Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Louis
La cathédrale Saint‑Louis de Versailles, située à Versailles dans les Yvelines, est une église de style rocaille conçue par Jacques Hardouin‑Mansart de Sagonne. Louis XV la fit bénir le 25 août 1754, jour de la saint Louis ; le texte indique qu'elle devint cathédrale en 1789, puis précise qu'elle fut choisie comme cathédrale à la création de l'évêché de Versailles en 1802 et consacrée en 1843. Avant le château, l'église du village était dédiée à saint Julien de Brioude ; démolie en 1681, elle fut reconstruite avant d'être remplacée par la paroisse Notre‑Dame, dont la première pierre fut posée en 1684. Au début du XVIIIe siècle, l'extension de la ville conduisit à l'ouverture d'une chapelle provisoire mise en service à partir de 1727‑1728, qui dépendait de Notre‑Dame. Par décret de l'archevêque de Paris du 4 juin 1730, cette chapelle fut érigée en paroisse sous le patronage de saint Louis. Vers 1740, face à l'accroissement de la population, on décida d'édifier une église permanente à côté de la chapelle ; Louis XV choisit en mai 1742 Mansart de Sagonne pour la construire et les travaux commencèrent en juin 1742. Les fondations durent être renforcées en raison d'un sol spongieux par l'établissement d'un radier de pierres de taille sur toute la surface ; la présence de pilotis relève d'une légende. La première pierre fut posée solennellement le 12 juin 1743 par l'archevêque de Paris, Louis XV y plaça des médailles avant le scellement, et l'édifice fut achevé et inauguré le 24 août 1754. L'ancienne chapelle fut démolie ; le presbytère attenant, construit avec elle, servit d'évêché au XIXe siècle jusqu'en 1905. En 1764, l'architecte Louis‑François Trouard ajouta, au-delà du bras gauche du transept, une chapelle dite « du charnier », puis chapelle de la Providence, ornée de reliefs d'Augustin Pajou représentant les vertus cardinales à l'extérieur et les docteurs de l'Église à l'intérieur. Pendant la Révolution, l'église subit des dommages et fut transformée en temple de l'Abondance après la confiscation des objets du culte ; lors du rétablissement du culte en 1795, les prêtres revinrent à Saint‑Louis, qui fut ensuite préférée à Notre‑Dame. Au XIXe siècle, l'édifice fit l'objet de restaurations et d'enrichissements soutenus par des évêques successifs et par les souverains Louis XVIII et Louis‑Philippe, notamment pour la chapelle de la Vierge. La cathédrale a été classée au titre des monuments historiques le 30 octobre 1906.
L'architecture extérieure adopte un plan en croix latine : nef centrale, collatéraux avec chapelles, transept saillant et chœur entouré d'un déambulatoire interrompu par la chapelle axiale de la Vierge ; les bras du transept présentent des pans concaves inspirés de Borromini. Orientée nord‑sud, la façade, élevée sur un perron de huit marches, s'organise sur deux niveaux avec des colonnes doriques au rez‑de‑chaussée et des colonnes corinthiennes à l'étage ; la baie centrale abrite une horloge, surmontée d'un linge inspiré de Robert de Cotte et encadrée de volutes inversées. Les tours latérales, ponctuées de pilastres doriques et de vases en saillie, sont coiffées de bulbes d'aspect baroque ; la croisée est couronnée d'un dôme à pans coupés et la flèche, en balustre, présente une silhouette originale. La rotonde de la chapelle de la Vierge se termine par un dôme orné des attributs mariaux « Tour de David » et « Étoile du matin ».
À l'intérieur, le goût de la pierre nue du XVIIIe siècle se mêle aux décors rocaille de Nicolas Pineau : la nef de cinq travées est rythmée par des pilastres ioniques et une voûte à pénétration dont les doubleaux sont très épais. La tribune d'orgue, portée par un arc inspiré de François Mansart, abrite un grand orgue Clicquot ; l'éclairage repose sur des baies à grisaille et la nef mesure 93 mètres de long pour 23 mètres de hauteur. La croisée du transept est traitée de manière originale par une calotte posée sur de vastes pendentifs dépourvus d'ornementation, et les bras du transept s'achèvent en demi‑lune autour d'autels encadrés de portes en chêne sculpté. Le chœur comprend trois travées latérales et une abside longue de trois travées, où se trouvent les stalles des Pères de la Mission et un maître‑autel en marbre ; le déambulatoire est interrompu par la chapelle axiale qui donne directement sur le maître‑autel. Les chapelles latérales et celles du déambulatoire sont dédiées à divers saints — dont saint Julien, les Trépassés, sainte Geneviève, saint Pierre, l'Ecce Homo, saint François, saint Vincent de Paul, le Sacré‑Cœur, saint Joseph, les Fonts baptismaux, la Présentation de la Vierge et saint Charles Borromée — et la chapelle Saint‑Charles abrite le monument du duc de Berry par James Pradier. La chapelle de la Providence, rectangulaire, présente un espace central entouré de quatre colonnes, un dôme à caissons éclairé par un oculus et des bas‑reliefs d'Augustin Pajou illustrant les vertus et les docteurs de l'Église, avec une séparation des nefs pour hommes et femmes.
Le mobilier et les œuvres d'art comprennent des peintures des XVIIIe et XIXe siècles réalisées par des artistes choisis par Louis XV, Louis XVIII, Louis‑Philippe et Napoléon III, des statues remarquables de Pradier, Molknecht et Ottin, une chaire contemporaine de la construction et plusieurs confessionnaux néo‑classiques dessinés par Trouard. Le grand orgue, commandé aux Clicquot et achevé en 1761, a connu de nombreuses interventions au XIXe et XXe siècles ; il mesure 12,14 m de haut sur 10,91 m de long, pèse environ 53 tonnes et comporte 3 248 tuyaux répartis en 46 jeux sur trois claviers et pédalier. La tour nord abrite une sonnerie de quatre cloches fondues en 1823 par Cavillier : Marie (bourdon, Do 3, 1 900 kg, diamètre 1,50 m), Anatole (Ré 3, 1 350 kg, Ø 1,34 m), Martine (Mi 3, 980 kg, Ø 1,20 m) et Zoé (Fa 3, 780 kg, Ø 1,13 m).