Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Étienne
La cathédrale Saint-Étienne de Metz, siège du diocèse de Metz en Moselle (région Grand Est), est classée monument historique depuis le 16 février 1930 et candidate à un classement UNESCO ; elle figure parmi les dix cathédrales les plus fréquentées de France. Sa construction s'étend sur trois siècles à partir du XIIIe siècle, ce qui n'empêche pas une grande homogénéité stylistique, les critères gothiques ayant été respectés lors des différentes campagnes. L'édifice, bâti en pierre de Jaumont, possède la plus grande surface de vitraux de France (environ 6 500 m²) et accueille certaines des plus grandes verrières gothiques d'Europe ; la hauteur de ses voûtes (41,41 m) n'est dépassée en France que par celles de Beauvais et d'Amiens. Surnommée par Joseph Bard la « lanterne de Dieu », la cathédrale a été reconnue pour la qualité et l'importance de son ensemble vitré.
Propriétaire de la cathédrale, l'État confie sa conservation à la DRAC Lorraine : l'architecte des bâtiments de France en est le conservateur et responsable de la sécurité, le service territorial assure la maîtrise d'œuvre des travaux d'entretien, la conservation régionale des monuments historiques pilote et finance la maîtrise d'ouvrage et l'architecte en chef des monuments historiques conduit les opérations de restauration ; le clergé en est l'affectataire et assure l'ouverture et les offices, tandis que l'association de l'Œuvre de la Cathédrale gère les visites, la crypte, le trésor et une petite boutique.
Le site est occupé dès l'Antiquité par un oratoire dédié à saint Étienne qui, devenu siège épiscopal, subsiste et se transforme au fil des siècles ; une basilique ottonienne reconstruite aux Xe–XIe siècles fut consacrée le 27 juin 1040. Entre le XIIIe et le XVIe siècle, la cathédrale actuelle se substitue progressivement à l'édifice primitif et à la collégiale Notre‑Dame‑la‑Ronde, la reconstruction gothique s'engageant vers 1235–1240 et s'achevant autour de 1525.
Les premières campagnes médiévales portent les parties basses de la nef, les supports d'arcades et le fenestrage rayonnant, le voûtement de la nef étant achevé entre 1360 et 1380 ; la grande rose occidentale est confiée en 1381 au maître-verrier Hermann de Münster. Une seconde campagne, du XVe au début du XVIe siècle, reconstruit les bras du transept et le chœur, enrichit la verrière du transept par Théobald de Lixheim et Valentin Bousch, et conduit à la consécration de l'édifice le 11 avril 1552.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles la cathédrale connaît des usages ecclésiastiques marquants — Jacques‑Bénigne Bossuet y commence sa carrière — et, au XVIIIe siècle, l'architecte Jacques‑François Blondel réalise un portail néoclassique et des arcades en relation avec un projet de place royale qui modifient les abords. Le goût romantique du XIXe siècle et les restaurations idéalisées conduites sous l'annexion allemande trouvent leur aboutissement dans la vaste campagne conduite par l'architecte Paul Tornow à partir de 1874 : un incendie de la toiture en 1877 entraîne la reconstruction du comble en fermes métalliques et en couverture de cuivre, la surélévation modifiant la volumétrie, et un portail néogothique est inauguré en 1903.
Au XXe siècle la sauvegarde des vitraux fut préventivement organisée avant 1939, les verrières anciennes étant mises en caisse et évacuées ; elles furent récupérées après la guerre. Après 1945, l'État renforce la politique de restauration, les premiers travaux d'urgence (toitures, façades, arcs-boutants) s'étendent de 1946 à 1973, puis un phasage systématique des campagnes de restauration, engagé à partir de 1974, s'achève progressivement sur les façades et les tours ; la tour de la Mutte a été restaurée entre 2009 et 2015 et sa grande cloche a pu retentir à nouveau en 2015.
Les restaurations d'après‑guerre ont aussi ouvert la cathédrale à la création contemporaine : des verrières modernes signées Jacques Villon, Roger Bissière et Marc Chagall sont installées entre les années 1950 et 1970, et l'artiste Kimsooja a réalisé de 2020 à 2022 seize baies du transept sud en s'inspirant d'une palette traditionnelle et en utilisant des verres soufflés et des verres dichroïques.
Architecturalement, l'édifice présente une unité gothique marquée par l'évolution du style : la nef (XIIIe–XIVe siècles) relève du gothique rayonnant, reconnaissable à ses vastes verrières, tandis que le transept et le chœur, élevés plus tard, relèvent d'un gothique flamboyant favorable aux « murs vitrés ». La cathédrale ne suit pas la façade harmonique habituelle des grandes cathédrales françaises, ce qui a permis la réalisation d'une grande verrière occidentale et explique l'implantation décalée des tours de la Mutte et du Chapitre.
Parmi les caractéristiques mesures et éléments remarquables, l'édifice couvre une surface d'environ 3 500 m², atteint 136 m de longueur extérieure (123,2 m intérieure), la nef centrale a 15,60 m de largeur et 41,41 m de hauteur, la rosace ouest mesure 11,25 m de diamètre, la tour du Chapitre s'élève à 69 m et la tour de la Mutte à 88 m (93 m avec la flèche).
La cathédrale conserve un trésor épiscopal comprenant crosses d'ivoire, pièces d'orfèvrerie et objets médiévaux remarquables ; certains chefs-d'œuvre anciens issus du trésor, comme une statuette équestre dite de Charlemagne et des manuscrits remarquables (sacramentaire de Drogon, Bible et Psautier de Charles le Chauve, divers évangéliaires), sont aujourd'hui déposés dans des collections parisiennes et au musée du Louvre.
Enfin, la cathédrale abrite quatre orgues : l'orgue suspendu du triforium, originellement mis en place en 1537 et entièrement reconstruit en 1981 dans le style d'un orgue flamand avant une restauration inaugurée en 2022, l'orgue de chœur construit par Cavaillé‑Coll en 1862, un orgue du transept installé en 1970 par Haerpfer Erman, et un petit orgue de crypte de 1905 ; Norbert Pétry fut organiste titulaire de 1981 à 2020, et Thierry Ferré lui a succédé en 2020.