Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame et Saint-Privat
La cathédrale Notre‑Dame‑et‑Saint‑Privat de Mende, siège du diocèse de Mende, domine le centre historique de la préfecture de la Lozère ; elle est classée monument historique depuis 1906 et reste le seul édifice pleinement gothique du département. Construite à l’initiative du pape Urbain V sur l’emplacement d’églises successives — la plus ancienne étant mentionnée en 951 — la construction de l’édifice actuel commence à la fin du XIVe siècle. Le gros œuvre est achevé au XVe siècle ; la nef est ensuite allongée et deux clochers élevés au début du XVIe siècle, l’un culminant à 84 m, l’autre à 65 m. En 1581 la cathédrale subit d’importants dégâts lors des campagnes du chef huguenot Matthieu Merle : le vaisseau central, les collatéraux et la plupart des chapelles méridionales s’effondrent après l’affaiblissement des piles. La reconstruction, conduite sans grands ornements mais dans le respect du plan primitif, s’établit autour de 1599–1605 et la nouvelle cathédrale est consacrée en 1620 ; un portail néo‑gothique viendra compléter l’ensemble au XIXe siècle. Élevée au rang de basilique mineure en 1874, la cathédrale conserve une vocation religieuse et paroissiale tout en étant un des principaux sites touristiques de la ville.
L’édifice mesure environ 67 m de long sur 30,30 m de large ; les voûtes atteignent 24 m de hauteur. L’intérieur compte neuf travées et vingt‑deux piliers ronds ; la nef centrale, large de 12,30 m, est flanquée de bas‑côtés et de douze chapelles latérales rectangulaires. Le chevet s’ouvre sur un déambulatoire sans transept et se termine par deux chapelles pentagonales qui donnent leur nom à la cathédrale : Notre‑Dame et Saint‑Privat. La composition intérieure réunit aussi sacristie, porche et portails nord et sud ; au nord subsistent des vestiges de la construction entreprise sous Urbain V, tandis que le côté sud porte la marque de la reconstruction post‑Merle.
Plusieurs cryptes se trouvent sous l’édifice : la crypte dite de Saint‑Privat sous le centre de la nef, le caveau des évêques sous le chœur et la crypte de Sainte‑Thècle sous le parvis, cette dernière comportant des niveaux antérieurs et ayant livré un sarcophage attribué à Privat. Le mobilier conserve une Vierge noire vénérée depuis longtemps et d’origine ancienne, installée dans la chapelle Notre‑Dame ; la statue est mentionnée dès le XIIIe siècle et a été couronnée en 1894. Le mobilier comporte également des boiseries et orgues de facture ancienne dont le buffet, de style Renaissance, est classé, ainsi que des tapisseries d’Aubusson représentant la vie de la Vierge et un maître‑autel moderne complété par un ambon réalisés en 1989.
Les cloches, autre élément emblématique, ont connu de nombreuses vicissitudes : la célèbre « Non‑Pareille » a été fondue pour l’armement par Merle et il n’en subsiste que le battant ; la cathédrale abrite aujourd’hui un ensemble de dix cloches dans le grand clocher, fondues principalement au XIXe siècle après une souscription et complétées jusqu’en 2000. L’horloge et son timbre, dont un mécanisme ancien subsiste, sont classés parmi les objets remarquables. D’un point de vue extérieur, les trois portails — sud, nord et occidental — et le porche tardif s’inscrivent dans la continuité gothique de l’édifice, tandis que divers blasons et gargouilles ornent les façades et les clochers.
La cathédrale reste un lieu de culte actif, un conservatoire d’objets d’art liturgique et pictural (tableaux, retables et tapisseries) et un centre culturel accueillant concerts et manifestations, ainsi que des visites guidées permettant d’accéder aux clochers et aux cryptes.