Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre
La cathédrale Saint‑Pierre de Rennes est une cathédrale catholique romaine située au cœur de Rennes (Ille‑et‑Vilaine). Siège de l'archidiocèse de Rennes, Dol et Saint‑Malo, elle se distingue par son style classique et figure parmi les neuf cathédrales historiques de Bretagne ; elle est classée monument historique depuis le 30 octobre 1906. Le site est occupé par un siège épiscopal depuis le VIe siècle et a succédé à un sanctuaire plus ancien. La cathédrale actuelle résulte de quatre campagnes de construction : des portails latéraux datent de 1540, leurs colonnes furent mises en place lors de la seconde campagne, et la façade fut achevée durant la troisième campagne sous la direction des architectes Tugdual Caris, Pierre Corbineau et François Huguet. Le reste de l'édifice fut démoli en 1768 et reconstruit à partir de la fin du XVIIIe siècle ; l'achèvement intervint au XIXe siècle et le décor intérieur a été refait à partir de 1867. Une première cathédrale fut remplacée au XIIe siècle par une église gothique. C'est dans ce lieu que, le 25 décembre 1483, Henri Tudor fit la promesse d'épouser Élisabeth d'York, alliance qui aboutit à son mariage et à la dynastie des Tudor. En 1490 la tour et la façade occidentale s'effondrèrent ; leur reconstruction du massif occidental s'étira sur plusieurs siècles et a abouti à la façade granitique en grande partie de style classique. La cathédrale échappa à l'incendie de 1720, mais la nef et le chœur se dégradèrent au point que, au XVIIIe siècle, divers projets proposèrent leur reconstruction. Après expertises et démolitions, les travaux furent relancés avant et après la Révolution, avec des interventions d'architectes tels que Potain, Mathurin Crucy, Philippe Binet et Louis‑Guy Richelot. La reconstruction aboutit dans les années 1840 et la cathédrale néoclassique, dotée d'une façade classique, fut inaugurée au milieu du XIXe siècle.
La façade ouest, flanquée de deux tours classiques en granite hautes de 48 mètres, a été édifiée en plusieurs étapes entre le XVIe et le XVIIe siècle ; les quatre niveaux des tours correspondent à des campagnes successives qui s'étalèrent du XVIe au début du XVIIIe siècle, François Huguet complétant leur couronnement et ajoutant sur le fronton la devise de Louis XIV, Nec pluribus impar. Le fronton porte les armes de Louis XIV et la façade comporte cinq blasons de tuffeau — Beaumanoir, Charles d'Albert d'Ailly, Jean‑Baptiste de Beaumanoir de Lavardin, Henri de La Mothe‑Houdancourt et Charles de La Porte — ainsi que 44 colonnes de granite destinées à souligner la masse et la solidité de l'ensemble. La croisée du transept est surmontée d'une coupole munie d'un oculus.
La nef, austère, s'appuie sur quarante‑quatre colonnes ioniques ; au XIXe siècle les colonnes et certaines parties des murs ont été revêtues de stuc pour accroître la luminosité, tandis que la voûte en plein cintre a reçu un décor doré exécuté par Auguste Louis Jobbé‑Duval, ponctué d'écussons aux armes de la Bretagne et des diocèses suffragants. Le chœur conserve un dallage de granite qui contraste avec le maître‑autel en marbres offerts par le pape Pie IX provenant du forum romain. Le cul‑de‑four de l'abside est orné d'une peinture d'Alphonse Le Hénaff représentant la remise des clés à saint Pierre, et le déambulatoire présente des représentations des saints de Bretagne également attribuées à Le Hénaff. Chaque croisillon du transept abrite une chapelle richement décorée : la chapelle méridionale, consacrée à sainte Anne, contient notamment le tableau de la délivrance de saint Pierre par Henri‑Joseph de Forestier offert par Charles X, tandis que la chapelle septentrionale présente des fresques mariales. Sous la coupole, un projet contemporain a installé quatre grandes statues en terre cuite de Laurent Esquerré représentant les tétramorphes des évangélistes ; ces sculptures, réalisées à Vietri sul Mare, ont été présentées lors de l'inauguration de la nouvelle salle du Trésor en juin 2019.
La crypte, accessible par une dalle gravée des noms des évêques inhumés, n'est ouverte qu'à l'occasion d'inhumations ; on y repose notamment le cardinal Alexis‑Armand Charost, l'archevêque René‑Pierre Mignen, le cardinal Clément Roques, l'archevêque François Saint‑Macary et l'archevêque Jacques Jullien. La cathédrale abrite un retable anversois du XVIe siècle, orné de 80 personnages, restauré en 1984 et classé au titre des objets des monuments historiques depuis 1901 ; des éléments de la prédelle furent volés en 2007, dont une scène retrouvée et restituée ultérieurement. La chapelle Saint‑Malo conserve une Sainte Marguerite de Pierre Mignard, copie d'un Raphaël et classée depuis 1908, et la chapelle Saint‑Michel abrite une statue de sainte Anne copie d'une œuvre du XVe siècle.
Les grandes‑orgues datent de 1874, construites par Aristide Cavaillé‑Coll dans un buffet d'Alphonse Simil, modifiées par Victor Gonzalez et reconstruites en 1970 par la manufacture Haerpfer‑Erman dans un esprit néo‑classique ; l'instrument possède une console à quatre claviers, 67 jeux réels et des dispositifs de combinaisons et d'expression. L'orgue de chœur, réalisé par Merklin‑Schütze en 1867 et installé en 1869, occupe la section centrale du déambulatoire ; il est logé dans un buffet néo‑classique, dispose de deux claviers, de vingt jeux réels, d'une traction mécanique et d'une machine pneumatique pour chacun des claviers. Les tours abritent une sonnerie de cinq cloches : le bourdon Godefroy, fondu par Bollée du Mans et accordé en Fa#2, pèse environ 7 900 kg et se trouve dans la tour nord, tandis que les quatre cloches de la tour sud — Marie, Pierre, Amand et Melaine — donnent La2, Do#3, Mi3 et La3 et pèsent respectivement 3 950 kg, 1 467 kg, 1 155 kg et 475 kg. Pierre est l'unique cloche conservée de la fonte Bollée de 1843 et trois autres cloches furent refondues en 1934 par l'entreprise Paccard ; le bourdon porte le prénom du premier cardinal‑archevêque de Rennes, Brossay‑Saint‑Marc, et les autres noms évoquent le saint patron Pierre, l'archidiocèse et un prédécesseur épiscopal.