Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor
La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Castor de Nîmes, située place aux Herbes, est consacrée à Castor d'Apt et siège du diocèse de Nîmes, Uzès et Alès. Des réemplois de blocs et de colonnes antiques ont longtemps laissé penser qu'elle reposait sur un monument antique, mais des fouilles de 1920 ont mis au jour les vestiges d'une église du VIIe siècle à l'ouest de la façade, partiellement recouverte par la construction romane, et de nombreux sarcophages attestant un usage funéraire jusqu'au XIIe siècle. À l'époque carolingienne, un ensemble épiscopal dédié à la Vierge, à saint Étienne et à saint Jean s'était développé autour d'un atrium ensuite remployé comme cloître ; des fragments de chapiteaux sont conservés au musée archéologique de la ville. La première cathédrale romane, élevée sur ces assises, fut consacrée en 1096 par le pape Urbain II et ses travaux se poursuivirent sans doute au XIIe siècle ; de cet état subsistent notamment un mur-pignon, des arcatures lombardes et un fronton triangulaire en pierre de Barutel, remployée d’éléments antiques, qui comporte un répertoire gallo-romain de rosaces, mascarons et feuilles d'acanthe ainsi que une frise romane dont les sept premiers tableaux sont encore visibles. Lors des guerres de religion l'édifice fut gravement endommagé à deux reprises par les Réformés, qui détruisirent notamment la tour sud dite « tour du Trésor » ; la tour nord-ouest échappa à la destruction et servit de poste d'observation. Au XVIIe siècle, sous l'impulsion de l'évêque Cohon, la cathédrale fut entièrement reconstruite : après un premier projet avorté dirigé par Guichard Baudan, Didier Laguiolle et Pierre Levesville furent appelés en 1618 pour édifier une nouvelle structure reposant sur le parti d'un vaisseau unique flanqué de chapelles latérales insérées entre des murs-boutants, avec une tribune périphérique au-dessus des chapelles, le tout couvert de voûtes d'ogives aux quartiers en briques ; l'ouvrage, endommagé de nouveau lors des troubles, fit l'objet de réparations entre 1636 et 1638. Une chapelle baroque du Rosaire prolonge le chœur vers l'est, couronnée par un lanternon et restaurée au XXe siècle. En 1822, le portail roman d'origine fut démoli pour permettre l'installation d'une porte néoclassique à fronton ; à la fin du XIXe siècle, l'architecte Henri Antoine Révoil reconstruisit le chœur sans toucher aux murs extérieurs et habilla l'intérieur dans un style romano-byzantin, transformant la nef et lui donnant un décor monumental sculpté. La cathédrale fut dédiée en 1882 et reçut peu après le titre de basilique mineure ; elle a été classée au titre des monuments historiques en 1906. La tour nord, dont le dernier étage est de style gothique, est coiffée d'une terrasse accessible par une tourelle à escalier en colimaçon ; elle culmine à environ 40 mètres, la hauteur sous voûtes de la nef étant d'environ 20 mètres, pour une longueur totale de la nef de 55 mètres, ce qui en fait un édifice de dimensions modestes. L'orgue trouve son origine en 1643 par Gaspard et André Eustache ; le grand buffet et ses sculptures sont l'œuvre de Christophe Noiratte et de Michel Péru. Après plusieurs réparations au XIXe siècle et une importante intervention de la maison Michel-Merklin en 1896, l'instrument a été restauré en 1974 par Alfred Kern qui a reconstitué le positif et harmonisé les apports des siècles précédents ; le grand orgue, inauguré dans sa configuration actuelle en 1983, compte 51 jeux, dont une trompette en chamade, quatre claviers manuels et un pédalier de 30 notes, et son buffet est classé monument historique depuis 1968. La cathédrale possède neuf cloches — huit dans la tour-clocher et une hors service dans un clocheton au-dessus du chœur — parmi lesquelles figurent « La Castorine » (fondue en 1813, 85 kg), « La Charlotte » (1891, 110 kg), « Elisabeth » (1891, 300 kg), « La Gabrielle » (1891, 440 kg), « La Noire » (1716, 640 kg), « La Canonge » (1829, 760 kg), « La Congréganiste » (refondue en 1891, 1 200 kg), le bourdon « La Grande » (daté de 1669, refondu en 1760 et 1813, environ 2 tonnes) et « La Capucine » (1770), actuellement hors service.
