Origine et histoire
La cathédrale Saint-Louis de Fort-de-France, placée sous le patronage de saint Louis, est le siège de l'archidiocèse de Saint-Pierre et Fort-de-France et se situe à Fort-de-France, en Martinique. La présence d'un lieu de culte à Fort-Royal est mentionnée dès 1671, d'abord sous la forme d'un simple abri de paille. Après l'incendie causé par les Hollandais en 1674, le gouverneur Charles de Courbon-Blénac fit édifier une construction en dur entre 1678 et 1685, décrite par le Père Labat comme mesurant 130 pieds de long sur 30 de large et comportant deux chapelles. Ce bâtiment fut réparé en 1703, agrandi et doté de murs épais couverts de tuiles, puis légèrement endommagé par un raz-de-marée en 1766. En 1829 une tribune et de nouveaux bancs furent installés; des maisons proches du porche furent démolies en 1836 pour réduire les risques d'incendie, mais c'est le tremblement de terre de 1839 qui détériorera fortement l'édifice et entraînera sa fermeture au culte, les offices étant alors tenus dans la grande salle de l'hospice civil. Sur les bases de l'ancien édifice, un nouvel édifice conçu par l'architecte César Jolly vit sa première pierre posée en 1845 et fut inauguré comme cathédrale en 1854, devenant la plus vaste et la plus richement dotée de la colonie. Son toit en zinc fut remplacé par des tuiles en 1861; l'incendie du 22 juin 1890 détruisit la cathédrale et un toit provisoire permit un retour temporaire au culte avant que le cyclone de 1891 n'emporte à nouveau la couverture, obligeant les fidèles à se réunir dans un hangar sur la place de la Savane. L'édifice actuel a été élevé par l'architecte parisien Pierre-Henri Picq à partir de 1891 sur l'emplacement de la précédente cathédrale détruite par le cyclone. De style néogothique à l'extérieur et romano-byzantin à l'intérieur, il combine éléments gothiques et arcs en plein cintre avec une coupole octogonale; il mesure 66 mètres de long sur 24 mètres de large et repose sur une ossature entièrement métallique conçue pour résister aux séismes. Les pièces métalliques (poutrelles, chapiteaux, arcs) furent fabriquées par la société Moisant-Laurent-Savey en métropole, expédiées en Martinique et montées sur les fondations de l'ancienne cathédrale. La nouvelle cathédrale fut inaugurée le 2 juillet 1895 par Mgr Carméné. Le tremblement de terre de 1953 fragilisa la flèche, qui dut être démontée en 1971 avec une partie du clocher pour prévenir tout risque de chute. Propriétaire du bâtiment, la municipalité lança en 1976 une restauration confiée à l'ingénieur François Lubin; le clocher de 58,8 mètres fut alors renforcé et rehaussé pour recevoir une nouvelle flèche de 25 mètres recouverte de trois mille écailles d'aluminium de couleur bronze, et la cathédrale rénovée rouvrit ses portes le 15 décembre 1979 lors d'une messe célébrée par Mgr Maurice Marie‑Sainte. Classée au titre des monuments historiques le 9 octobre 1990, la cathédrale fait l'objet de travaux de restauration depuis cette date. Le bas-côté droit a été restauré à partir de 2002, le bas-côté gauche à partir de 2006, puis la restauration de la nef et du transept a débuté en octobre 2009. Après un arrêt des travaux, une nouvelle tranche de restauration a repris en 2015 pour le massif occidental, comprenant la dépose puis la repose de la flèche sous la direction d'Étienne Poncelet; la flèche a été déposée en octobre 2015 et la nouvelle posée en mars 2016. L'intérieur comprend une grande nef et deux berceaux collatéraux; la nef compte quatre travées soutenues par des piliers à colonnettes métalliques qui portent des arceaux métalliques, tandis que les bas-côtés, assez larges, sont surmontés de vastes tribunes aux garde-corps en fer forgé. La croisée du transept est couverte par une coupole octogonale aplatie laissant entrer la lumière à sa base. Le décor floral qui orne de nombreux espaces intérieurs est protégé par le classement aux monuments historiques du 9 octobre 1990. Parmi le mobilier ancien se trouvent une chaire à prêcher en bois sculptée de la fin du XIXe siècle, classée à l'inventaire des monuments historiques en 1995, des grilles en fer forgé aux armes de Saint-Louis entourant le chœur, des bancs en bois et une partie de l'autel de marbre. Dix-neuf vitraux, œuvre du peintre-verrier Néret et datant de la fin du XIXe siècle, représentent personnages et épisodes religieux; cinq d'entre eux, dans l'abside, sont consacrés à la vie de saint Louis, tandis que sept autres portent symboles religieux ou armoiries et devises d'évêques tels que Mgr Le Herpeur, Porchez, Fava et Carméné, et sont bordés d'éléments de flore tropicale ou d'attributs religieux.