Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre
La cathédrale Saint‑Pierre de Poitiers, située dans le département de la Vienne en région Nouvelle‑Aquitaine, est le siège de l'archevêché de Poitiers et porte le titre de basilique mineure depuis le 1er mars 1912. Moins célèbre que l'église Notre‑Dame‑la‑Grande, cet imposant édifice est le plus vaste lieu de culte de la ville et constitue un repère visible de loin. Bâtie à l'initiative de l'évêque et du chapitre de Saint‑Pierre, la cathédrale actuelle s'élève sur l'emplacement d'une implantation ecclésiale antique reconstruite à partir de 839. Les fondations de l'édifice gothique furent posées peu après le milieu du XIIe siècle et la construction, conduite en sept campagnes successives, aboutit à la consécration de l'église en 1379. Le chantier, marqué par des reprises et des repentirs, a donné un bâtiment de style gothique angevin, caractérisé par des voûtes bombées et une disposition proche de l'église‑halle, avec trois vaisseaux d'élévation presque égale. La façade occidentale, cantonnée de deux tours inachevées et percée d'une grande rosace, emprunte des éléments à l'architecture gothique du Nord de la France ; sa sculpture monumentale illustre notamment le Jugement dernier, la Dormition et des scènes relatives à saint Thomas. Le chevet est un mur plat de 39 mètres de haut, sans arcs‑boutants, particularité rare partagée avec quelques autres cathédrales françaises, et porte encore les impacts de boulets infligés lors du siège de Poitiers en 1569. L'édifice est couvert par une vaste toiture à deux pans d'environ 5 500 m² d'ardoise et s'appuie sur des contreforts massifs remplaçant des arcs‑boutants.
L'intérieur conserve des éléments remarquables : des stalles du XIIIe siècle, un ensemble exceptionnel de vitraux des XIIe et XIIIe siècles et, au chevet, un grand vitrail de la Crucifixion daté du XIIe siècle, remarquable tant par ses dimensions (8,35 × 3,10 m) que par la puissance dramatique et la palette chromatique. Les verrières latérales racontent la vie des saints Pierre et Laurent et présentent des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament ; le registre inférieur du vitrail du chevet inclut les donateurs laïcs Aliénor d'Aquitaine, Henri II Plantagenêt et leurs fils. L'architecture intérieure repose sur trois vaisseaux se contrebutant mutuellement, des baies géminées assurant l'éclairage et une coursière de circulation continue ornée de modillons ; les voûtes angevines, plus hautes dans la nef centrale, favorisent des effets de perspective et de lumière recherchés pour leur portée théologique. Un petit labyrinthe en pierre, en forme d'arbre et placé dans la nef, est interprété comme un symbole christologique lié à l'arbre de vie. Le transept, de dimensions modestes, présente des chapiteaux végétaux, une coursière et une balustrade du XVIIIe siècle ; une restauration récente du bras sud a mis au jour des peintures murales de la fin du XIIIe siècle.
Parmi le mobilier, la cathédrale a accueilli après la Révolution plusieurs retables et éléments d'abbayes ou de couvents supprimés, dont des retables baroques aux bras du transept ; on y voit aussi une Vierge à l'Enfant en terre cuite du XVIIe siècle attribuée à Pierre Biardeau. Les stalles du chœur, mises en place au milieu du XIIIe siècle, comptent parmi les plus anciennes conservées en France et restent ornées de nombreux sujets sculptés. L'orgue, œuvre des Clicquot du XVIIIe siècle, est un instrument majeur : la tribune et le buffet imposants datent du XVIIIe siècle, le grand orgue dispose de quatre claviers manuels et d'un clavier de pédales commandant environ 3 000 tuyaux, et l'instrument a fait l'objet de restaurations successives ; il est classé monument historique en tant qu'objet. La cathédrale abrite une sonnerie de six cloches de volée ; le bourdon, plus lourd, est installé dans la tour sud tandis que les cinq autres cloches, fondues par Bollée père et fils en 1862, se trouvent dans la tour nord.
L'histoire de l'édifice a été marquée par des incendies, des pillages et des reconstructions : un incendie au début du XIe siècle puis une restauration, le sac pendant la guerre de Cent Ans, les dégâts lors des guerres de Religion au XVIe siècle, un incendie qui détruisit l'orgue en 1681, le démontage de la flèche du chœur en 1737 et des travaux entrepris jusqu'à la Révolution, période pendant laquelle la cathédrale servit de Temple de la Raison. Le siège épiscopal fut rétabli en 1801 et, depuis 2002, l'édifice est celui de l'archevêque de Poitiers. Parmi les dimensions saillantes de l'édifice, la nef hors œuvre mesure 96,40 m de long, la largeur intérieure varie d'environ 30 à 34 m selon l'axe, la hauteur de la voûte centrale atteint 27,90 m sur la moitié occidentale et les collatéraux culminent à environ 23,50 m ; la rosace de la façade a un diamètre de 9 m et la hauteur des tours dépasse 30 m. Le trésor, présenté dans la tour sud, rassemble une soixantaine d'œuvres allant du XIIe au XXe siècle.
