Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre‑Dame de Noyon, située au centre de la ville de Noyon dans l'Oise, est une église catholique et l'un des premiers jalons de l'architecture gothique. Elle fut le siège de l'évêché de Noyon du milieu du VIe siècle jusqu'à la suppression du diocèse en 1790, son territoire ayant alors été incorporé au diocèse de Beauvais, qui prit en 1851 le nom de diocèse de Beauvais‑Noyon. Avant l'édifice actuel, plusieurs cathédrales se sont succédé sur le site : une première, peut‑être liée au transfert du siège par l'évêque Médard en 531, est attestée vers 658‑659 et aurait été détruite lors d'un incendie en 676, puis reconstruite et aurait accueilli le couronnement de Charlemagne en 768. Une nouvelle destruction survint lors d'une attaque normande en 859 ; l'église est ensuite mentionnée en 932, mais les fouilles de 1921‑1923 n'ont mis au jour aucun vestige des premiers édifices. La cathédrale carolingienne a vraisemblablement été restaurée et redécorée à la fin du XIe siècle, tandis que l'hypothèse d'une quatrième cathédrale datée du XIe siècle fait l'objet de débats. La construction de l'actuelle cathédrale gothique débuta au milieu du XIIe siècle et l'édifice fut bâti à partir de 1145, le chantier ayant commencé par les chapelles rayonnantes après 1150 sous l'épiscopat de Baudouin II. Les translations des reliques de saint Éloi en 1157 puis de sainte Godeberthe en 1167 semblent avoir servi à lever des fonds pour les travaux ; à la fin du XIIe siècle le transept et les travées orientales de la nef paraissent achevés, et en 1231 la nef et la façade étaient terminées. Un incendie en 1293 endommagea surtout la partie ouest et entraîna la reconstruction de la tour nord et l'adjonction de chapelles latérales au début du XIVe siècle. Aux XVe, XVIIe et XVIIIe siècles se succédèrent différentes campagnes de réparation et d'aménagement qui modifièrent notamment les tours du chevet, les voûtes et certains arcs‑boutants. Classée parmi les monuments historiques dès 1840, la cathédrale fit l'objet de campagnes de restauration au XIXe siècle (à partir de 1843, puis 1860‑1872 et à partir de 1884) qui ont profondément remanié le chevet et les fenêtres hautes. Durant la Première Guerre mondiale, l'édifice fut gravement bombardé ; la voûte de l'hémicycle s'effondra et des travaux de reconstruction, dirigés par l'architecte André Collin, durèrent jusqu'en 1938 en privilégiant le respect des vestiges et une importante documentation photographique. Depuis septembre 2013, la messe y est célébrée le dimanche soir selon le rite tridentin en latin. La cathédrale est bâtie sur un plan en croix latine ; son chevet comporte trois travées rectangulaires prolongées par une abside semi‑circulaire entourée d'un bas‑côté, d'un déambulatoire et de cinq chapelles rayonnantes, tandis que chacun des deux bras du transept se termine lui aussi par une abside, particularité rare dans la première génération gothique. La nef présente une alternance de piles fortes et faibles qui laisse penser à un projet initial de voûtement sexpartite, finalement réalisé en voûtes quadripartites, et son élévation comme celle du chœur comporte quatre niveaux : grandes arcades, tribunes, triforium aveugle et fenêtres hautes. La façade occidentale, précédée d'un porche à trois arcades ajouté au XIVe siècle, est flanquée de deux tours inachevées dont la partie supérieure date du XIIIe siècle ; la décoration sculptée des portails a été très endommagée, en particulier pendant la Révolution. La construction utilise principalement des calcaires lutétiens provenant des carrières des collines voisines, tandis que les assises de soubassement sont en grès éocène (Bartonien) pour protéger les murs de l'humidité. Les dimensions de l'édifice comprennent une longueur hors œuvre de 103,11 m, une nef large de 10,23 m entre axes de colonnes, une hauteur des voûtes de nef de 22,73 m et une tour nord élevée à 66 m, la façade occidentale mesurant 32,8 m de large. À l'ouest du chevet subsiste une partie du groupe épiscopal et du quartier canonial : les ruines de la chapelle de l'évêque du XIIe siècle, l'ancien réfectoire devenu salle capitulaire et son cloître du XIIIe siècle, la bibliothèque du XVIe siècle, le palais épiscopal du XVIIe siècle et des maisons de chanoines réédifiées aux XVIIe‑XVIIIe siècles. L'ancienne église de la Madeleine, dont des parties remontent au XIIe siècle, desservait la paroisse du quartier canonial. Le cloître conservé, la salle capitulaire et la bibliothèque ont été eux aussi protégés par des classements successifs au XIXe siècle. Le mobilier a évolué : l'orgue de tribune détruit en 1918 fut remplacé ultérieurement par un instrument neuf construit par Henri Saby et inauguré en 2005, tandis que l'orgue de chœur, construit en 1704 par Selmersheim, fut remanié au XXe siècle. Les études archéologiques et les recherches récentes ont alimenté la connaissance de la cathédrale et de son quartier canonial, notamment en matière de polychromie et d'aménagement liturgique.