Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Paul-Aurélien
La cathédrale Saint-Paul-Aurélien de Saint-Pol-de-Léon s'élève sur le site d'un ancien camp romain, le Castellum leonensis, et doit son nom à Paul Aurélien, moine gallois devenu évêque local. Une première église est détruite lors d'un raid danois en 875; une nouvelle église romane, vraisemblablement non voûtée, est érigée au cours du XIIe siècle sous l'épiscopat d'Hamon, dont subsistent des vestiges dans le bras nord du transept. Cet édifice romain est gravement endommagé vers 1170 lors d'attaques menées par les troupes d'Henri II Plantagenêt. La reconstruction progressive de la cathédrale actuelle s'étend du XIIIe au XVIe siècle, en s'appuyant sur la structure romane conservée du transept et des combles. La façade occidentale, fortement marquée par l'influence normande, est réalisée au début du XIIIe siècle; la flèche sud et le portail ouest sont ajoutés au XIVe siècle, puis la flèche nord et le voûtement de la nef à la fin du XIVe siècle, tandis que le chœur est achevé dans un gothique tardif au XVe siècle. La reprise partielle du transept et l'achèvement du chœur sont conduits sous les évêques Jean Prigent et Guillaume Le Ferron, qui mènent les travaux du XVe siècle. Des aménagements et remaniements interviennent encore à la fin du Moyen Âge et au XVIe siècle, notamment sur l'aile sud; une maison du XVIe siècle, peut‑être ancienne chambre forte ou salle capitulaire, sert aujourd'hui de sacristie. Le cimetière méridional est détruit en 1773. L'édifice témoigne d'une confluence d'influences architecturales — normandes, anglo-normandes (Devon, Cornwall) et françaises — et présente des particularités comme l'emploi, inhabituel en Bretagne, de la pierre calcaire de Caen, acheminée par voie maritime. Église cathédrale du diocèse de Léon, créé dès le VIe siècle, elle perd son statut épiscopal principal au moment du concordat de 1801 et fait désormais partie du diocèse de Quimper et Léon, dont elle reste l'un des sièges. Classée au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, elle est élevée au rang de basilique mineure en 1901. De nombreuses campagnes de restauration affectent l'édifice au XIXe siècle, portant principalement sur les garde-corps de façade, les porches, les pignons et les voûtes, et la continuité de la clôture de chœur est restituée en intérieur. À la fin du XIXe siècle ont également lieu des translations de reliques célébrées solennellement. Au XXe et au début du XXIe siècle, la cathédrale retrouve une place importante dans le pèlerinage du Tro Breiz et dans la vie paroissiale; elle figure dans le parcours relancé en 1994 et reçoit des milliers de pèlerins lors des étapes récentes. Des travaux d'aménagement et de restauration se succèdent : la réalisation d'un parvis dallé en granit et d'un jardin d'eau, l'inscription de la ville au réseau des Villes-cathédrales, puis un vaste plan de restauration du massif occidental engagé en 2016 et achevé en 2021, qui a remplacé des pierres, renforcé les maçonneries par des tirants et restauré des éléments en bois. Aujourd'hui la cathédrale conserve la superposition des phases architecturales médiévales et les traces de ses campagnes de restauration, et elle demeure un édifice majeur du patrimoine religieux breton.