Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Étienne
La cathédrale Saint-Étienne de Limoges, située dans la Cité près des jardins et du musée de l’Évêché, est le siège du diocèse de Limoges et l’un des monuments les plus remarquables de la ville. Son implantation sur un site d’occupation ancienne renvoie à des origines paléochrétiennes : un baptistère hexagonal daté du premier tiers du Ve siècle a été exploré en 2005, et le siège épiscopal est déjà attesté en 475. Des vestiges de constructions antérieures apparaissent dans les soubassements : fouilles réalisées au XIXe siècle ont mis au jour les fondations de l’église carolingienne et de la nef romane, et l’on conserve de la cathédrale romane les trois premiers niveaux du clocher-porche ainsi que la crypte. La cathédrale romane, édifiée autour de 1013 à l’initiative d’Hilduin (ou Alduin) et consacrée par le pape Urbain II, a subi des incendies en 1074 et 1105, qui ont entraîné des transformations de la nef.
La reconstruction gothique, décidée par l’évêque Aimeric de la Serre et réalisée dans l’esprit de l’opus francigenum, commence en 1273 par le chevet rayonnant et se poursuit par campagnes jusqu’à une première interruption en 1327. Le chevet et le transept gothiques, élevés entre la fin du XIIIe et le XIVe siècle, s’appuient sur l’ancienne disposition tout en donnant à l’ensemble le caractère homogène du gothique rayonnant. Des chantiers successifs, marqués par des arrêts et des reprises, ont abouti à des adjonctions et renforcements, notamment du clocher roman, puis à l’édification de deux travées orientales de la nef après la guerre de Cent Ans. Au début du XVIe siècle, le portail Saint-Jean et le jubé renvoient au gothique flamboyant et à la Renaissance, tandis que d’autres campagnes ont laissé des parties inachevées et des ruines jusqu’au XIXe siècle.
Le XIXe siècle voit un important mouvement de restauration et d’achèvement : sous la direction de l’architecte Pierre Prosper Chabrol sont menés de 1847 à 1852 des travaux de consolidation et de restauration des pignons, arcs-boutants, terrasses et voûtes, puis la reprise des travaux d’achèvement se poursuit à partir de 1876. L’édifice est classé au titre des monuments historiques en 1862 ; la cathédrale est finalement inaugurée dans son état actuel en 1888, après la réalisation des travées de la nef occidentale et la création d’un narthex qui assure la jonction avec le clocher-porche, selon les projets des architectes Bailly, Boulanger et Geay. L’ensemble présente une cohérence stylistique remarquable, fruit du respect du plan médiéval et du choix des matériaux lors des interventions du XIXe siècle.
Les vitraux de la cathédrale associent des éléments anciens, principalement du XIVe siècle, à des restaurations et reconstitutions du XIXe siècle réalisées notamment par Steinheil et Oudinot. En 2005, une explosion volontaire a gravement endommagé de nombreux panneaux, et leur restauration est demeurée une opération longue et progressive. D’autres chantiers récents ou en cours concernent la rénovation des façades, des terrasses et des balustrades, la réhabilitation des vitraux, la remise en état de l’orgue et la mise aux normes électriques dans le cadre d’un plan national de restauration des cathédrales.
La cathédrale conserve un riche mobilier, des peintures et des tombeaux monumentaux, ainsi qu’une crypte romane ornée de peintures murales. Elle reste un lieu de culte et de pèlerinage, étape de la Via Lemovicensis, et le siège d’un diocèse couvrant la Haute-Vienne et la Creuse. En septembre 2024, Mgr Pierre-Antoine Bozo a confié la cathédrale à la Communauté Saint-Martin, inscrivant la gestion pastorale la plus récente dans l’histoire continue de l’édifice.