Origine et histoire
La cathédrale Notre‑Dame du Puy‑en‑Velay, située en Haute‑Loire, est un monument majeur de l'art roman et de la chrétienté occidentale. Elle fait partie d'un vaste ensemble épiscopal comprenant le cloître, la salle capitulaire, le bâtiment des mâchicoulis, l'hôtel‑Dieu, le baptistère Saint‑Jean et le palais épiscopal. L'ensemble cathédral est classé aux monuments historiques (liste de 1862 pour la cathédrale, le cloître et l'université, et classement complémentaire en 1889 pour les bâtiments des mâchicoulis) et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO (1998) dans le cadre des chemins de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle en France.
Les origines du sanctuaire sont anciennes : selon la tradition et des traditions locales, une première église a été édifiée sur un sanctuaire païen par l'évêque Scutaire avant 493 ; le siège épiscopal fut transféré de Saint‑Paulien au Puy au cours du VIIe siècle et le pèlerinage marial se développe dès le haut Moyen Âge. Une légende locale, liée à la « pierre des fièvres » ou « pierre des apparitions », raconte des guérisons et des apparitions de la Vierge, qui ont contribué à la réputation du lieu et à l'afflux de pèlerins.
La cathédrale actuelle s'est édifiée en plusieurs campagnes. Le chevet, le carré du transept et les deux travées orientales appartiennent à la phase la plus ancienne, un chevet remanié dont des vestiges remontent à la fin du XIe siècle ; au milieu du XIIe siècle datent la troisième et la quatrième travées, marquées par des perfectionnements structurels et l'apparition de l'arc brisé, puis la seconde travée, postérieure d'environ un quart de siècle, transforme le plan des piliers en forme cruciforme. L'édifice présente une nef de six travées flanquée de bas‑côtés voûtés d'arêtes, un transept dont chaque bras se termine par deux absidioles jumelles et un chevet rectangulaire ; chaque travée de la nef est couverte d'une coupole octogonale barlongue portée sur des trompes en cul‑de‑four, et la tour du transept repose sur de puissantes piles.
La cathédrale a connu des restaurations successives à partir du XIVe siècle ; la Révolution entraîna la destruction d'autels et d'objets du culte, et d'importants travaux de fouille et de reconstruction eurent lieu au XIXe siècle : les chantiers de Mimey (1865–1866) et les interventions de Mallay ont mis au jour des vestiges antérieurs et reconstruit la majeure partie de l'édifice, tandis que le chevet et la tour centrale furent rebâtis d'une façon qualifiée de fantaisiste. La sculpture des chapiteaux, sobre dans l'ensemble, présente des feuilles, entrelacs et figures animales ou humaines, avec des scènes plus travaillées dans les travées occidentales ; on relève aussi quelques restes de peintures murales dans le bras nord du transept et des fresques anciennes dans le croisillon nord.
Adossé au mur nord de la cathédrale, le cloître rectangulaire, profondément remanié, conserve des galeries des XIe‑XIIe siècles ; la galerie méridionale a été démolie au XVIIIe siècle et la partie extérieure largement reconstruite, mais les autres galeries conservent des chapiteaux historiés et une corniche richement sculptée. Le cloître s'ouvre sur son préau par cinq arcades sur les deux côtés les plus courts et par dix sur les longs, et le mur surmontant les archivoltes est orné d'une mosaïque de losanges blancs, noirs et rouges. Le bâtiment des mâchicoulis, qui dominait autrefois le flanc ouest de l'enceinte et faisait fonction de structure défensive, abrite aujourd'hui la chapelle des reliques au rez‑de‑chaussée et un espace muséal au premier étage ; la salle capitulaire conserve une fresque de la Crucifixion de tradition byzantine.
La Vierge noire, objet de dévotion et de pèlerinage depuis des siècles, trône sur le maître‑autel : l'effigie actuelle, d'époque moderne, remplace l'ancienne statue brûlée pendant la Révolution et fut couronnée par l'évêque du Puy au nom du pape en 1856. La cathédrale possède par ailleurs un trésor rassemblant orfèvrerie, tableaux, sculptures sur bois et une importante collection de broderies liturgiques, ainsi qu'un orgue de tradition classique française, instrument à double façade dont le buffet est classé monument historique.
Depuis le Moyen Âge la cathédrale est liée au jubilé et au Grand Pardon du Puy, privilège pontifical ancien qui a fait de Notre‑Dame du Puy une étape majeure du pèlerinage vers Compostelle et une destination mariale de premier plan. Monument très fréquenté et renommé, elle a été élue deuxième monument préféré des Français en 2015 et reste un lieu de dévotion, de mémoire et de visite touristique, avec à proximité le baptistère Saint‑Jean, l'hôtel‑Dieu et la statue de Notre‑Dame de France.