Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Étienne
La cathédrale Saint-Étienne de Toulouse a fait l'objet de campagnes de construction du XIe au XXe siècle. Elle occupe le centre historique de Toulouse et jouxte l'ancien palais épiscopal, aujourd'hui préfecture. Ses origines sont difficiles à préciser : l'ouvrage repose sur les fondations d'une chapelle attribuée à saint Saturnin au IIIe siècle et reconstruite par saint Exupère quelque cent cinquante ans plus tard, et il apparaît dans les textes dès 844. Un premier édifice roman, lancé sous l'épiscopat d'Isarn à la fin du XIe siècle, aurait mesuré environ 20 m de largeur sur 85 m de longueur ; des vestiges de ce bâtiment subsistent dans le mur sud du chœur et les murs nord et sud de la nef actuelle. Au début du XIIIe siècle la cathédrale est rebâtie sur ces fondations : la nouvelle église, large de 19 m et haute de 20 m, conserve principalement la nef et constitue l'un des premiers exemples du gothique méridional. Sous l'épiscopat de Bertrand de l'Isle-Jourdain, un projet inspiré de la cathédrale de Narbonne est lancé et le chevet est commencé en 1272, mais les travaux s'arrêtent au niveau du triforium du chœur. Aux XVe et XVIe siècles, des remaniements importants sont entrepris : Pierre du Moulin fait remanier le portail occidental, Bernard de Rousergue raccorde le chœur à la nef et fait bâtir deux chapelles, et en 1518 le maître d'œuvre Jean Clari élève la grande sacristie au nord-est du chœur. Au début du XVIe siècle, le cardinal Jean d'Orléans fait élever un pilier monumental destiné à la construction d'un transept qui ne sera pas réalisé ; une chapelle du chœur et le clocher datent également de son épiscopat. Un incendie en 1609 détruit la toiture provisoire du chœur et une partie du mobilier ; l'architecte Pierre Levesville fait alors élever en urgence les voûtes d'ogives et leurs arcs-boutants. De nombreux projets visant à harmoniser chœur et nef se succèdent jusque dans la première moitié du XXe siècle : le plan de l'architecte en chef des Monuments historiques Saint-Anne de Louzier est adopté en 1911, mais seule la construction d'un portail monumental sur la façade nord sera réalisée. Au sud de la cathédrale se trouvaient un cloître, détruit à la Révolution, et l'église Saint-Jacques, probablement fondée au IXe siècle ; cette église, intégrée au groupe épiscopal, perdit peu à peu ses fonctions liturgiques au profit de Saint-Étienne avant d'être démolie en 1811 pour le prolongement de la rue Sainte-Anne et remplacée par la chapelle Sainte-Anne, dont l'achèvement est postérieur à 1830 selon Jules Chalande. Les bâtiments accolés à la cathédrale et ouverts sur l'impasse de la Préfecture abritent un logement et l'escalier de la bibliothèque du clergé, construite en 1775 à la demande de l'archevêque Loménie de Brienne par l'architecte Jean-Arnaud Raymond, inscription gravée dans la cage d'escalier; un long bâtiment sur la rue Sainte-Anne, élevé après 1830, a été récemment remanié. L'architecture de Saint-Étienne réunit des éléments romans, du gothique méridional et du gothique rayonnant, reflet d'interventions étalées sur plusieurs siècles et de projets souvent inachevés. Ce contraste se manifeste dans la nef « raimondine », vaste vaisseau d'une seule portée caractéristique du Midi, accolée à un chœur de style d'Île-de-France, plus large et plus lumineux, reliés entre eux au XVIe siècle. La cathédrale conserve des vestiges de la construction romane, comme des oculi à appareil alterné de brique et de pierre et des restes de la tour nord noyés à la base du grand clocher, visibles depuis le square du Cardinal Saliège. Les campagnes de restauration des XIXe et XXe siècles ont modifié certains aménagements intérieurs et extérieurs, et des interventions récentes ont visé la maçonnerie et le pignon devant la rosace. Classée au titre des monuments historiques en 1862, Saint-Étienne reste le siège de l'archevêché et une paroisse active au cœur du quartier qui porte son nom.
