Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Luperc
L'église Saint-Luperc, ancienne cathédrale d'Eauze dans le Gers, constitue un exemple significatif du gothique méridional. Elusa, ancien nom de la cité, fut siège métropolitain de la Novempopulanie et envoya un évêque au concile d'Arles en 314. Après les invasions et destructions du haut Moyen Âge, le titre métropolitain fut transféré à l'évêque d'Auch et le diocèse d'Eauze disparut au IXe siècle ; en 1865 l'archevêque d'Auch lui a redonné le titre de cathédrale. La construction de l'édifice actuel débute en 1464 à l'initiative du prieur Jean Marre et s'achève vers 1500, même si d'autres sources indiquent des fourchettes voisines. L'église adopte un plan languedocien : une nef unique à sept travées, bordée de chapelles basses, se termine par un chœur à abside à pans coupés de même hauteur et de même largeur que la nef. La nef, relativement étroite (10,70 m) par rapport à sa hauteur (21,65 m), pourrait s'expliquer par la construction sur l'emplacement d'une église antérieure à trois nefs. Treize chapelles sont aménagées entre les contreforts et les clés de voûte présentent des figures sculptées et peintes. De chaque côté du chœur se trouvent des vitraux dont certains fragments sont datés autour de 1520 et pourraient être attribués à Arnaud de Moles ou à Laurens d'Agen, tandis que des verrières modernes ont été remaniées par le maître-verrier Jean-Baptiste Anglade. La grande porte d'entrée comporte une baie à arc surbaissé et plusieurs archivoltes d'arcs brisés concentriques, dont l'une est sculptée en forme de cep de vigne ornée de contrecourbes, crochets et fleurons, le tout encadré par des pinacles finement travaillés. Au revers de la porte s'ouvre un petit porche en tambour, vraisemblablement établi au début du XIXe siècle. Le clocher est une tour carrée à sa base, devenue octogonale en partie haute ; le comble à l'impériale couronné d'un clocheton remonte au début du XVIIIe siècle. L'édifice a subi des destructions pendant les guerres de religion, principalement en 1569, et les bâtiments du prieuré bénédictin ont été relevés au XVIIIe siècle, le cloître étant ensuite intégré aux constructions du collège. Une importante campagne de restauration a eu lieu entre 1860 et 1878, avec notamment la réfection de l'enduit intérieur, une modification de la toiture et une reprise substantielle des vitraux par Anglade. En 1972, l'enlèvement de l'enduit intérieur a mis au jour les tonalités chaudes des pierres et des briques ainsi que le réemploi massif de moellons provenant des ruines de la cité antique d'Elusa. Les vestiges et les découvertes épigraphiques attestent une longue occupation romaine : une stèle dédiée à saint Luperc, découverte en 1880, et d'autres inscriptions témoignent d'une présence coloniale dès les Ier–IIe siècles et d'un culte local au Ve siècle. La christianisation a souvent réutilisé sites et matériaux des cultes antiques, qui à Eauze incluaient des cultes orientaux et solaires attestés par le musée archéologique. La vie institutionnelle médiévale comprend la fondation d'un monastère bénédictin sur la colline après l'an 960, initialement dédié à Gervais et Protais, puis consacré à saint Luperc au XIe siècle lors du transfert des reliques ; ce prieuré fut rattaché à l'abbaye de Cluny en 1088 et subsista jusqu'à la Révolution. Au centre de l'abside sont peintes neuf vignettes : huit illustrent des scènes de la vie de Jésus et la neuvième représente le Christ pantocrator, tandis que les verrières latérales figurent des prophètes, des apôtres et des saints. Le mobilier comprend plusieurs tableaux, statues et fonts baptismaux référencés dans la base Palissy. L'église est inscrite à l'inventaire des monuments historiques depuis 1945.