Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame-du-Bourg
La cathédrale Notre‑Dame‑du‑Bourg, à Digne‑les‑Bains (Alpes‑de‑Haute‑Provence), est l’ancienne cathédrale du diocèse de Digne et est classée au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Digne, « Dinia », fut la capitale des Bledontii ou Brodonticiens et devint siège d’un évêché au IVe siècle, mais aucun monument gallo‑romain majeur n’en subsiste. Un document de 780 évoque « in Digna civitate » pour un plaid demandé par Charlemagne, et des textes médiévaux mentionnent la cathédrale et les propriétés du chapitre. Au Moyen Âge la cité se composait de deux pôles, la cité épiscopale et le bourg, ce dernier entrant en décadence à partir du XIVe siècle avec le transfert des foires dans la cité. L’église, parfois attribuée à tort à Charlemagne, présente un style roman : certains éléments, comme le clocher et des fragments de colonnes, ne remontent pas au‑delà du XIe siècle. L’édifice a subi de nombreuses violences et réparations : rénovations au début du XIIIe siècle, ravages lors d’attaques huguenotes aux XVIe siècle et bombardement par Lesdiguières en 1591, après quoi le siège de l’évêché fut transféré à la cathédrale Saint‑Jérôme de Digne. Des vestiges d’états antérieurs sont visibles, notamment sur la façade nord, et un fragment d’inscription latine d’époque romaine a été découvert lors des fouilles. Sur le plan architectural, des parties datées des XIe et XIIe siècles subsistent ; l’édifice actuel, entièrement restauré, est l’un des plus importants exemples romans à nef unique du Sud‑Est de la France. La construction a repris à la fin du XIIe siècle jusqu’au début du XIVe siècle, s’appuyant sur des vestiges d’églises antérieures. D’importantes opérations de restauration accompagnées de fouilles archéologiques, notamment entre 1987 et 1988, ont permis d’enrichir la connaissance historique du monument. Après bénédiction, la nouvelle cloche « Marie‑Vincent » a été installée le 13 septembre 2012, accompagnée de deux autres cloches dans le beffroi. L’intérieur conserve un autel en marbre blanc d’époque mérovingienne et des peintures murales tardo‑médiévales. Ne disposant auparavant d’aucun mobilier ni vitraux anciens, hormis une rosace, la ville a commandé un réaménagement liturgique et des vitraux contemporains à l’artiste canadien David Rabinowitch. Les vitraux conçus par Rabinowitch exploitent le motif des « cives », feuilles de verre circulaires soufflées en plateau et colorées de façons diverses ; le triplet du chœur symbolise la Sainte Trinité (le Père en vert, le Fils en violet ou lavande et l’Esprit‑Saint en jaune), tandis que d’autres baies ponctuent l’édifice en rouge pour le chœur, en bleu pour Notre‑Dame et en blanc pour les fonts baptismaux. Le parcours depuis l’entrée de la nef est jalonné de symboles gravés au sol et rehaussés de métal incrusté : une ammonite intégrée dans un verre, figures géométriques portant des inscriptions hébraïques, grecques ou latines (dont ΙΧΘΥΣ), et polygonales associées à des motifs chrétiens comme l’agneau, le berger, l’alpha et l’oméga. L’autel, l’ambon, la cathèdre, le chandelier pascal, les candélabres, le présentoir des luminis, le tabernacle et la tapisserie constituent le mobilier liturgique contemporain. Des fouilles sporadiques aux XIXe et XXe siècles ont précédé des campagnes systématiques menées entre 1983 et 1994 sous la direction de Gabrielle Démians d’Archimbaud, en liaison avec les travaux de consolidation conduits par l’architecte Francesco Flavigny. Ces investigations ont mis au jour des témoignages funéraires gallo‑romains du Ier siècle, deux mausolées du IIIe siècle, une première église paléochrétienne datée de la fin IVe‑début Ve siècle qui s’est développée en réutilisant les mausolées, ainsi que deux basiliques successives du XIe siècle, la plus récente ayant été détruite par un incendie. Pour valoriser ces découvertes, la ville a aménagé une crypte archéologique sous la cathédrale, dotée d’une muséographie confiée à l’architecte Eric Klein ; cet espace de 870 m2 a été ouvert au public en juillet 2010. Des publications et rapports de fouilles détaillent les recherches et constituent les références principales sur Notre‑Dame‑du‑Bourg.