Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Michel
La cathédrale Saint-Michel de Carcassonne, située dans la bastide Saint-Louis au pied de la Cité, remplace la cathédrale Saint-Nazaire-et-Saint-Celse comme siège épiscopal en 1803. Un premier édifice paroissial, implanté dans ce faubourg, fut détruit au début du XIIIe siècle et reconstruit au cours du siècle suivant lors de l'urbanisation de la Ville Basse. La reconstruction et les agrandissements se poursuivirent au XIIIe siècle, notamment après qu'en août 1283 le roi Philippe le Hardi autorisa le recteur à acquérir neuf maisons pour l'extension de l'église. Après l'incursion du Prince Noir, l'église fut endommagée puis intégrée aux nouvelles fortifications du bourg; des traces de ces aménagements subsistent près de l'abside, où se distingue une tour cylindrique d'aspect militaire. Des fossés larges d'environ dix mètres furent creusés autour de l'édifice avant d'être comblés et remplacés au XIXe siècle par une promenade publique. En 1657 on posa des voûtes d'ogives sur la nef, et lors de la nomination de Saint-Michel comme cathédrale en 1803 des aménagements intérieurs furent entrepris pour l'adapter à sa nouvelle fonction. Un incendie qui ravagea le chœur dans la nuit du 4 au 5 novembre 1849 interrompit ces travaux, puis une vaste campagne de restauration dirigée à partir de 1857 par Eugène Viollet-le-Duc transforma l'édifice et en fait un exemple notable de ses restaurations. Viollet-le-Duc remit notamment en place des ouvertures de la nef sous la forme de roses, restaura culots, verrières, clés de voûte et bases en s'inspirant du style de l'ancienne cathédrale de la Cité, releva la partie supérieure du clocher et de la tourelle d'escalier selon un modèle simplifié, et remania la façade occidentale en édifiant un nouveau portail. Le plan de l'édifice reste simple : une nef unique de huit travées, bordée de chapelles latérales et surmontée de roses ajoutées par Viollet-le-Duc, conduit à un chœur composé d'une abside à sept pans flanquée de deux absidioles. Le chœur et les grandes baies ogivales abritent des vitraux du XIVe siècle qui furent restaurés après l'incendie par le maître-verrier Alfred Gérente. Les voûtes ogivales de la nef, posées entre 1657 et 1752, remplacèrent une charpente apparente, tandis que les voûtes du chœur remontent au XIIIe siècle. La façade, sobre, est animée par une rosace de huit mètres de diamètre; le clocher, massif, présente une base rectangulaire sur trois niveaux avant de passer à un couronnement octogonal et renferme une sonnerie de huit cloches. Six des cloches principales furent fondues en 1969 par la fonderie Bollée d’Orléans et les deux plus petites, nommées André et Pierre, en 1995 par la fonderie Cornille-Havard; la cloche majeure porte le nom de Saint-Michel Archange et les autres noms et caractéristiques sont conservés dans l'inventaire. L'orgue de tribune, construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1860 pour remplacer un instrument de 1687, fut inauguré par Louis James Alfred Lefébure-Wély ; son buffet en chêne, dessiné par Viollet-le-Duc, adopte un style néo-gothique et est orné de treize statues grandeur nature; l'instrument compte 44 jeux sur trois claviers et pédalier, avec transmissions mécaniques, et a fait l'objet de restaurations successives jusqu'à une remise en état complète en 1998. La cathédrale est classée monument historique depuis le 12 juillet 1886 et ses abords depuis le 2 août 1926, et de nombreux objets y sont répertoriés dans la base Palissy. Une campagne de rénovations d'envergure est en cours depuis 2009 dans le cadre du plan de relance de l'État. La cathédrale abrite les sépultures des évêques Arnaud-Ferdinand de La Porte, Joseph-Julien de Gualy de Saint-Rome, Félix-Arsène Billard, Jean-Joseph Pays et Pierre-Marie Puech. La liste des prêtres responsables de la cathédrale est documentée de 1803 à nos jours, le dernier recteur mentionné étant Georges Rieu (2023).