Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Aire
La cathédrale Saint‑Jean‑Baptiste d'Aire est un lieu de culte catholique situé à Aire‑sur‑l'Adour, dans les Landes. Elle a été édifiée à partir des XIe‑XIIe siècles et classée au titre des Monuments historiques par arrêté du 9 août 1906. Dédiée à saint Jean‑Baptiste, elle se situe dans la basse ville où résidaient les évêques du diocèse créé au VIe siècle, diocèse qui a fonctionné jusqu'en 1802, a été rattaché à Bayonne de 1802 à 1823 et forme aujourd'hui, avec Dax, le diocèse d'Aire et Dax. L'ancien palais épiscopal est devenu l'hôtel de ville d'Aire‑sur‑l'Adour. Les archives épiscopales ayant été détruites pendant les guerres de Religion, l'histoire de la cathédrale demeure lacunaire. La construction, vraisemblablement commencée à la fin du XIIe siècle, a connu de nombreux remaniements jusqu'au XIXe siècle. Elle est mentionnée pour la première fois dans une bulle de Clément V en 1309, qui signale des dommages subis lors des luttes entre la France et l'Angleterre. À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle des travaux furent entrepris après l'effondrement des voûtes, et le chœur reçut une boiserie sous l'épiscopat de Jean‑Louis de Fromentières (1673‑1684). Au XVIIIe siècle l'abside fut démolie et remplacée par le chevet en rotonde actuel ; c'est probablement à la même époque que les bas‑côtés furent construits et reliés à la nef par des arcades. Entre 1860 et 1867, les chapelles absidiales furent transformées et un second collatéral fut ajouté au nord de la nef, aujourd'hui fermé au public, tandis qu'un projet de façade à deux tours n'a pas été réalisé ; les peintures intérieures datent de cette période. Le plan de l'édifice, avec une nef unique et un sanctuaire assez développé, s'inscrit dans la tradition des églises romanes de Gascogne et présente des affinités avec les monuments cisterciens d'Aquitaine et d'Espagne. Le chevet, avec sa grande rotonde, a été reconstruit au XVIIIe siècle en réutilisant des matériaux plus anciens. La façade, sévère et datée du XIIIe siècle, a été surélevée d'une tour coiffée d'un toit d'ardoise et offre un portail à simple voussure en arc brisé, d'un aspect dépouillé qui peut refléter des contraintes financières. La sacristie est une salle capitulaire du XIVe siècle aux voûtes gothiques retombant sur un pilier central, de facture toulousaine rappelant les « palmiers » des Jacobins, et la nef fut voûtée d'ogives au XIVe siècle. Les chapiteaux romans proches du transept portent des figures de monstres et peut‑être une scène de Daniel dans la fosse aux lions, et des restes d'anciennes arcatures aveugles romanes subsistent sur le mur nord du chœur. Le chœur conserve des boiseries du XVIIIe siècle, une balustrade en marbre datant de 1864 et un maître‑autel en marbre polychrome réalisé par les frères Mazzetti vers 1770 ; à l'arrière se trouvent des stalles et boiseries de la fin du XVIIe siècle installées dans une absidiole reconstruite au XVIIIe siècle. Quatre chapelles absidiales ouvrent sur le transept et sont consacrées, de gauche à droite, à saint Joseph, à la Sainte Vierge (transept nord), au Très‑Saint‑Sacrement et aux Saintes Reliques. Les vitraux, posés dans les années 1860 par l'atelier Didron de Paris, et les peintures de la nef, du transept et des collatéraux datent de la même période. Les décorations murales firent l'objet de plusieurs campagnes : les chapelles furent peintes entre 1828 et 1832 par Arthaud, puis redecorées en 1858‑1859 par ordre de Sibien, et la réalisation des peintures du chœur, de la nef et des bas‑côtés fut confiée au décorateur Labedan, qui utilisa un soubassement de drapés, un bandeau d'écriture sur fond bleu, un faux appareil orné et des décors géométriques ou floraux ; la coupole du chœur représente le Couronnement de la Vierge dans un style d'inspiration romane. L'orgue a été construit en 1757‑1759 par des compagnons de Dom Bédos de Celles. Dans le prolongement de l'abside vers le parc, une orangerie de pierre du XVIIe siècle accueille des expositions temporaires. Les parties les plus anciennes sont en moyen appareil calcaire avec marques de tâcherons dans les secteurs orientaux ; les restaurations ont utilisé alternances de pierre de taille et de briques, puis la brique seule après le XVIe siècle, et au XVIIIe siècle on employa un moyen appareil régulier ou des moellons. L'édifice mesure 48 mètres de long, la nef a 8 mètres de largeur et la hauteur sous voûte est de 15 mètres. La cathédrale constitue une étape sur la Via Podiensis, l'un des chemins du pèlerinage de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle reliant Le Puy‑en‑Velay à Saint‑Jacques‑de‑Compostelle en passant par le col de Roncevaux.