Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Apollinaire
La cathédrale Saint-Apollinaire de Valence, située sur la place des Ormeaux dans le Vieux Valence, est le plus ancien monument de la ville et est classée monument historique depuis 1862. Sa construction fut impulsée par l'évêque Gontard (1063–1099) et elle a été consacrée le 5 août 1095 sous les noms de saints Cyprien, Corneille et Apollinaire par le pape Urbain II; la pierre de dédicace est encore visible dans le mur sud. L'édifice présente une architecture essentiellement romane rapprochant sa silhouette et ses décors en pierres polychromes de monuments d'Auvergne et du Velay. La cathédrale a été incendiée en 1562 et 1567 pendant les guerres de Religion et reconstruite à partir de 1604 en respectant son style roman initial. Le clocher a subi plusieurs coups de foudre et reconstructions: il fut endommagé en 1281, remplacé par une flèche en charpente, puis à nouveau reconstruit au XIXe siècle après des sinistres et des travaux menés notamment entre 1824 et 1826; des problèmes structurels et de nouvelles détériorations ont été signalés dans la décennie suivante. En 1799 le pape Pie VI, exilé et très affaibli, mourut à Valence le 29 août; son corps fut ensuite ramené à Rome mais son cœur et ses entrailles furent réclamés par les habitants et sont toujours conservés dans la cathédrale. Le passage du pape et de ses gardes suisses inspira localement la création d'un biscuit sablé appelé le Suisse, qui reste une spécialité de Valence. Un incendie intérieur survenu le 27 septembre 2021 fut rapidement maîtrisé; il résulterait vraisemblablement d'un accident lors d'un traitement du bois contre les insectes xylophages. Implantée en partie haute de la vieille ville, la cathédrale domine les anciens remparts et s'ouvre sur une petite terrasse devant le clocher-porche; l'entrée principale n'est plus utilisée et on pénètre aujourd'hui par une porte latérale sur la place des Ormeaux ou par une porte nord donnant sur la place du Pendentif. L'ensemble, malgré d'importantes reconstructions aux XVIIe et XIXe siècles, conserve les caractères de la première cathédrale romane, notamment une nef longue et haute de sept travées voûtée en berceau sur arcs-doubleaux reposant sur des demi-colonnes adossées à des piliers carrés. Une tribune ouest supporte l'orgue et s'ouvre sur la nef par une grande arcade en plein cintre; de chaque côté, des collatéraux voûtés en berceaux croisés communiquent avec la nef sans comporter de chapelles, et l'éclairage provient principalement des baies en plein cintre des collatéraux. Le transept abrite plusieurs bustes et autels, parmi lesquels figurent des monuments à des évêques dont Emmanuel-Marie-Joseph-Anthelme Martin de Gibergues; la nef et le transept prolongent directement le chœur en demi-cercle. Le chœur est entouré de colonnes cylindriques portant par des chapiteaux de petits arcs surhaussés; au-dessus, trois baies l'éclairent et une voûte en cul-de-four coiffe l'ensemble. L'abside polygonale s'ouvre sur des absidioles semi-circulaires abritant chacune une chapelle éclairée par une baie en plein cintre. Un déambulatoire entoure le chœur, rappelant le rôle de la cathédrale comme étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle; il contient des bustes et des sépultures, ainsi que des remploi de pierres antiques. Parmi ces remplois figure une borne milliaire de la via Agrippa, exposée dans le déambulatoire au deuxième pilier de droite et datée de 274 ou 275 apr. J.-C. Les orgues de Saint-Apollinaire ont une longue histoire documentée depuis 1392; un instrument fut commandé en 1751 à Samson Scherrer, restauré au XIXe siècle par les Callinet et remplacé par un nouvel orgue installé par les ateliers Cavaillé-Coll sous la direction de Charles Mutin en 1898. L'orgue principal a été restauré en 1985 par Yves Kœnig puis rénové à nouveau et inauguré en mai 2014; Dominique Joubert en est l'organiste titulaire depuis le 7 juin 1992. La cathédrale possède par ailleurs un orgue de chœur de Joseph Merklin, à un clavier et six jeux, installé en 1867 et complété par un bourdon de 16 en 1871, placé dans le transept sud. Des plaques et épigraphes rappellent le rôle de bienfaiteurs et d'évêques successifs, tandis que la porte de la Miséricorde, établie à l'occasion du Jubilé de la Miséricorde voulu par le pape François, a été ouverte localement pour accompagner cet événement.