Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Jean-Baptiste
L'ancienne cathédrale dite église Saint-Jean, située à Bazas en Gironde, est une église catholique romaine qui fut le siège du diocèse de Bazas jusqu'à la Révolution. Selon les sources, un édifice est élevé vers 1070 sur l'emplacement d'une église plus ancienne, auquel succède une reconstruction romane menée par Raymond II et consacrée par le pape Urbain II en 1095 ; la souche du clocher romain subsiste encore. Agrandie ou rebâtie au début du XIIIe siècle sous l'impulsion d'Arnaud II de Pins, la construction gothique, inspirée des grandes cathédrales du Nord, se caractérise par un long vaisseau sans transept et se poursuit jusqu'à la fin du XVe siècle ; la façade occidentale sera cependant achevée en 1537 et des travaux se prolongeront aux XVIe et XVIIe siècles. La tradition, rapportée par Grégoire de Tours, attribue l'origine du vocable à une relique du sang de saint Jean-Baptiste rapportée à Bazas, et l'édifice conserve depuis longtemps cette dévotion. En 1530 y fut célébré le mariage de François Ier avec Éléonore, sœur de Charles-Quint.
La cathédrale subit d'importants dommages pendant les guerres de Religion : les calvinistes saccagent la ville en 1561, puis reviennent en 1577-1578, détruisant l'édifice à l'exception de la façade, que les habitants préservent moyennant 10 000 écus. La restauration s'étend de 1590 à 1635 sous l'épiscopat d'Arnaud de Pontac et grâce à des legs et dons publics ; une inscription latine commémore l'achèvement des travaux en 1635. Un ouragan le 1er janvier 1723 abat une partie de la façade et les deux premières voûtes ; le couronnement en fronton et ailerons est rétabli en 1725.
La façade occidentale se développe sur trois niveaux : le niveau inférieur conserve les trois portails sculptés du milieu du XIIIe siècle, le niveau médian porte une rose flamboyante du XVIe siècle probablement exécutée sous la direction de Mathelin Gallopin, et le niveau supérieur a été reconstruit après l'ouragan de 1723. Le portail central, dédié à l'histoire de saint Jean-Baptiste, présente un tympan avec le Jugement dernier en trois registres (résurrection, séparation des élus et des réprouvés, Christ en majesté entre la Vierge, saint Jean et des anges) et des voussures ornées de quatre-vingt statuettes. Le portail sud met en scène le Couronnement de la Vierge : son linteau représente la Dormition, et les voussures déroulent des épisodes de la vie de la Vierge, l'Arbre de Jessé, les travaux des mois et le zodiaque. Le portail nord est consacré à saint Pierre, avec une scène centrale de la pêche miraculeuse et, sur le linteau, la remise des clefs, la crucifixion de Pierre et la décollation de saint Paul ; ses voussures présentent des prélats, la parabole des dix vierges et des épisodes de la Création et de la Chute.
Classée au titre des monuments historiques en 1840, la cathédrale a été inscrite en 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France. L'édifice est depuis le Concordat de 1801 dépourvu de diocèse propre, le territoire ayant été partagé entre Bordeaux, Agen et Aire, mais en 1937 le titre de diocèse de Bazas fut rétabli symboliquement au profit de l'archevêque de Bordeaux, qui porte depuis lors le titre d'évêque de Bazas et fait de l'église une cocathédrale.
Des orgues existent à la cathédrale depuis au moins le XVIe siècle ; les instruments antérieurs furent détruits pendant les guerres de Religion et la Révolution. Un orgue fut reconstruit en 1837, remplacé en 1878 par un instrument de Georges Wenner, dont une partie des jeux et tuyaux a été conservée lors du remplacement de la partie instrumentale en 1979–1983 par Robert Chauvin ; un relevage a été effectué par Bernard Raupp en 2001. L'orgue actuel compte 26 jeux répartis sur deux claviers et pédalier, avec tractions mécaniques et un buffet peint vert et or.
