Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Nazaire
La cathédrale Saint-Nazaire-et-Saint-Celse, de style gothique, se dresse à Béziers, dans l'Hérault, sur un large promontoire dominant la plaine de l'Orb et les contreforts des anciens remparts de la cité médiévale ; son emplacement offre une vue qui va jusqu'aux massifs de la Montagne Noire, du Caroux et, à l'horizon, des Pyrénées. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, elle est dédiée aux saints Nazaire et Celse et repose sur un site ecclésial ancien où s'élevaient une église romane, un cimetière et, auparavant, un temple romain consacré à Auguste et Livie. Un texte signale la présence d'un édifice dès le VIIIe siècle ; l'église romane, attribuée à Maître Gervais, fut entièrement détruite par un incendie lors du sac de Béziers le 22 juillet 1209, et la reconstruction gothique commence au milieu du XIIIe siècle, conservant toutefois quelques vestiges romans visibles à l'intérieur. L'édifice, implanté dans la partie ouest de la ville, associe abside, sacristie et tour-clocher ; la façade occidentale présente un portail à double porte aujourd'hui inutilisé, tandis que l'on distingue le mur nord de la nef, la façade sud donnant sur l'autre rive de l'Orb et le Pont Vieux. Une tour carrée de 48 mètres, surmontée d'une tourelle abritant un campanile en fer, domine la cathédrale ; la partie supérieure, du XVe siècle, est ornée de colonnes dont les bases représentent des visages humains. Le clocher renferme le bourdon Marie, fondu par François Granier et d'environ quatre tonnes, qui est, par son importance, le deuxième de la région après celui de la cathédrale de Montpellier ; de nombreuses gargouilles ornent les murs et des grilles de ferronnerie du XIVe siècle protègent les vitraux du chœur. La sacristie, attenante à l'abside, est plus basse et remonte au XVe siècle sous l'épiscopat de Guillaume de Montjoie ; elle possède une balustrade et des grilles en fer forgé attribuées au XIIIe siècle. La façade est se compose de deux tours et d'un ensemble crénelé, avec une tour ronde en retrait servant de tour de guet ; elle est percée d'une grande rosace de dix mètres de diamètre et son portail, aujourd'hui fermé, est surmonté d'un mâchicoulis ; la plupart des sculptures architecturales ont été détruites, à l'exception de deux statues représentant la Synagogue et l'Église. La porte du nord du transept, créée au XVIIe siècle, est surmontée d'un linteau de bois évoquant le martyre des saints Nazaire et Celse. L'intérieur, en forme de croix grecque, mesure environ cinquante mètres de longueur ; la nef fait quatorze mètres de large, le transept trente-trois mètres et la voûte de la nef s'élève jusqu'à trente-deux mètres. On y trouve des colonnes et chapiteaux romans, vestiges de l'ancienne cathédrale, la majorité des colonnes étant de style gothique et les arcs doubleaux datant du XIVe siècle ; les appuis des tribunes près du chœur portent des frises à triglyphes et métopes, imitations d'un style gallo-romain reprises à l'époque romane. Le chœur conserve d'anciens vitraux gothiques mais a été profondément remanié au XVIIIe siècle dans un style baroque avec une colonnade de marbre rouge encadrant les statues des quatre évangélistes, une gloire en staff et un autel en marbre polychrome ; au-dessus des stalles figurent six grands tableaux, trois signés Thierry sur la vie de Moïse et trois de Raoux représentant Constantin et sainte Hélène. Les murs portent des fresques anciennes, datées des XIVe et XVe siècles, restaurées en 1917 après des dégradations survenues pendant les guerres de Religion ; la cathédrale abrite également une crypte du début du XIIIe siècle accessible par un escalier dans le bas-côté gauche et plusieurs stations du chemin de croix. Le cloître jouxte la cathédrale au sud mais demeure inachevé, sans galerie supérieure ; ses sculptures de voûtes datent du XIVe siècle et sa fontaine occupe aujourd'hui la place de la Révolution ; il conserve une collection lapidaire partiellement transférée au Musée du Biterrois, ainsi qu'un buste romain posé au sol, des statues d'art sacré, des éléments d'épigraphie médiévale et moderne, des pierres tombales scellées et deux fragments de sarcophage tardo-antique d'ateliers aquitains. En contrebas du cloître, le jardin de l'Évêché offre un panorama sur la plaine de l'Orb, les ponts — dont le Pont-Vieux —, le pont-canal et les écluses de Fonserannes. Le cloître a servi de lieu d'inhumation, notamment le 11 juillet 1769 pour Barbe Marguerite d'Igny de Risaucourt. Le grand orgue, installé sur une tribune à l'extrémité de la nef, présente un buffet de style Louis XIII réalisé par Guillaume Martois au XVIIe siècle ; sa partie instrumentale provient de diverses campagnes des XVIIe et XVIIIe siècles (Guillaume Poncher, Jean de Joyeuse, Joseph Isnard), complétées au XIXe siècle par une reconstruction en 1868 par Théodore Puget qui a modifié l'harmonisation, et l'instrument a été restauré en 1993. Le clocher contient au total six cloches : une cloche de tintement fondue en 1788 par Claude Brenel, logée dans un campanile en fer sur le toit, et cinq cloches battantes installées dans un beffroi métallique à l'intérieur du clocher ; parmi elles, quatre sont en volée rétrograde et une, dite Bernadette, en lancé-franc. La cathédrale possède aussi une cloche des heures fondue par Claude Brenel en 1788 dans un campanile séparé ; sont encore nommées Marie, bourdon fondu en 1939 par Granier (masse 3 958 kg, note la#2), Alexandrine (Burdin-Aîné 1892, 1 885 kg, do#3), Gabrielle (Burdin-Aîné 1893, 752 kg, fa#3), Isabelle (Burdin-Aîné 1893, 411 kg, la#3), Bernadette (Granier 1939, 193 kg, do#4) et la cloche Marie-Espérance, fondue en 2025 et consacrée lors des célébrations du millésime, le 28 septembre 2025.