Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Maurice
La cathédrale Saint-Maurice d'Angers, siège du diocèse d'Angers, illustre la transition entre les styles roman et gothique et constitue un témoignage majeur du gothique angevin. Mentionnée pour la première fois en 470 lors d'un incendie attribué aux Francs, elle est primitivement dédiée à saint Maurice, avec des patronymes liés à la Vierge au IXe siècle et à saint Maurille au Xe siècle. Une église reconstruite et dédiée en 1025 par l'évêque Hubert de Vendôme a laissé la partie inférieure des murs de la nef. L'édifice actuel, principalement des XIIe et XIIIe siècles, résulte de plusieurs campagnes de construction : la nef a été édifiée entre 1140 et 1160 sous les évêques Ulger et Normand de Doué, la façade entre 1170 et 1180, précédée vers 1200 d'un porche d'entrée. La croisée, la travée droite du chœur et le bras sud du transept datent du premier tiers du XIIIe siècle sous Guillaume de Beaumont, tandis que le bras nord du transept est achevé à partir de 1236 ; les travées d'absides sont réalisées entre 1239 et 1255 sous Michel de Villoiseau et la sacristie au cours du deuxième quart du XIIIe siècle. La chapelle Saint-Jean est élevée entre 1386 et 1390 ; le cloître est construit entre 1437 et 1458 par le maître-maçon Bonju, l'étage de la bibliothèque sur l'aile orientale étant achevé en 1467, et la chapelle Sainte-Anne est élevée entre 1466 et 1469. Les flèches latérales sont reconstruites entre 1519 et 1525, la flèche nord par Mathurin Georges, et le clocher central réédifié entre 1534 et 1540 par l'architecte Jean Delespine. Un calvaire extérieur est érigé en 1751 et une crypte pour le caveau des chanoines est creusée en 1763 par Joseph Desnoyers. La paroisse Saint-Maurice est signalée en 1040 ; sa chapelle dite du Crucifix est bâtie entre 1190 et 1220, agrandie au XVIe siècle par l'adjonction d'un vaisseau sud par Nicolas Viriot puis partiellement amputée à l'ouest à la fin du XVIIIe siècle. De nombreuses mutilations et restaurations affectent l'édifice aux XVIIIe et XIXe siècles : la chapelle Saint-Jean transformée en logement en 1770, la destruction du porche en 1807, la quasi-destruction du cloître vers 1812 sauf trois arcades et les baies correspondantes de la bibliothèque, la reconstruction des flèches et du clocher central après l'incendie de 1831, une restauration générale surtout des parties hautes entre 1870 et 1914, et des interventions ponctuelles après les bombardements de 1944. La cathédrale est classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1862. Les vitraux, du XIIe au XXe siècle, les tapisseries, le trésor et des peintures murales du XIVe et XVe siècle constituent une riche décoration intérieure. Parmi les œuvres remarquables figurent un décor peint du XIIIe siècle dédié à la vie de saint Maurille, une verrière de la vie de saint Julien dans le transept considérée comme un chef-d’œuvre du XIIIe siècle et des rosaces du transept réalisées par André Robin en 1451; certains vitraux ont par ailleurs été rénovés au XXe siècle par Jacques Le Chevallier. Le maître-autel à baldaquin en bois doré date de 1758, la chaire du milieu du XIXe siècle, de style néogothique, illustre des thèmes bibliques et apocalyptiques, et la cathédrale conserve des stalles, des monuments funéraires et des peintures notables dont un retable attribué au Maître du Retable Beaussant. Le grand orgue a fait l'objet de multiples reconstructions depuis le XVe siècle ; la tribune et le buffet actuels datent du XVIIIe siècle et sont classés depuis 1977 ; l'instrument, restitué et électrifié au milieu du XXe siècle, comprend aujourd'hui trois claviers, un pédalier et soixante-cinq jeux, et a été remis en service en 2025. L'édifice présente des dimensions importantes : longueur totale 90,47 mètres, largeur de la façade 23 mètres, hauteur de la voûte de la nef 24,7 mètres, largeur de la nef 16,4 mètres et tours culminant à 75 mètres. Le clocher abrite neuf cloches, dont la plus lourde, « Maurice » fondue par Besson (6 700 kg), est fissurée et ne sonne plus ; les autres portent des noms et notes variés. La cathédrale reste un ensemble architectural et artistique riche, fruit de plusieurs siècles d'extensions, de destructions et de restaurations.