Origine et histoire de la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Vaast
La cathédrale Notre‑Dame‑et‑Saint‑Vaast d'Arras, ancienne église abbatiale de l'abbaye Saint‑Vaast, est l'église cathédrale du diocèse d'Arras et se situe dans le Pas‑de‑Calais. Dédiée à la Vierge et à saint Vaast, elle a été édifiée à partir de 1778 selon les plans de l'architecte Pierre Contant d'Ivry et conçue dans un style classique. L'abbaye Saint‑Vaast, dont les origines remontent au VIIe siècle, fit l'objet d'une reconstruction importante au XVIIIe siècle, les travaux de l'église s'engageant réellement vers 1766 et s'interrompant en 1792. Occupée puis utilisée comme hôpital par l'armée pendant la Révolution, l'église, couverte mais partiellement non voûtée à cette époque, fut attribuée au diocèse en 1804 pour remplacer l'ancienne cathédrale Notre‑Dame‑en‑Cité, rasée après avoir été endommagée. L'achèvement de l'édifice fut confié à François Verly ; la décision ministérielle de 1812 de terminer l'ouvrage selon le plan initial provoqua la reprise des travaux en 1815, interrompus pour raisons budgétaires en 1833, seule la chapelle de la Vierge étant inaugurée en 1848. Un projet de clocher élevé à l'arrière du chevet fut envisagé mais seule la base fut construite, abritant la chapelle axiale ; les cloches furent installées dans un édicule sur le narthex de cette chapelle. La Première Guerre mondiale causa d'importants dégâts et la cathédrale fut partiellement détruite en 1915 ; la restauration conduite dès 1920 par l'architecte Pierre Paquet permit, en quatorze ans, de reconstituer voûtes et charpente en béton armé sans altérer l'aspect intérieur. La décoration intérieure fut refaite dans un néoclassicisme plus sobre, la chapelle axiale conservant son aspect originel ; la cathédrale fut rendue au culte en mai 1934. Un nouvel incident de guerre endommagea encore l'édifice en mai 1944, rapidement réparé.
L'édifice suit un plan en croix latine : il forme un vaisseau long de 102 mètres pour la nef et présente, selon les relevés, une longueur totale de 116 mètres, un transept de 56 mètres sur 28 mètres, une largeur de nef et de chœur de 28 mètres, une hauteur sous voûte de 32 mètres et une hauteur de coupole à la croisée du transept de 38 mètres. L'intérieur, conçu pour accueillir la communauté monastique, se caractérise par une nef de six travées flanquée de collatéraux séparés par de grandes colonnes corinthiennes qui supportent un entablement et une claire‑voie très haute, assurant une grande luminosité grâce aux larges baies et aux vitraux en verre blanc. La voûte des vaisseaux centraux repose sur des pseudo‑coupoles et des arcs doubleaux, le chœur étant marqué par une petite coupole sur pendentifs à la croisée du transept ; les bas‑côtés sont couverts en berceau et le déambulatoire est percé d'oculi. À l'extérieur, un réseau apparent d'arcs‑boutants soutient les voûtes, illustrant la recherche, à la fin du XVIIIe siècle, d'une association entre la légèreté et la luminosité du gothique et l'esthétique classique, selon des principes attribués à Soufflot. La façade occidentale, restée telle qu'elle fut construite avant 1792, présente la superposition de deux ordres corinthiens et un fronton triangulaire ; un péristyle avait été prévu mais n'a pas été réalisé.
Le mobilier et les œuvres réunissent des pièces majeures : le maître‑autel de Georges Saupique, une large table de granit posée sur trois piliers en bronze ornés de motifs paléochrétiens, l'autel du Calvaire en pierre Comblanchien d'Henri Bouchard, ainsi que les fonts baptismaux et la chaire en pierre par Marcel Gaumont. La cathédrale conserve de nombreux gisants, priants, retables et statues datés du XVIIe au XIXe siècle, parmi lesquels huit grandes statues en marbre venues de l'ancienne église Sainte‑Geneviève de Paris et des monuments funéraires dédiés à des évêques et abbés. Les peintures comprennent notamment une Nativité et un Christ en majesté dans la nef, des toiles consacrées à saint Vaast par Charles Hollart et Henri Marret, ainsi que des fresques de la coupole de la chapelle de la Vierge réalisées par Henri Marret en 1933. Parmi les vitraux figurent des représentations de saint Vaast et de saint Benoît‑Joseph Labre, et six châsses et reliquaires provenant de l'ancienne abbaye et de l'ancienne cathédrale sont exposés dans le bras sud, dont des châsses de saint Vindicien, de saint Vaast et de Jacques le Majeur.
Le grand orgue de tribune, construit par la maison Roethinger et monté avant et après la Seconde Guerre mondiale, compte 76 jeux sur quatre claviers ; il fut gravement endommagé et sa restauration a été attribuée à l'entreprise PLET en 2021 pour une durée de trois ans. L'orgue de chœur, installé par Victor Gonzalez, est en bon état et complète l'ensemble musical de la cathédrale. La cathédrale reste un ensemble monumental important du XVIIIe siècle en France et illustre la transition entre les modèles classiques et les exigences de légèreté et de lumière héritées de l'architecture gothique. Le recteur actuel est le père Pierre Marie Leroy.