Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
La collégiale puis cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer, dédiée à la Vierge, se situe à Saint-Omer dans le Pas-de-Calais et conserve le titre de cathédrale en raison du partage historique de l'évêché avec Arras et Boulogne ; elle a par ailleurs été érigée basilique mineure par le pape Léon XIII le 4 avril 1879. Les travaux de l'édifice s'étendent du XIe au XVIe siècle et associent des éléments de gothique primitif, rayonnant et flamboyant ; on y remarque notamment une horloge astronomique de 1558, un buffet d'orgue monumental, un tableau de Rubens et une dalle en labyrinthe. L'origine de la ville et de l'actuel édifice est monastique : des moines venus de Luxeuil s'établirent sous la direction d'Audomar (Saint-Omer) et construisirent une chapelle mariale vers 659 sur l'emplacement d'un ancien temple païen, autour de laquelle le bourg de Sithiu se développa. Cette chapelle formait la partie haute d'un complexe monastique lié à l'abbaye de Saint-Bertin ; l'unité monastique fut rompue en 820 lorsque la chapelle devint collégiale desservie par trente chanoines. L'église fut détruite par un incendie en 1033 et reconstruite en pierre en 1052 dans le style roman, puis endommagée de nouveau en 1191, donnant lieu à d'importants campagnes de reconstruction du chœur, du déambulatoire, des chapelles rayonnantes et du transept entre les XIe et XVIe siècles. Les travaux se poursuivirent au XIVe et XVe siècles : le croisillon sud fut allongé vers 1375–1379, les chapelles latérales de la nef datent de 1386–1403, la nef centrale fut achevée en 1473 et ses voûtes en 1506 ; le croisillon nord fut prolongé entre 1449 et 1472 et la tour occidentale fut remaniée entre 1473 et 1521 autour d'une tour romane préexistante. La flèche de la croisée, élevée en 1486, fut détruite par un ouragan en 1606 ; les sculptures du portail occidental datent de 1511–1515 et sont l'œuvre des sculpteurs brugeois Jean et Josse Van der Poele. Après la destruction de Thérouanne en 1553 et la réorganisation diocésaine qui suivit, la collégiale fut élevée au rang de cathédrale en 1561. À l'époque moderne, des aménagements et décors furent ajoutés : le cadran solaire du portail sud (1610), la rénovation de la chapelle axiale (1628), la construction du palais épiscopal par Jules Hardouin-Mansart à la fin du XVIIe siècle — aujourd'hui palais de justice — et des boiseries, un buffet d'orgue et une chaire datés des XVIIIe et début XIXe siècles. Lors de la Révolution, l'édifice fut fermé au culte et utilisé comme hangar agricole entre 1792 et 1802, mais subit relativement peu de vandalisme ; le diocèse de Saint-Omer fut supprimé en 1802 au profit du diocèse d'Arras. Au XIXe siècle la cathédrale fit l'objet d'opérations de restauration dans l'esprit de Prosper Mérimée et d'Eugène Viollet-le-Duc, menées notamment par Prosper Morey ; l'édifice subit de légers dommages lors d'un bombardement en 1942 et est classé au titre des monuments historiques depuis 1840. La cathédrale mesure 120 mètres de longueur, 53 mètres de largeur et 22,9 mètres de hauteur sous la voûte ; la tour atteint 50 mètres. Les matériaux employés comprennent un soubassement et des colonnes du chœur en grès de Béthune, des arcs en pierre dure, des chapiteaux en pierre de Tournai et des pierres de parement en craie blanche des régions de Fauquembergues, Ardres et Lumbres ; la couverture est aujourd'hui en ardoise, anciennement en feuilles de plomb. L'enclos canonial comprenait les bâtiments conventuels et les maisons des chanoines autour d'un cloître au nord du transept ; la plupart de ces constructions furent détruites à la Révolution, mais des vestiges subsistent et des réaménagements du XIXe siècle ont modifié l'ancien tracé. À l'intérieur, le chœur présente des chapelles biaises associées à un déambulatoire formé de cinq chapelles rayonnantes dédiées à saint Antoine de Padoue, au Saint-Esprit, à la chapelle absidale, à saint Omer et à saint Joseph. Le transept, allongé au XIVe siècle puis au XVe siècle, porte un triforium interrompu par des tribunes et des voûtes dont les nervures sont prismatiques ; la croisée fut coiffée en 1486 d'un petit clocher détruit en 1606. La nef, haute de 23 mètres pour 10 mètres de largeur, présente un triforium aveugle et des voûtes du début du XVIe siècle ; son élévation et certaines caractéristiques de ses piles s'inscrivent dans la tradition des grands chantiers gothiques du Nord. Le portail méridional conserve le seul tympan du Jugement dernier du XIIIe siècle encore visible dans le Nord de la France, avec un trumeau aujourd'hui occupé par une statue de la Vierge ; le pignon est orné d'une rose du XIVe siècle et d'un cadran solaire de 1610. L'horloge astrolabique, datée de 1558 et due à l'horloger Pierre Enguerran sur commande du chapitre, conserve son cadran astrolabique d'origine ; fonctionnement et mécanique, synchronisant l'horloge, les sonneries et l'astrolabe, en font un instrument exceptionnel qui ne dérive que d'environ trente secondes par semaine et qui a été complété en 1610 par un grand cadran solaire. La cathédrale abrite des tombeaux et reliefs funéraires remarquables, dont le mausolée d'Eustache de Croÿ attribué à Jacques du Broeucq (1540) et plusieurs hauts-reliefs provenant de la chartreuse de Longuenesse, ainsi que des fragments liés au monument de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde. Le dallage du chœur conserve un labyrinthe carré daté de 1716, copie réduite de celui de l'abbaye Saint-Bertin ; composé de 1 240 carreaux noirs et 1 161 carreaux blancs autour d'une croix centrale, il s'inscrit à la croisée du transept et de la nef et a servi de chemin de pénitence, notamment le jour de Pâques. Parmi les œuvres d'art se signalent une Descente de Croix de Pierre-Paul Rubens, un triptyque dit du Grand Dieu de Thérouanne, plusieurs dalles figurées et divers reliefs rompus ou déplacés au fil des siècles. Le clocher renferme une sonnerie de six cloches de poids et d'origines diverses, la plus lourde pesant 5 520 kg et la plus récente, Domitille, ayant été fondue en 2017 et baptisée le 26 février 2017. Les grandes orgues, pour lesquelles Jehan Titelouze fut organiste en 1588, reçurent un buffet sculpté réalisé par les Piette au début du XVIIIe siècle et furent profondément remaniées par Aristide Cavaillé-Coll en 1853 ; l'instrument rénové fut inauguré le 26 juin 1855. Aujourd'hui l'ancienne cathédrale, devenue église paroissiale Notre-Dame, appartient à la paroisse Saint-Benoît en Morinie du diocèse d'Arras ; elle est ouverte au public de 8h à 18h, peut accueillir environ 600 personnes, propose des offices réguliers et des visites guidées payantes.