Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Maclou
La cathédrale Saint‑Maclou de Pontoise, située dans le Val‑d'Oise en Île‑de‑France, est l'église catholique qui sert de siège au diocèse de Pontoise ; elle a été élevée à la dignité de cathédrale par le pape Paul VI en 1966 et est classée monument historique depuis 1840. L'édifice, implanté dans la haute ville de Pontoise, présente ses façades sur la place du Petit‑Martroy, la rue de la Coutellerie, la rue Thiers, la rue de l'Hôtel‑de‑Ville et la place du Grand‑Martroy ; il comporte des portails secondaires accessibles par des escaliers flanquants du chevet. Construite à l'origine comme église paroissiale au milieu du XIIe siècle, elle est attestée par la présence d'un curé nommé Robert en 1165 et par l'existence d'une paroisse attestée en 1213, dotée d'une double cure jusqu'en 1736. L'église primitive, d'un plan cruciforme, comprenait une nef de cinq travées, deux bas‑côtés, un transept saillant, un clocher central et un chœur en hémicycle entouré d'un déambulatoire à cinq chapelles rayonnantes ; certains éléments de cette période subsistent, notamment le chœur, le déambulatoire et des portions des croisillons. Le clocher central fut renversé par un ouragan le 30 octobre 1309, provoquant l'effondrement d'une partie de la nef ; la réparation de la nef, financée par les bouchers de la ville, s'acheva en 1325. À partir du milieu du XIVe siècle et surtout au XVIe siècle, l'église fut agrandie et remaniée : adjonction de travées occidentales, élévation d'une nouvelle façade, construction d'un clocher occidental et transformation du bas‑côté nord en double collatéral flanqué de chapelles, opérations qui expliquent la coexistence d'éléments romans et de voûtes plus récentes. Des campagnes de chantier importantes se déroulèrent au cours du XVIe siècle — construction d'un portail nord achevé en 1540, édification de la chapelle de la Passion datée de 1545, interventions de maîtres‑maçons attestées en 1541, et reconstructions de voûtes et d'éléments décoratifs dans le style renaissant jusqu'à la fin du siècle. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des modifications d'aménagement et des restaurations partielles se succédèrent, tandis que la Révolution entraîna la destruction de statues, la fonte de cloches et la transformation provisoire de l'église en Temple de la Raison puis en halle aux grains. Le XIXe siècle vit des travaux de sauvegarde et de restauration sous la direction d'architectes comme Henri Blondel et Alphonse Simil : la chapelle de la Passion et celle de la Vierge furent restaurées, la rosace de la façade reconstituée et le chevet dégagé des constructions accolées au début du XXe siècle. Plus récemment, la toiture et certaines voûtes ont fait l'objet d'une restauration entre octobre 2018 et début 2021, financée par la ville de Pontoise, et des restaurations intérieures sont encore prévues.
L'édifice, désormais profondément dissymétrique du fait des aménagements et des contraintes urbaines, présente depuis 1585 une nef de sept travées bordée au sud par un bas‑côté simple prolongé par des chapelles et au nord par un double bas‑côté partiellement couvert de chapelles ; on y trouve aussi un transept à bras de deux travées, une chapelle‑narthex au nord, un chœur hémicyclique et un déambulatoire muni de quatre chapelles rayonnantes, la cinquième étant occupée par une sacristie sur deux niveaux. Les dimensions connues sont une longueur totale de 52,3 m, une largeur de 32,4 m, une longueur du transept de 26,4 m, une largeur de nef de 7,4 m et une largeur du double bas‑côté nord de 10 m ; la hauteur de la nef et celle des bas‑côtés ne sont pas précisées. La cathédrale comporte quatre portails : le portail principal à la façade occidentale, un portail latéral à sa gauche, un portail méridional donnant sur la dernière chapelle sud et un portail septentrional accessible depuis le narthex.
La nef est voûtée sur croisées d'ogives avec arcs doubleaux et clés de voûte ornées de médaillons figurant écus, étoiles, saint Maclou, lune et soleil ; les formerets conservés sur le mur nord témoignent d'un appareil du milieu du XIIe siècle. Les arcs des collatéraux sont respectivement en plein cintre au nord et en cintre surbaissé au sud, reposant sur des colonnes flanquées de pilastres dont les chapiteaux varient de l'inspiration composite à des décors d'anges ou de têtes humaines ; un bas‑relief du troisième pilier sud représente un lion et un loup emportant les enfants de saint Eustache. Le double bas‑côté nord, considéré comme un chef‑d'œuvre de la Renaissance par certains auteurs, se distingue par des chapiteaux finement sculptés, des clés de voûte en médaillons d'arabesques et des chapelles aux voûtes divisées par des liernes ; la chapelle de la Passion, construite sur l'emplacement de travées antérieures, présente des voûtes d'ogives ramifiées et abrite le groupe sculpté du Saint‑Sépulcre.
La voûte de la croisée du transept, commencée en 1541 par l'architecte Jean Delamarre, s'appuie sur piles anciennes à l'est et sur piles rebâties à l'ouest en 1585 ; son réseau de liernes et de tiercerons, richement décoré, comporte des représentations attribuées aux quatre évangélistes et des compartiments portant des motifs allusifs à la passation du pouvoir entre François Ier et Henri II, tandis que la clé de voûte illustre la Trinité. Dans les croisillons subsistent des chapiteaux et des baies d'origine du XIIe siècle et les arcades de communication avec les collatéraux datent des campagnes Renaissance.
Le chœur en hémicycle conserve une voûte à six nervures et cinq grandes fenêtres en tiers‑point percées à la fin du XVe siècle ; quatre colonnes isolées du milieu du XIIe siècle séparent le sanctuaire du déambulatoire, dont les chapiteaux conservent des motifs romans tels que harpies, dragons, entrelacs et feuilles d'acanthe. Le déambulatoire, proche par son organisation de celui de la basilique de Saint‑Denis, se distingue par l'absence d'arcs séparant les chapelles et par l'emploi d'une nervure centrale qui permet l'ouverture des travées.
La façade occidentale, dissymétrique, assemble des éléments des XVe et XVIe siècles autour d'une grande rosace reconstituée au XIXe siècle et d'un portail flamboyant richement mouluré dont les statuettes furent mutilées à la Révolution ; le clocher occidental, élevé en plusieurs étages et coiffé d'un dôme octogonal de style Renaissance, culmine à 45 m et accueille aujourd'hui trois cloches, dont le bourdon Louise (1735) et la cloche Henry (1554) qui sert à marquer les heures, la cloche Eloy (1543) étant hors d'usage. Les élévations latérales montrent un vocabulaire essentiellement Renaissance sur les chapelles nord et sud, tandis que l'abside et la plupart des fenêtres orientales conservent l'apparence qu'elles avaient à la fin du Moyen Âge, excepté la sacristie aménagée vers 1477.
Le mobilier conserve un ensemble remarquable : le grand orgue, initialement construit par Julien Tribuot entre 1715 et 1720 dans un buffet sculpté en 1716, a été remanié à plusieurs reprises et reconstruit par Aristide Cavaillé‑Coll en 1877 puis par Georges Danion en 1979 ; il comporte quatre claviers et un pédalier et fait partie des instruments les plus importants du Val‑d'Oise, desservi par une saison musicale organisée depuis 1998. La cathédrale abrite également des châsses, une clôture de chœur et des stalles du XVIIe siècle, une chaire de 1653, un maître‑autel du XVIIe siècle, des peintures classées provenant pour certaines d'artistes reconnus comme Jean Jouvenet et des sculptures classées, parmi lesquelles figurent des Vierges et des groupes provenant de la fin du Moyen Âge et de l'époque moderne. Les dalles funéraires et plaques commémoratives, qui vont du XIVe au XVIIIe siècle, ont été pour la plupart relevées le long des murs après la suppression du pavage ancien ; plusieurs d'entre elles sont classées. Les vitraux Renaissance des chapelles nord, au nombre de six dont cinq classés, représentent des sujets tels que le Portement de Croix, la Crucifixion, le Martyre de sainte Barbe, la Légende de saint Fiacre et plusieurs scènes d'Ancien Testament, et certains panneaux subsistent partiellement. Le groupe du Saint‑Sépulcre, installé dans la chapelle de la Passion vers 1550 et classé depuis 1840, présente le Christ en marbre encadré par des personnages en pierre et une niche ornée de colonnes et d'un plafond à caissons. Enfin, la cathédrale a servi de lieu de tournage pour des scènes du film Mademoiselle de Joncquières (2018).