Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame
L'ancienne cathédrale Notre‑Dame de Saint‑Paul‑Trois‑Châteaux, aujourd'hui église paroissiale, se situe dans le département de la Drôme, en Auvergne‑Rhône‑Alpes. Construite à partir du milieu du XIIe siècle dans le style roman provençal, elle constitue l'un des exemples régionaux marquants de l'art roman inspiré de l'Antiquité. On suppose qu'un premier groupe épiscopal se trouvait sous l'église Saint‑Jean et que le siège épiscopal fut déplacé à son emplacement actuel à l'époque carolingienne ou au XIe siècle. L'édifice, commencé par le chœur et achevé vers 1220, a été cathédrale jusqu'à la Révolution ; il fait aujourd'hui partie des trois anciennes cathédrales du diocèse de Valence, avec celles de Die et de Valence. La fin de l'union du diocèse de Saint‑Paul à celui d'Orange pourrait expliquer les dimensions particulièrement ambitieuses de la construction au XIIe siècle. Des travaux d'importance ont encore été réalisés au cours du XIVe siècle, et un porche méridional de style gothique a été ajouté au XVe siècle. L'édifice figure sur la première liste des monuments historiques français établie en 1840.
L'architecture extérieure, de type roman provençal, se caractérise par un plan simple, une harmonie de volumes, un appareil soigné et un décor dépouillé mais inspiré de l'Antiquité ; l'absence d'ouvertures au nord est notable. Les pierres, à l'intérieur comme à l'extérieur, portent de nombreuses marques de tâcherons. Les motifs antiques — frontons triangulaires, colonnes engagées et pilastres cannelés, chapiteaux à feuilles d'acanthe, frises de grecques, oves et palmettes — ornent la façade occidentale, la façade méridionale, le chevet et le chœur. La façade occidentale présente un fronton triangulaire avec frise de grecques, un oculus entouré de frises d'oves et de feuilles d'acanthe, et un portail décoré de frises d'acanthe et d'oves, encadré par des colonnes engagées cannelées et des pilastres ; les vantaux en bois datent du XVIIe siècle. La façade méridionale, protégée par le porche du XVe siècle, reprend ces thèmes antiques sous la corniche, autour d'une fenêtre haute encadrée de pilastres cannelés et couronnée de chapiteaux à feuilles d'acanthe, et au niveau d'un portail méridional doté de colonnes torsadées et de chapiteaux ornés. La façade méridionale du transept est également surmontée d'un fronton triangulaire et d'un entablement à l'antique ; de petites sculptures romanes, comme un sagittaire ou un cavalier, sont enchâssées dans ses murs.
Le chevet, plus sobre, présente une triple abside et une triple arcature aveugle ; l'abside centrale conserve un entablement, des chapiteaux carrés à feuilles d'acanthe, une frise d'oves, une frise de palmettes ou d'acanthe et des modillons sculptés de feuilles d'acanthe. À l'intérieur, l'abside principale voûtée en cul‑de‑four s'ordonne autour de cinq arcades aveugles reposant sur colonnettes cannelées ou torsadées et chapiteaux à feuilles d'acanthe. Derrière l'autel, des mosaïques des XIIe et XIIIe siècles représentent la « ville de Jérusalem » ; elles sont sans doute contemporaines des premières croisades, environ trente ans après la construction, ce qui suggère que l'église actuelle a remplacé une précédente construction dont le sol avait été relevé.
La nef, voûtée en berceau sur doubleaux, atteint une élévation remarquable de 24 mètres et prolonge le vocabulaire décoratif antique avec colonnes engagées, chapiteaux à feuilles d'acanthe, entablement et frises d'oves et de feuilles d'acanthe. La travée précédant le transept présente, à l'étage, un faux triforium : des niches encadrées de pilastres et de colonnettes surmontent une frise très fine. On remarque également un curieux bas‑relief sur le pilier de la chaire. L'orgue, commandé par l'évêque Louis d'Aube de Roquemartine et installé en 1704 par le facteur Charles Boisselin d'Avignon, possède un beau buffet du début du XVIIIe siècle, 16 jeux répartis sur deux claviers manuels et un pédalier, et une traction mécanique ; le buffet et la partie instrumentale sont tous deux inscrits aux Monuments historiques.
