dans les années 1930. Sous le maître‑autel se trouve un caveau funéraire lié à la maison de Bourbon et la « déploration du Christ » est aujourd'hui placée dans une chapelle latérale. La cathédrale fut consacrée en 1923, élevée au titre de basilique mineure en 1949 et protégée au titre des monuments historiques depuis 1875. D'origine médiévale, le chapitre de Notre‑Dame a conservé des constitutions et des usages propres, qui furent réorganisés au XIXe siècle et adaptés aux évolutions juridiques et ecclésiastiques ultérieures. Monument majeur du Bourbonnais, Notre‑Dame de Moulins réunit ainsi un chœur gothique, des ajouts néogothiques, des vitraux anciens, des peintures et un mobilier remarquable.